Les frères Alioune et Omar Sène animent leur web radio depuis le village de Caucriauville. Et ça marche! Ils disent enregistrer plus d’un million de connexions par mois.
La radio est le média populaire par excellence. Les ondes sont accessibles partout dans le monde. En Afrique comme ailleurs, elle tient une importance extrême pour la diffusion de l’information et le maintien des liens entre les personnes.
C’est d’autant plus vrai pour les diasporas dispersées dans le monde. Peuple de voyageurs, les Sénégalais en sont le parfait exemple. Très accrochés à leur terre, un million d’auditeurs par mois se servent de Dakar Musique, la radio made in Seine-Maritime, comme un pont entre leur pays d’adoption et la terre mère.
Accueillis à bras ouverts
C’est dans un petit appartement à Caucriauville (près du Havre) qu’Alioune et Omar Sène ont fondé leur web radio en 2010 : « Nous sommes originaires de Dakar. À la base, nous avons lancé un site d’informations musicales, culturelles et politiques en 2008. Cela n’existait pas dans notre pays. On a été accueilli à bras ouverts.
Avec le développement d’internet, nous avons lancé Dakar Musique qu’avec des playlists. En 2013, le studio est installé et nous avons commencé les émissions et les débats du week-end », se souvient Alioune, informaticien de profession.
À partir de là, c’est son jeune frère Omar qui devient l’animateur vedette : « 7j/7, 24h/24, Dakar Musique, c’est 65 % de musique. Les Sénégalais aiment cette radio par nostalgie. On passe beaucoup de musique rétro des années 1980 comme Youssou Ndour, Touré Kunda ou encore Salif Keita. Quand tu es loin de chez toi, ça te rappelle le pays. Avec le temps, la diaspora s’est approprié la radio », se réjouit Omar.
Le vendredi, samedi et dimanche soir, dans les émissions Micro Bled, Focus, 100 % Le Havre ou Lawol Fouta, tous les sujets sont abordés. « Il y a de la politique avec pour invités des élus locaux ou nationaux sénégalais et français. Mais aussi des portraits de sportifs, de la promotion d’artistes, des discussions autour des allocations familiales où on invite des mères de famille. Sans oublier des débats sur le mariage mixte, la crise sanitaire, ou des focus sur des associations.
Nous invitons aussi des chefs d’entreprise, des formateurs et des professeurs. Nous recevons énormément d’appels pour nous dire que les débats partent dans les maisons », se félicitent les frères.
« Dernièrement, un compatriote a appelé d’Argentine en pleurant »
Les dédicaces sont un gros succès. L’animateur reçoit alors des appels du monde entier. Avec principalement comme auditeurs des trentenaires et plus. « La diaspora sénégalaise dispersée dans le monde vient chercher un lien. Nous sommes le souvenir de l’enfance, du village. On passe de temps en temps des sonorités enregistrées au Sénégal. Dernièrement, un compatriote a appelé d’Argentine en pleurant. Ils savent que la famille écoute au pays », s’émeut Alioune.
Dakar Musique comptabilise plus d’un million de connexions par mois. 26 % viennent d’Italie, 24 % de France suivies par l’Angleterre et l’Espagne. Le Sénégal n’arrive qu’en 6e position. « L’explication est simple. L’internet illimité n’existe pas là-bas et les minutes coûtent très cher. En revanche, nous avons le plaisir de recevoir des appels du Burundi, du Mexique, des États-Unis, du Liban ou encore du Brésil », soutiennent Alioune et Omar Sène.
Avec de temps en temps des déplacements extérieurs avec le mini-studio, Dakar Musique a pour projet de déménager dans un local plus grand et de pouvoir être diffusée sur la bande FM. Le tout « en continuant à explorer les différentes cultures, car il y a beaucoup de malentendus ».
Frederic Durand avec le Parisien
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