Perou

Pedro Castillo, premier président « paysan » du Pérou

Pedro Castillo, un instituteur rural sorti de l’anonymat il y a quatre ans en prenant la tête d’une grève d’enseignants, est le premier président péruvien sans aucun lien avec les élites politiques, économiques et culturelles du pays.

« C’est la première fois que ce pays va être gouverné par un paysan », a reconnu lui-même M. Castillo lors de son discours d’investiture mercredi.

Ce novice en politique, élu sous les couleurs de la gauche radicale, a été proclamé vainqueur le 19 juillet après un scrutin très serré face à son adversaire de la droite populiste, Keiko Fujimori.

Né dans un village de la région de Cajamarca (nord), où il a été enseignant dans une école rurale pendant 24 ans, M. Castillo devient ainsi « le premier président pauvre du Pérou », a souligné auprès de l’AFP l’analyste Hugo Otero.

Ce père de trois enfants est catholique et sa femme est évangélique. Dans la cour d’entrée de leur maison dans le hameau de Chugur, trône une icône de Jésus-Christ avec la citation en anglais: « Dieu est mon berger ».

Pedro Castillo a l’habitude de citer des passages de la Bible pour justifier son rejet de l’avortement, du mariage homosexuel et de l’euthanasie.

A côté de sa maison en briques à deux étages, il possède une ferme d’un hectare où il cultive du maïs, des patates douces et des légumes. Il élève des poulets et des vaches.

« Symboles coloniaux »
Pedro Castillo a été élevé dans le hameau voisin de Puña, où il travaillait aux champs avec ses parents. Enfant, il devait marcher plusieurs kilomètres pour se rendre à l’école.

Durant toute la campagne présidentielle, il a souligné ses racines provinciales, portant en toutes circonstances le chapeau blanc traditionnel du nord du pays. Il est souvent arrivé à ses meetings à cheval.

Il s’était fait connaître en 2017 en prenant la tête d’une grève nationale des enseignants qui avait duré plus de deux mois pour réclamer de meilleurs salaires.

Il a annoncé pendant la campagne qu’en cas de victoire, il renoncerait à son salaire présidentiel et continuerait à vivre avec son salaire de l’Education nationale.

Dès sa prise de fonction mercredi, il a assuré vouloir transformer en musée le siège du gouvernement et résidence du président, la Casa de Pizarro, nommée en référence au conquistador espagnol Francisco Pizarro, vainqueur de l’empire inca.

« Je ne gouvernerai pas depuis la Casa Pizarro parce que je pense que nous devons rompre avec les symboles coloniaux », a défendu le nouveau chef de l’Etat, ajoutant que le palais serait cédé au ministère de la Culture pour qu’y soit « raconté notre histoire ».

Battant campagne avec comme symbole un crayon à papier géant pour rappeler son passé d’instituteur et l’importance qu’il veut accorder à l’éducation, il a su avec des messages simples convaincre des millions de Péruviens, en particulier dans les zones rurales.

« Plus de pauvres »
Son programme repose sur le renforcement des secteurs de la santé, de l’éducation et de l’agriculture pour, dit-il, améliorer le sort des Péruviens les plus démunis.

« Qu’il n’y ait plus de pauvres dans un pays riche », a-t-il martelé pendant sa campagne.

M. Castillo est également en faveur d’une reprise du contrôle par l’Etat des richesses énergétiques et minérales du pays, telles le gaz, le lithium, le cuivre et l’or.

Son parti, Pérou Libre, se revendique du marxisme-léninisme. Il est aussi l’un des rares partis péruvien qui défendent le régime du président vénézuélien contesté Nicolas Maduro.

Le nouveau président a toutefois réaffirmé lors de son investiture exclure toute « expropriation » et vouloir une « économie en ordre », mais a demandé « un nouveau pacte avec les investisseurs » au Pérou.

Il souhaite aussi une nouvelle Constitution, accusant l’actuelle de trop favoriser l’économie de marché.

Il a promis un million d’emplois en un an, des investissements publics pour réactiver l’économie par le biais de projets d’infrastructures et de marchés publics auprès des petites entreprises.

Il entend freiner les importations qui, selon lui, « affectent l’industrie nationale et la paysannerie ».

Mercredi, il a aussi promis qu’à l’issue de son mandat en 2026 il retrouverait son « métier de toujours, celui d’enseignant ».

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