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Plus de 70 prétendants à la présidentielle du 25 février 2024 ont déposé leur dossier de candidature dont Ousmane Sonko

Plus de 70 prétendants à la présidentielle du 25 février 2024 ont déposé leur dossier de candidature dont Ousmane Sonko

Les dossiers des candidats vont être étudiés par les juges du Conseil constitutionnel qui annonceront le 10 janvier ceux qui ont été retenus pour l’élection prévue le 25 février.

A deux mois du scrutin, c’est une étape clé pour les prétendants à la magistrature suprême. Ils avaient jusqu’au mardi 26 décembre inclus pour déposer leur dossier de candidature à l’élection du 25 février auprès du Conseil constitutionnel, avec pour enjeu majeur de récolter un nombre suffisant de parrainages : les signatures de 44 231 électeurs, de 13 députés ou de 120 maires et présidents de conseil départemental.

Jusque tard dans la soirée, des dossiers ont été déposés. Leur nombre exact n’a pas été communiqué, mais selon les informations du Monde Afrique, plus de 70 personnes ont fait acte de candidature, dont le premier ministre Amadou Ba, dauphin de Macky Sall, le président sortant.

Face à lui, le principal opposant au parti au pouvoir s’est finalement porté candidat dimanche, après des mois de suspense. En détention, Ousmane Sonko s’est fait représenter par Ayib Daffé. Néanmoins, rien ne lui assure que sa candidature sera validée : il n’a soumis ni parrainage, ni attestation pour la caution, pourtant censés être obligatoires. A la place, il a fait constater par un huissier de justice son impossibilité à obtenir ces pièces auprès des autorités administratives censées les délivrer.

Empêtré dans plusieurs affaires judiciaires, Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » dans un dossier qui l’opposait à Adji Sarr, une employée d’un salon de massage qui l’accusait de viol, et à six mois de prison avec sursis pour diffamation et injure publique à l’encontre du ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang. Il est en outre incarcéré pour appel à l’insurrection et atteinte à la sécurité de l’Etat. Mais le 14 décembre, le tribunal de grande instance de Dakar a cassé la décision le radiant des listes électorales.

« C’est du banditisme administratif »
Néanmoins, la Direction générale des élections (DGE), qui dépend du ministère de l’intérieur, a refusé de lui remettre ses fiches de parrainage. Mardi 19 décembre, Ayib Daffé n’a même pas pu entrer dans les bureaux de la DGE. « C’est du banditisme administratif », a lancé le représentant de M. Sonko face au barrage policier installé devant les locaux de l’organe électoral.

Accompagné de Me Ciré Clédor Ly, l’avocat d’Ousmane Sonko, et d’un huissier de justice, il était reparti le lendemain à la Caisse des dépôts et consignation (CDC) pour tenter d’obtenir l’attestation de dépôt de caution de son candidat avant d’être une nouvelle fois bloqué à l’entrée par les forces de l’ordre.

« Le nom [de M. Sonko] ne figure pas sur la liste de ceux qui ont reçu des fiches de parrainage », a justifié le directeur de la CDC, Cheikh Issa Sall, par ailleurs cadre de l’Alliance pour la République (APR), le parti au pouvoir.

Les proches d’Ousmane Sonko se disent confiants que le Conseil constitutionnel prendra acte des obstacles au dépôt de la candidature de leur leader mais rien n’est encore acquis. L’instance a annoncé qu’elle ne prendrait pas en compte « les dossiers incomplets pour absence de l’une des pièces exigées » pour être candidat.

L’ex-Pastef, dissout par l’Etat du Sénégal dans la foulée de l’arrestation d’Ousmane Sonko fin juillet, garde tout de même deux jokers avec le dépôt de la candidature du numéro deux du parti, Bassirou Diomaye Faye, en prison depuis avril 2023 ainsi que celle de Habib Sy.

