Lettre ouverteOpinionRéflexion

Pour que cesse la cruauté envers les enfants – Par Khaïra Thiam

Son Excellence Monsieur le président de la République,

Permettez-moi son Excellence de sortir de la retraite que j’ai prise depuis quelques temps, pour vous entretenir d’un phénomène criminel qui, faute de mesures drastiques, n’a de cesse de s’amplifier dans notre pays.

Il ne vous a pas échappé, cette semaine, qu’un énième oustaz/conférencier/activiste islamiste/islamique, a été arrêté, ainsi que ses complices. Il s’agit encore une fois de personnes s’enveloppant de religiosité, qui s’adonnent librement à toutes leurs turpitudes, dont des viols sur mineurs.

Son Excellence monsieur le président, je ne suis ni la première et ne serait, sans doute pas la dernière, à vous signaler des faits de cette ampleur. Nous avons eu trop de scandales sur ce sujet impliquant des personnes laissées dans la proximité de nos enfants, voir auxquels on donne quelque autorité pour leur transmettre des savoirs et des enseignements, afin d’en faire les citoyens de demain.

Or trompant le monde avec leurs discours fallacieux, ils font subir à nos enfants des actes de barbaries et de cruauté physiques, psychologiques et sexuels qui sont de nature à éteindre chez nos enfants la moindre parcelle d’humanité. Est-ce le modèle de citoyen que nous voulons pour demain ? NON !

Son Excellence monsieur le président, avez-vous auprès de vous un.e conseiller.e compétent en matière de psychotraumatismes, de psychopathologie ou de criminologie clinique ? Je crois que non. Permettez-moi, alors, de vous informer des faits scientifiques suivants :

1) Le psychotrauma à caractère sexuel retire à un être humain au moins 20 ans d’espérance de vie. Pourquoi ? Pour une raison d’abord physiologique. Le viol, les actes de pédophilies, l’inceste détruisent les reins, le cœur, les poumons, les viscères, la sphère uro-génitale, le cerveau. Pour une raison psychologique d’autre part : le viol, les actes de pédophilies, l’inceste placent le sujet dans un état de sidération des processus mentaux. Il permet que se constitue une mémoire traumatique radioactive ou explosive.

C’est-à-dire qu’il peut exister un enkystement dans le cerveau des réactions physiologiques déclenchées par l’agression. Celles-ci, soit vont diffuser lentement leur poison (surproduction de cortisol par exemple qui est l’hormone du stress) dans le cerveau puis dans le corps ; soit cette mémoire traumatique va faire exploser la tête en se réveillant en remettant le sujet dans la situation d’agression, à l’identique du moment où elle se produisait.

De plus, de récentes études ont démontré qu’il y avait des modifications fonctionnelles du cerveau et hormonales transmissibles de manière transgénérationnelle. Lorsqu’une personne est violée, ce sont toutes les générations suivantes qui vont physiquement et psychiquement en être impactées.

2) Le psychotrauma unique produit les effets sus-décrits or dans le cas des actes de pédophilies et de l’inceste, il y a d’une part la répétition des actes d’agression mais aussi l’ambiance de terreur dans laquelle vit l’enfant qui se sait à la merci de son agresseur. Son Excellence monsieur le président, à votre avis combien d’années de vie supplémentaires leur sont-elles enlevées ? Jusqu’à quel niveau sont encore détruit les organes internes ? À quel point la psyché est-elle marquée par ces actes de barbarie ? Combien de générations doit-on sacrifier à ces barbares ? A-t-on le droit de laisser perdurer ces crimes ?

3) Au surplus son Excellence monsieur le président, on note un arrêt de la croissance staturo-pondérale, un arrêt ou une inhibition des compétences cognitives avec échec scolaire, des régressions (ex : énurésie alors que l’enfant avait antérieurement acquis la propreté), des troubles du comportement à type d’agressions hétéro (violences contre les biens et les personnes) ou auto-agressive (automutilations), des troubles du sommeil, des troubles du comportement alimentaire, des troubles de l’image du corps, des troubles psycho-sexuels (agressions sexuelles des pairs ou d’enfants plus jeunes, sexualité à risques) des troubles psychologiques concernant le sentiment d’existence, l’estime de soi voire l’éclosion de troubles psychiatriques.

A minima : troubles anxieux généralisés et dépression (avec idées suicidaires voire suicide) à maxima psychoses brèves (bouffées délirantes aigues) ou entrées dans les psychoses chroniques (troubles bipolaires, psychoses paranoïaques, schizophrénies). Avec en addition des troubles de la personnalité (limite, perverse ou psychopathiques qui sont les plus dangereuses pour la sécurité des biens et des personnes ou pour la sécurité intérieure d’un pays). Je peux, au besoin, vous fournir un document exhaustif et chiffré.

Son Excellence monsieur le président de la République, comme vous, je suis parent. Comme vous, j’aime ma fille. Comme vous, je donnerai ma vie pour que la sienne soit la plus belle, la plus riche en expériences et en belles rencontres, la plus heureuse, la plus en sécurité possible. Comme vous je l’ai soignée, dorlotée, éduquée, instruite. Comme vous, j’ai voulu en faire un espoir pour demain. Pas le mien seulement, égoïstement, mais celui de nous tous.

Car, comme vous le savez tout autant que moi, une enfant qui nait dans nos contrées est l’enfant de tous. Alors pourquoi nos enfants errent-ils dans nos rues ? Pourquoi des enfants sont-ils laissés à la merci de prédateurs dans notre pays ? Pourquoi privilégier le confort de quelques-uns au détriment de l’avenir de notre Nation ? N’êtes-vous pas leur père aussi à ces petits ?

Sont-ils à ce point orphelins que l’on peut leur faire subir n’importe quelle atrocité ? N’êtes-vous plus leur père au point de préférer protéger des personnes qui s’enorgueillissent de vos largesses dans les médias et que j’ai pourtant signalé sur les réseaux sociaux à la Directrice de la famille. Lesquels avaient tranquillement fait l’apologie de la pédophilie en invitant les hommes à traquer et entretenir des mineurs de 4 ans ?

Son Excellence monsieur le président de la République, en tant que spécialiste, en tant que mère je vous demande de prendre les mesures les plus draconiennes pour protéger nos enfants, quitte à en fâcher certains. Il vous faut protéger notre plus grande richesse : nos enfants, filles et garçons.

Son Excellence monsieur le président de la République, je ne vous demande rien de moins que d’exercer, en toute rigueur, les fonctions régaliennes de l’État (la justice, la sécurité intérieure, la sécurité des citoyens en particulier de nos enfants…). Il en va de l’intérêt supérieur de notre Nation qui prime sur les intérêts individuels.

En vous remerciant de votre haute bienveillance et de votre intérêt, longue vie à notre République démocratique, laïque, sociale et indivisible !

Khaïra Thiam est maman, psychologue clinicienne, spécialisée en pathologies psychiatriques et en criminologie clinique.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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