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Paris : Le sommet du…ridicule – Par Adama Gaye*

Ce devait être le versant financier du Sommet sur la démocratie, celui de la Baule, que François Mitterand, alors, nez creux et opportuniste en diable, avait initié à la Baule, dans l’Ouest de la France, pour voler le processus de démocratisation déjà enclenché par les peuples africains. C’était en Juin 1990.

Las, le grand raout pour sauver les économies africaines et leur trouver des financements convoqué hier à Paris par Emmanuel Macron, son lointain successeur, s’est terminé, lui, en eau de boudin, passant d’une solennité sur les gros chiffres invisibles à un débat fourre-tout sur les…vaccins.

A la fin, c’est presque en pièce de théâtre, en pitrerie, que le rendez-vous s’est soldée. On eût cru assister à ce qui est une autre forme du piège, multimillénaire, décrit par Thucydides dans la rivalité entre Athènes et Sparte, dans la dynamique toujours actuelle des nations qui se dépatouillent comme elles peuvent pour ne pas être déclassées des rivales montantes.

C’est, en effet, une France perdue, larguée, en voie de descente en division sous-développement, menacée par les puissantes émergentes, d’Asie, d’Amérique latine et même d’Afrique, contestée par les peuples africains, jusque dans le pré-carré africain où elle trônait naguère en force impériale et coloniale, qui a tenté, dans un ultime baroud de…déshonneur, de se montrer à son avantage, en réunissant des paumés Chefs d’Etat africains, déboussolés, venus pleurnicher avec elle sur ce dur monde qui les dépassent.

Ce fut un fiasco magistral. Sous la supervision d’une techtonique des plaques numériques impitoyable, le Coq Gaullois s’est retrouvé déplumé, sous la pluie battante, n’ayant rien à offrir que son verbe vide, son leadership édenté, qui fait rire sous cape, et son impécuniosité, ses ruses pour faire financer par d’autres ses rêves hégémoniques.

Ce devait être le Sommet qui devait apporter des financements innovants pour les pays du continent. On avait même donné à penser que leurs dettes, lourdes et irréfléchies, contractées par des entrepreneurs politiques sans foi ni loi, allaient être effacées. On leur avait fait miroiter un nouveau Bill of Health, une nouvelle carte de santé, un Test Covid Financier négatif.

Il n’en fut rien. Au finish, le corps gorgé de virus, les étourdis-rêveurs ont dû rentrer chez eux sans obtenir un kopeck. La France est fauchée. Elle en est réduite à agir en truande. C’est ainsi que, faute de mieux, elle a sorti de sa hotte la proposition de faire libérer leurs droits de tirage spéciaux (DTS), disponibles auprès du Fonds monétaire international (FMI), son acolyte dans la stratégie d’endiguement économique des pays du Sud Global en montée, comme il le fut au plan idéologique contre le camp communiste pendant la guerre froide. L’arnaque est trop grosse, qui ne peut cacher le fait que ces DTS, même évalués à 33 milliards de dollars, sont la propriété de ces pays africains.

L’escroquerie française devient plus immorale quand elle prétend leur prêter à taux zéro les DTS détenus par les pays riches pour qu’ils obtiennent de 100 à 600 milliards de dollars pour faire fonctionner leurs économies. Blanchiment d’une criminalité qui se passe de commentaires. Macron dit, en un mot aux africains, qu’il leur propose de s’endetter en utilisant les DTS des pays riches afin de financer des projets, notamment des infrastructures onéreuses, comme le TER de triste mémoire, dont l’objectif est, in fine, d’enrichir les économies et entreprises de pays comme le sien, la France.

Que le Sommet de Paris se soit conclue par des manœuvres, entourloupes, n’est guère surprenant. Puisqu’en plus d’en être devenu un orfèvre, l’actuel locataire de l’Elysée, le siège des services de la Présidence française, n’a eu aucune gêne à inviter des dirigeants africains honnis de leurs peuples, connus pour être des criminels multigenres, de la finance à la politique, et dont la place, en principe, est dans les prisons, non les palais, du monde entier.

L’échec du Sommet de Paris est tellement bruyant qu’aucun de ses participants n’ose pousser des flonflons. Bien au contraire, pour faire bon cœur contre mauvaise fortune, ils ont, ensemble, fait dériver le débat sur des questions annexes. Ce qui devait être une réunion sur le financement des économies s’est transformée en un espace de bavardages sur la levée des brevets autour de la fabrication des vaccins pour que l’Afrique puisse en avoir davantage selon ses besoins. Se croient-ils toujours à l’ère du communisme ? Ce serait retourner à une époque où l’on promettait même aux plus paresseux le leitimotiv dû à Karl Marx, selon lequel en vertu d’une socialisation de la pauvreté, les sociétés devraient fonctionner en donnant à «chacun selon ses capacités et ses besoins ».

Dans monde désindustrialisé, dominé par l’économie du savoir et des services, quelle douce illusion que de s’imaginer que les porteurs de ces brevets les laisseront filer entre les mains irresponsables d’Africains qui se chargeront de jouer aux espions industriels et technologiques d’une France, masquée derrière eux pour ramasser le fruit de ses compétiteurs qui l’ont dépassée.

De cet échec du Sommet de Paris, il n’est peut-être resté que les rêves faits sur un lit Elyséen où l’un des participants, amoureux des desserts français de la coloniale, Macky Sall, a pu faire en se croyant arrivé au pic de la reconnaissance en se faisant inviter à cette rencontre entrée dans la postérité comme un monument de la faillite.

Toutes les puissances financières du monde, en rebuffade, de la Chine aux USA, à la Russie ou les privés, en rigolent tandis que les festivaliers et Macron se réveillent avec une gueule de bois, conscients que leur réunion fut un sommet du ridicule que l’histoire retiendra comme le plus inutile gaspillage de temps et d’énergies. Le sommet des illusions perdues sous le chapiteau du clown Macron qui n’en revient pas de constater qu’il ne pèse pas le poids d’une plume de poussin dans la marche des affaires du monde. Il faut être un attardé pour penser qu’il pouvait sortir quoi que ce soit de ce rendez-vous théâtral. En trompe-l’œil.

L’Afrique devra devenir sérieuse dans sa lutte pour sortir de son impasse endogène que Macron amplifie.

Adama Gaye* est un exilé et opposant au régime de Macky Sall.

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