Trois journalistes marocains, sortis récemment de prison à la faveur d’une grâce royale, ont appelé samedi à «libérer tous les prisonniers d’opinion» et à l’ouverture d’«une nouvelle phase» au Maroc pour les droits et libertés publiques, les médias et les luttes sociales.
Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine, ainsi que plusieurs activistes dont Maâti Monjib, historien et défenseur des droits humains, ont été graciés le 29 juillet par le roi Mohammed VI, à l’occasion du 25e anniversaire de son intronisation. Les autorités ont souligné le «caractère humain» de cette grâce, «accueillie avec profonde gratitude par les familles des graciés».
Affaires d’agressions sexuelles
Les trois journalistes ont été emprisonnés entre 4 et 6 ans pour des affaires d’agressions sexuelles (et d’espionnage pour Omar Radi), qu’ils ont toujours rejetées, affirmant avoir été punis pour leurs opinions. La grâce n’a pas effacé les condamnations prononcées mais a permis leur libération anticipée. «Nous avons été arrêtés en utilisant des méthodes sales», a dénoncé Omar Radi au siège de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
Omar Radi, 38 ans, s’est montré agréablement surpris du soutien que lui a apporté la société civile malgré la nature des accusations, auxquelles «personne n’a cru», a-t-il dit, se demandant «quelle est la valeur d’un système judiciaire dans lequel personne ne croit».
Soulaimane Raissouni, 52 ans, a appelé à poursuivre «nos luttes, nos écrits et nos actions» pour «construire un Etat qui garantisse un minimum de droits où cet abus cruel et injuste ne se reproduise pas». «Notre joie reste incomplète sans la libération de tous les prisonniers d’opinion, (liés aux) mouvements sociaux et les détenus politiques», a-t-il ajouté.
«Notre joie n’est pas totale»
Les journalistes ont évoqué les cas de militants du mouvement social «Hirak du Rif», incarcérés depuis 2016, et celui de l’avocat et opposant Mohamed Ziane, 82 ans, en prison depuis 2022.
Soulaimane Raissouni a aussi appelé à «mettre un terme à la presse de diffamation», assurant que «tout de suite, après notre libération une campagne de diffamation a commencé».
Comme ses confrères, Taoufik Bouachrine, 55 ans, a remercié les militants mais aussi le roi pour «avoir mis fin à notre cauchemar» et «permis de voir grandir nos enfants».
«Notre joie n’est pas totale car un certain nombre de prisonniers politiques n’ont pas été libérés», a-t-il dit, dénonçant lui aussi une «diffamation quotidienne dans une presse qui n’a rien à voir avec le journalisme dans les sociétés civilisées».
Il a souhaité que la grâce obtenue puisse marquer «le début d’une nouvelle phase et d’une véritable ouverture dans la politique, le journalisme, les droits humains et la lutte sociale».
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