Diaspora

«Où se trouve notre sœur Diary Sow ?»

Daouda Mbaye, un Sénégalais installé en région parisienne et fondateur du collectif «Retrouvons Diary Sow», interpelle les autorités françaises et sénégalaises. Au nom des membres de la diaspora, il réclame des explications.

Bientôt deux semaines après la disparition de Diary Sow à Paris, le mystère reste entier. S’agit-il d’une disparition volontaire comme pouvait le laisser supposer certains éléments recueillis par les enquêteurs de la police judiciaire parisienne ?

Âgée de 20 ans, l’étudiante sénégalaise, élève en deuxième année de classe préparatoire scientifique au sein du prestigieux lycée parisien Louis-le-Grand, se serait en effet volatilisée en emportant des effets personnels et quelques vêtements. Une chose semble acquise, elle aurait quitté sa résidence étudiante du boulevard du Port-Royal (Paris, XIIIe art) le 4 janvier, jour de la rentrée scolaire, sans se présenter à la reprise des cours.

Pourquoi aurait-elle fui volontairement son univers estudiantin à cet instant précis ? Auréolée du titre honorifique de « meilleur élève du Sénégal » en 2018 et 2019, la jeune femme a été érigée en modèle de réussite par le président de la République du Sénégal.

L’hypothèse d’une pression excessive pesant sur ses épaules a été étudiée, selon une source proche du dossier, sans pour autant être confirmée de manière certaine. « Cela ne tient pas la route, réplique l’un des membres de sa famille. Diary n’a jamais été stressée par ses études. Elle était concentrée sur ce qu’elle avait à faire, ça oui, mais il s’agissait d’une pression positive ».

Enquête pour «disparition inquiétante de majeur»
Le 3 janvier, la jeune femme est rentrée à Paris après un court séjour à Toulouse (Haute-Garonne) chez l’une de ses meilleures amies, elle-même sénégalaise. Elle a effectué le trajet retour en covoiturage avec une jeune fille qui dit n’avoir rien remarqué d’anormal dans son comportement.

Avant le 12 janvier, Diary Sow devait s’inscrire au concours d’entrée de l’école normale supérieure (ENS), filière PC* (Physique-Chimie), l’un des objectifs, au même titre que l’École polytechnique, de cette très brillante étudiante attirée par une carrière de chercheuse en génétique.

Trois jours après sa disparition, le 7 janvier, une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour « disparition inquiétante de majeur ». Ce samedi 16 janvier, cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), est toujours en cours.

Sevrés d’informations précises, les proches de Diary Sow comme les membres de la diaspora sénégalaise commencent à s’impatienter. « Nous sommes toujours dans cette très longue attente », nous fait savoir l’un de ses oncles, domicilié à Dakar. « Cela fait plus de dix jours que Diary Sow a disparu et nous ne la retrouvons toujours pas », expose Thierno Fall, ce samedi au cours d’une conférence de presse organisée à Paris.

« Ces derniers temps, des actions ont été lancées par un ensemble d’associations, des étudiants et des travailleurs sénégalais, poursuit le président de la FESSEF (fédération des étudiantes et stagiaires sénégalais de France). De nombreuses personnes se sont ralliées à ce combat. Jusqu’à maintenant, les choses n’ont pas avancé. Les autorités sénégalaises ont pourtant tenu à rassurer l’opinion en disant que Diary n’a été trouvée ni dans les hôpitaux ni chez les sapeurs-pompiers. Mais nous ne trouvons pas que ces éléments sont suffisants pour rassurer. Diary Sow peut être en danger actuellement sans être dans un hôpital. Donc cet argument nous semble assez léger ».

«Comment peuvent-ils affirmer une telle chose ?»
Une délégation de représentants d’associations a pourtant été reçue au consulat du Sénégal à Paris. Mais aucune information supplémentaire ne leur aurait été communiquée. Ce que regrette également Daouda Mbaye, fondateur du collectif « Retrouvons Diary Sow ».

« Quand le consulat du Sénégal fait savoir que la piste criminelle n’est pas privilégiée, cela nous laisse perplexe, glisse le jeune homme. Comment peuvent-ils affirmer une telle chose? Nous sommes juste des compatriotes animés par un esprit de solidarité, raison pour laquelle nous sommes tous sortis de nos bureaux et de nos domiciles pour aller dans la rue, distribuer des flyers, mener des recherches à Paris et dans plusieurs villes de région ( NDLR : Rouen, Bordeaux, Poitiers et Montpellier ). Mais aujourd’hui, le comité de soutien touche ses limites. Après tous les efforts que nous avons produits, nous ne pouvons pas aller au-delà… »

Visiblement affecté, Daouda Mbaye marque une pause puis reprend : « Nous ne savons pas où se trouve Diary Sow et nous sommes consternés par cette situation. Et plus le temps passe, plus l’inquiétude monte. Maintenant, la seule question que nous voulons poser à aux autorités françaises, sénégalaises et à notre ambassadeur, c’est : où se trouve exactement notre sœur Diary Sow ? » Certains pensent l’avoir vue à Lyon, à Paris ou en Belgique. Mais aucun de ces témoignages n’aurait pour l’instant permis de localiser la jeune femme.

Par Ronan Folgoas, avec Jérémie Pham-Lê

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