Une troisième candidature surprise concoctée « à la dernière minute », confie l’un des membres de l’entourage de M. Sonko. L’ancien proche de l’ex-président Abdoulaye Wade, plusieurs fois ministre avant d’être son directeur de cabinet, est un membre fondateur de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi dont il a assuré la présidence jusqu’en octobre.

La liste des prétendants publiée le 20 janvier
Outre l’ex-Pastef, les principales figures de l’opposition sont lancées dans la course à la succession de Macky Sall, telles que l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et Karim Wade, le fils d’Abdoulaye Wade (l’ex-président du Sénégal de 2000 à 2012) qui vit depuis 2016 en exil au Qatar et n’a pas annoncé s’il comptait rentrer à Dakar.

Tous deux n’avaient pu participer à la présidentielle de 2019 du fait de condamnations judiciaires. Une réforme du code électoral, en août, leur a permis de recouvrir leurs droits.

Trois anciens premiers ministres de Macky Sall, Abdoul Mbaye, Aminata Touré et Mohamed Boun Abdallah Dione ont également déposé leur candidature. Idrissa Seck, arrivé à la deuxième place du précédent scrutin présidentiel en 2019, tentera également de remporter la victoire cette fois-ci après trois essais infructueux.

Les dossiers des candidats vont désormais être étudiés par les juges du Conseil constitutionnel qui annonceront le 10 janvier ceux qui ont été retenus. La liste définitive des prétendants à l’élection présidentielle sera publiée le 20 janvier, après une période de recours.

En 2019, l’institution avait rejeté vingt des vingt-sept candidatures en raison d’erreurs ou de doublons détectés dans les dossiers. L’élection présidentielle de 2024 pourrait être l’une des plus ouvertes de l’histoire politique du Sénégal.

Pour la première fois, le scrutin se tiendra sans la participation du président sortant qui, après douze années au pouvoir, s’est engagé le 3 juillet à ne pas briguer de troisième mandat.

Ci-dessous, la liste des potentiels candidats
Cheikh Abdou Mbacké Barra Doly , Ousmane Sonko, Déthié Fall, Pape Djibril Fall, Karim Wade, Cheikh Bamba Dieye, Anta Babacar Ngom, Jean Batiste Diouf, Thierno Alassane Sall, Abdoulaye Sylla, Alpha Thiam, Idrissa Seck, Alioune Sarr (CAP24), Serigne Mboup, Pr Daouda Ndiaye, Ibrahima Hamidou Deme, Abdoul Mbaye, Mouhamadou Madana Kane, Mamadou Lamine Diallo, Aida Mbodj, Mahammed Boun Abdallah Dionne, Ada Coundoul, Momar Ndao, Birima Mangara, Amadou Seck, Aliou Mamadou Dia, Bassirou Diomaye Faye, El Hadji Malick Gakou, Amadou Ba, Dr Abdourahmane Diouf, Mame Boye Diao, Khalifa Ababacar Sall, Babacar Ndiaye, Amsatou Sow Sidibé, Mary Teuw Niane, Haguibou Soumaré, Habib Sy, Hamidou Thiaw, Abdoulaye Tine, Aminata Touré, Rose Wardini, Mamadou Yatassaye, Malick Gueye, Assane Kâ, Mouhamadou Fadilou Koné, Ndiack Lakh, Amadou Ly « Akilé », Samba Ndiaye, Souleymane Ndéné Ndiaye, Mouhamed Ben Diop, Moussa Diop, Mamadou Diop Decroix, Papa Eugène Barbier, Ibrahima Cissokho, Boubacar Camara, Aminata Assome Diatta, Capitaine Mamadou Dièye, Cheikh Tidiane Dièye, Cheikh Tidiane Gadio, Adama Faye, Me Elhadj Diouf, Cheikh Dieng, Babacar Diop, Me Amadou Aly Kane, Al Hassane Niang, Thione Niang, Abdou Khadre Sall, Ibrahima Sall, Bougane Gueye Dany.

Dakarecho avec Le Monde

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