Certes, les finances publiques du Sénégal sont en difficulté. Cependant, dans l’état actuel des choses, les nouvelles autorités ne peuvent mettre en œuvre des réformes majeures, telles que la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées et coûteuses, afin d’atteindre rapidement l’objectif de réduction du déficit budgétaire. Le régime en place s’emploie plutôt à assainir les finances publiques.
Les finances publiques du Sénégal se dégradent depuis bien avant l’élection présidentielle de 2019. Cette dégradation alarmante avait poussé les autorités de l’époque à suivre les recommandations du Fonds monétaire international (FMI). Cependant, ces efforts ont rapidement été compromis par l’avènement de la pandémie de COVID-19, qui a contraint les autorités à subventionner l’eau et l’électricité afin de soutenir les populations en détresse, face à l’arrêt des activités économiques.
En 2022, le FMI a réitéré ses recommandations, mais les marges de manœuvre du régime sortant étaient limitées, notamment en raison des échéances électorales locales, législatives et de la présidentielle de 2024. En réponse à ces sollicitations, les dirigeants de l’époque ont opté pour un silence prudent, tandis que les finances publiques continuaient à se dégrader dangereusement.
Le 12 septembre dernier, dans son communiqué final à l’issue de sa mission au Sénégal, le FMI a fait état d’un ralentissement de l’économie du pays au premier trimestre de 2024. Il a ainsi encouragé les autorités « à mettre en œuvre des réformes majeures, notamment la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées et coûteuses, afin d’atteindre rapidement l’objectif de réduction du déficit budgétaire »
Aujourd’hui, plus que jamais, la mise en œuvre de ces mesures s’avère problématique pour les nouvelles autorités, en raison de la conjoncture internationale difficile et de la hausse du coût de la vie. De plus, le Sénégal se prépare aux élections législatives, et les dirigeants actuels ne prendront probablement pas le risque d’appliquer ces mesures « suicidaires » du FMI dans l’immédiat, d’autant plus que le pouvoir a dissous l’Assemblée nationale pour s’assurer une plus grande liberté d’action et ainsi honorer ses engagements électoraux.
À titre d’illustration, le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a dissous la Commission du Dialogue des Territoires, dirigée par Benoît Sambou, avant de mettre fin aux fonctions de Mme Aminata Mbengue Ndiaye et de M. Abdoulaye Daouda Diallo, respectivement Présidente du Haut Conseil des Collectivités territoriales et Président du Conseil Économique, Social et Environnemental.
Pour l’instant, dans l’exercice de ses fonctions, le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, épaulé par son colistier Ousmane Sonko, travaille sans relâche à l’assainissement des finances publiques, en passant par le recouvrement des impôts, la rationalisation des dépenses et la réduction des comptes, entre autres.
Tout en veillant à ne pas négliger le pouvoir d’achat des ménages, le régime en place s’est attelé à apurer certaines dettes sociales, à hauteur de 53 milliards de francs CFA. Toutefois, une solution durable pourrait voir le jour à l’horizon 2025, avec la montée en puissance de l’exploitation pétrolière et gazière, ainsi que la régulation de l’industrie minière.
Jean Pierre MALOU
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