Politique

Ousmane Sonko descend en flammes Macky Sall et décline un nouvel agenda politique

Après son placement sous contrôle judiciaire, Ousmane Sonko s’est adressé au public hier pour dévoiler son nouvel agenda politique.

Entouré d’une pléthore de leaders de l’opposition, le leader du Pastef, après avoir narré les conditions de sa garde à vue, parlé du contrôle judiciaire dont il fait l’objet, déploré les scènes de violences et les morts notées dans le pays, a soumis son plan consistant à tirer d’affaire Khalifa Sall et Karim Wade ligotés selon lui par la machine politico-judiciaire.

Lunettes claires sur la figure, le bonnet soigneusement fixé sur la tête, dans un boubou près du corps, Ousmane Sonko a fait face hier à la presse dans une salle bondée en compagnie d’une pléthore de leaders de l’opposition. Une rencontre qui intervenait quelques heures après son audition par le doyen des juges qui l’a mis sous contrôle judiciaire dans l’affaire de viol présumée dont il est accusé.

Dès l’entame de son propos, le leader du parti Pastef n’est passé par quatre chemins pour pointer son viseur sur le président Macky Sall, le ministre de l’intérieur, le ministre de la Justice et le procureur de la République qu’il accuse d’être derrière le complot ourdi à son encontre.

« Mais le seul qui porte la responsabilité de cette situation ; s’appelle Macky Sall. Qu’est-ce qui l’a amené à cette situation ? Je dirais tout simplement que c’est par la cupidité et la boulimie du pouvoir. Et c’est la boulimie du pouvoir d’un homme qui ne connait que le complot pour liquider ses opposants.

Adoubé par des laudateurs, dont les plus en vue sont ses quatre affidés que sont son ministre de l’intérieur, Antoine Felix Diome, son ministre de la Justice, Malick Sall, son procureur Bassirou Guèye. Voilà le quatuor qui a pris le Sénégal en otage et c’est ce qui nous a menés à cette situation catastrophique qu’on n’a jamais vécue auparavant dans ce pays », a martelé Ousmane Sonko.

Toujours selon lui, le seul génie politique de Macky Sall revient à comploter contre ses adversaires politiques, à liquider ses adversaires politiques, à corrompre ou à faire chanter ses adversaires.

A l’en croire, si certains sont devenus méconnaissables au point de pousser les gens à penser qu’ils ont conclu des « deals » politiques avec le pouvoir, c’est parce que, tout simplement, « Macky Sall les tient par des moyens que nous connaissons tous.

C’est ça son génie politique. Nous devons savoir qu’un pays ne se construit pas sur cette base. Ce qu’on attend d’un homme politique, c’est d’être un génie d’Etat.

C’est de mettre tous les moyens mis à sa disposition pour la réalisation de résultats au bénéfice exclusif du peuple », estime l’opposant radical, listant les demandes sociales relatives à la santé, à l’éducation et la démocratie. Pour Sonko, le président Macky Sall, ayant trahi son serment, n’est plus légitime pour diriger le Sénégal.

« Gérer un pays n’est pas le fait de passer tout son temps à mettre des milliards pour payer des laboratoires qui fomentent des coups fourrés contres des opposants. Cela relève plutôt de la haute trahison puisque Macky Sall a juré sur la Constitution de respecter et de faire respecter les lois du pays. Il a juré de protéger les Sénégalais. S’il fait exactement le contraire, à savoir fomenter des complots sordides, ce monsieur aura trahi le Sénégal.

Et c’est pourquoi, nous disons que le président n’a le droit d’opposer son peuple les uns contre les autres. Un président n’a pas le droit de gouverner par la haine, l’arrogance et la rancœur. Hélas, c’est le signe de la gouvernance de Macky Sall », a tonné l’opposant sous contrôle judiciaire.

 Son nouvel agenda politique, les deux «K» et les prochaines élections
A en croire le leader du Pastef, la révolution est déjà lancée et rien ni personne ne pourra l’arrêter. « Aucune puissance interne ou externe ne pourra l’arrêter. Le peuple a pris sa responsabilité et a compris les enjeux. Conduisons cette révolution à son terme, intelligemment. Au plus tard en 2024. Cela ne veut pas dire pour autant que nous allons faire tomber la ferveur et que Macky Sall aura un blanc-seing », a averti Sonko.

