Faits divers

Onde de choc à Londres et Paris après la plus terrible tragédie migratoire dans la Manche, 33 migrants morts

La mort mercredi de 33 migrants dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche, un drame aussi terrible qu’inédit, a provoqué une onde de choc à Londres et Paris, qui ont appelé à un sursaut international contre ce trafic migratoire après des semaines de tension.

Parmi les migrants décédés figurent cinq femmes et une petite fille, a précisé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, présent à Calais, qui a également évoqué, « au conditionnel », une autre personne disparue, en plus des 33 morts. Deux migrants ont survécu.

« La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », a réagi le président Emmanuel Macron, réclamant « une réunion d’urgence des ministres européens » sur le sujet.

Il a promis que tout serait « mis en œuvre pour retrouver et condamner les responsables » de ce naufrage, qualifié de « tragédie » par le Premier ministre Jean Castex.

« Choqué, révolté et profondément attristé », le Premier ministre britannique Boris Johnson a assuré vouloir « faire plus » avec la France pour décourager les traversées illégales de la Manche.

« Nous avons eu des difficultés à persuader certains de nos partenaires, en particulier les Français, d’agir à la hauteur de la situation », a-t-il déclaré sur Sky News à l’issue d’une réunion de crise, pointant les désaccords franco-britanniques.

« La réponse doit évidemment venir aussi de Grande-Bretagne », lui a répondu Gérald Darmanin, appelant à « une réponse internationale coordonnée très dure ».

Autopsies
En désaccord depuis des semaines sur la question migratoire, Londres et Paris étaient récemment convenus de renforcer, après une montée de tension dans le sillage de l’arrivée le 11 novembre de 1.185 migrants sur les côtes anglaises, un record.

Le drame de mercredi, redouté par les autorités et les associations, est de loin le plus meurtrier depuis l’envolée en 2018 des traversées migratoires de la Manche, face au verrouillage croissant du port de Calais et d’Eurotunnel, empruntés jusque-là par les migrants tentant de rallier l’Angleterre.

Les navires de sauvetage ramenant les victimes devaient accoster dans la soirée dans le port de Calais, où un hangar a été ouvert pour accueillir les corps.

Un large périmètre de sécurité a été mis en place avec un important dispositif de pompiers et sauveteurs, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Avant ce naufrage, le bilan des décès depuis le début de l’année s’élevait à trois morts et quatre disparus. Celui de 2020 était de six morts et trois disparus.

La Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille a été saisie de l’enquête ouverte pour « aide à l’entrée et séjour irrégulière en bande organisée », « homicide et blessures involontaires » et « association de malfaiteurs ».

La procureure de la République de Lille, Carole Etienne, a précisé à l’AFP que les corps allaient être « rapatriés à l’institut médico-légal de Lille pour autopsie ».

Selon M. Darmanin, quatre passeurs soupçonnés d’être en lien avec la tragédie ont été arrêtés, mais la procureure n’a pas « confirmé cet élément dans le cadre de sa saisine ».

« Drame horrible »
Le drame s’est déroulé sur un « long boat », un bateau gonflable fragile, dont le fond souple se replie quand il prend l’eau et est surchargé, selon des sauveteurs.

L’utilisation de ces embarcations particulièrement dangereuses est de plus en plus fréquente depuis cet été.

D’importants moyens ont été dépêchés lors du sauvetage, notamment deux hélicoptères et trois bateaux.

« Les gens meurent dans la Manche qui est en train de se transformer en cimetière à ciel ouvert, comme la Méditerranée », s’est alarmé Pierre Roques, coordinateur de l’Auberge des Migrants, une association de Calais.

« Ce qui s’est passé est un drame horrible », a déclaré à l’AFP Didier Leschi, le directeur général de l’Office français de l’immigration.

Les tentatives de traversées migratoires de la Manche à bord de petites embarcations ont doublé ces trois derniers mois, avait mis en garde vendredi dernier le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Philippe Dutrieux.

Au 20 novembre, 31.500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l’année et 7.800 migrants avaient été sauvées, avait-il affirmé. Une tendance, avait-il remarqué, qui n’a pas baissé malgré les températures hivernales.

Selon Londres 22.000 migrants ont réussi la traversée sur les dix premiers mois de l’année.

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