La Guinée a mis en cause jeudi 19 août le diagnostic établi par la Côte d’Ivoire sur une jeune Guinéenne récemment déclarée positive au virus Ebola à Abidjan, les autorités ivoiriennes affirmant elles n’avoir aucun «doute».
La semaine dernière, une Guinéenne de 18 ans est arrivée par la route à Abidjan depuis la ville de Labé en Guinée, distante de 1500 km. Malade, elle a été hospitalisée dans la capitale économique ivoirienne: des échantillons analysés par l’Institut Pasteur d’Abidjan ont révélé qu’elle était positive au virus Ebola.
Lors de son voyage, elle a notamment traversé la Guinée forestière, où s’était déclenchée l’épidémie de 2021, mais aussi celle qui a frappé l’Afrique de l’Ouest entre la fin 2013 et 2016, faisant des milliers de morts.
Pas d’accès à la patiente
Le ministre guinéen de la Santé, Rémy Lamah, a créé la surprise jeudi en réclamant à la Côte d’Ivoire de procéder à une nouvelle analyse, alors que la collaboration entre les deux pays fonctionnait parfaitement, l’Organisation mondiale (OMS) saluant même «une solidarité remarquable» sur ce dossier.
«L’amélioration des symptômes de la maladie et l’amélioration du tableau clinique en 48 heures suscitent des interrogations, connaissant l’évolution classique de la maladie», a écrit Rémy Lamah, dans un courrier officiel consulté par l’AFP. Il a également souligné, dans cette lettre, que l’équipe médicale guinéenne envoyée à Abidjan n’avait pas pu avoir accès à la patiente.
La ville de Labé, d’où est originaire la jeune Guinéenne, «n’a pas enregistré de cas de maladie à virus Ebola durant les épisodes nationaux de 2014-2016 et de 2021», a-t-il également souligné. «Considérant tout ce qui précède, la Guinée sollicite auprès des autorités ivoiriennes, à travers l’OMS, une reconfirmation de ce cas à travers l’Institut Pasteur de Dakar et si possible un autre laboratoire accrédité», a écrit le ministre. En réponse, le ministère ivoirien de la Santé a dit n’avoir aucun «doute» sur le diagnostic.
«Plusieurs formes» de la maladie
«Les autorités guinéennes doutent du diagnostic clinique, moi je ne doute pas de mon analyse, je suis infectiologue et clinicien, on ne peut pas se tromper dans la présentation clinique», a déclaré à l’AFP Serge Eholié, porte-parole du ministère de la Santé et chef de service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Treichville à Abidjan qui a accueilli la malade.
«Quand on parle de maladie à virus Ebola, il y a plusieurs formes», a-t-il ajouté, soulignant que la malade «a tous les symptômes» détectés lors de l’épidémie qui a frappé la Guinée, le Liberia et la Serra Leone de 2013 à 2016. Selon Serge Eholié, «elle a les symptômes qu’on retrouve dans le virus Ebola, la fièvre, la diarrhée, elle vomit, elle est fatiguée».
Il a par ailleurs déclaré que l’Institut Pasteur d’Abidjan qui a analysé les échantillons, «a été accrédité pour les faits hémorragiques par l’OMS, donc il est à même de faire une analyse des fièvres à virus Ebola». Concernant l’accès à la patiente, Serge Eholié a estimé que l’équipe guinéenne «n’est pas venue en Côte d’Ivoire pour avoir accès à la malade», mais «pour nous livrer des médicaments».
Deux jours après l’annonce du cas d’Ebola à Abidjan, la Côte d’Ivoire a reçu de Guinée 5000 doses de vaccins et une équipe médicale guinéenne a été envoyée à Abidjan. Les vaccinations ont débuté lundi.
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