Au contraire, soutient- il, « nous devons imposer un agenda à Macky Sall parce que le rapport de force nous le permet. Ce n’est pas à Macky Sall désormais de dicter quoi que ce soit dans ce pays. La première chose que nous allons lui imposer, c’est la réparation des pertes des familles des victimes. Tous ceux qui ont été assassinés, l’Etat doit procéder à une réparation au plan pécuniaire pour au moins amoindrir la peine de leurs familles.

De la même manière, nous exigeons l’ouverture d’une enquête indépendante pour situer les responsabilités, identifier les auteurs (de ces meurtres, Ndlr) et les traduire en justice ». Evoquant les séries de meurtres qui ont émaillé son arrestation, Ousmane Sonko d’annoncer que dores et déjà une plainte sera déposée au niveau de la Cour pénale internationale (Cpi) parce qu’il s’agit de crimes contre l’humanité. « Et ça s’est passé sous le régime de Macky Sall. Nous devons également exiger la libération immédiate et sans condition des prisonniers politiques de Macky Sall », a continué le leader du Pastef.

Concernant les prochaines échéances électorales, Ousmane Sonko se veut intransigeant sur leur tenue. « Que Macky Sall le veuille ou non, il va créer les conditions d’élections transparentes. Il n’est plus question de tripatouiller le fichier électoral. Retenir les cartes d’électeurs des citoyens pour leur refuser le droit de vote est terminé au Sénégal.

Et le plus rapidement possible, il faut qu’on organise les élections locales afin que les Sénégalais choisissent de nouveaux élus. Parce que ces maires actuels ont terminé leur mandat il y a longtemps. Et les élections législatives, on va les organiser en 2022 pour que les populations puissent choisir leurs représentants à l’Assemblée nationale », a exigé l’opposant entouré des autres leaders politiques de l’opposition. Sonko somme aussi Macky Sall d’organiser en 2024 de façon transparente le scrutin présidentiel.

L’autre directive est que Macky Sall doit rendre les droits civiques des opposants qu’il prive de briguer les suffrages des Sénégalais. Il s’agit en l’occurrence de Khalifa Ababacar Sall et de Karim Wade. Enfin, il a exigé au président de la République de mettre de côté ses « ni oui ni non » en ce qui concerne le troisième mandat.

« Car le peuple a dit qu’il ne veut pas de troisième mandat. Même son deuxième mandat, le peuple en a marre », a-t-il taclé.

Les éléments du GIGN….et mon fils Mohamed
Evoquant les conditions de sa garde-à-vue au niveau des locaux la Section de recherches de la gendarmerie, à Colobane, Ousmane Sonko en a profité pour saluer le professionnalisme des pandores.

En effet, révèle-t-il, « j’ai été agréablement séduit par notre gendarmerie nationale. Nous avons une grande gendarmerie nationale. J’ai été si bien séduit par les éléments du GIGN qui ont assuré ma sécurité. Ils ont plus assuré ma sécurité qu’ils ne m’ont arrêté du jour où ils m’ont arrêté au jour d’aujourd’hui, en respectant scrupuleusement les ordres mais sans brutalité, sans haine et sans animosité ».

Et Sonko de faire cet aveu : « j’ai été si bien séduit que lorsque mon fils est venu me rendre visite à la Section de recherches, je lui ai dit « Mohamed, prépare-toi à faire le concours de la gendarmerie pour devenir un élément du GIGN. Je rends un hommage à ces patriotes sur qui nous pouvons porter de loin un regard qui n’est pas forcément ce regard-là ».

Se fondant sur cette expérience, l’opposant radical estime que le président Macky Sall a trahi le peuple sénégalais. « Il a trahi son serment, n’est plus légitime à diriger le Sénégal. Il ne l’a jamais été depuis le début de son deuxième mandat.

Et aujourd’hui, il y a circonstance aggravante. Si on était dans d’autres circonstances, le peuple aurait dû marcher sur le palais pour sortir Macky Sall de force. Mais je vous le déconseille fortement », lance Ousmane Sonko.

Cependant, selon lui, si Macky Sall tire les conséquences de son échec, il peut soumettre sa démission. Parce qu’aujourd’hui, ironise le leader du Pastef, il est seul bunkerisé dans son palais face à 16 millions de Sénégalais.

« Et n’eussent été les forces de défense qui font tampon entre lui et nous, je pense que la messe aurait été dite depuis longtemps. Si Macky Sall tire les conséquences de cette situation, et prononce sa démission, nous prendrons acte et la Constitution sera appliquée pour organiser des élections dans les délais prévus », prévoit Sonko. Au risque de faire de Moustapha Niasse ou d’Abdou Mbow des présidents de la République ne serait-ce que pendant trois mois ?

Falilou Mballo

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