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Nostalgiques, les fidèles affluent en masse vers Tivaouane pour célébrer le Maouloud

– La célébration avait été suspendue lors des deux dernières éditions à cause du contexte de crise sanitaire causée par la Covid-19

A Tivaouane, ville située à 80 km de la capitale sénégalaise Dakar, le Maouloud (célébration de la naissance du Prophète Mohamed – Paix et salut sur lui), communément appelé « Gamou » a repris ses droits après deux ans d’interruption dus à la Covid-19.

Alors que l’année dernière plusieurs foyers religieux du pays avaient repris les célébrations, l’actuel Khalife Ababacar Mansour Sy avait jugé plus judicieux de surseoir à la célébration pour une deuxième année consécutive.

Forcément alors, la célébration de l’édition 2022 qui se tient le 8 octobre, est accueillie dans la joie et l’allégresse par les nombreux disciples, tout heureux de retrouver la ville religieuse, principal centre d’attraction pour le Maouloud.

Des centaines de milliers de disciples ont ainsi afflué des différents coins du pays pour vivre l’édition de cette année spéciale à plus d’un niveau.

Ballet d’hommes politiques
« J’ai vu beaucoup de célébrations, je ne vois cette forme de célébration du Maouloud qu’au Sénégal (…) Nous allons multiplier les efforts pour que le foyer religieux garde toute sa spiritualité et continue d’inspirer les millions de disciples », a déclaré le président Macky Sall qui était l’hôte de Tivaouane jeudi.

« Le Maouloud tel que célébré à Tivaouane est une spécificité », a relevé le président Sall.

A sa suite, le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, le ministre de l’Intérieur, Félix Antoine Diome et plusieurs autres autorités, ont fait le déplacement pour adresser leurs félicitations au khalife Ababacar Mansour Sy et solliciter des prières pour la paix.

Les leaders de l’opposition à l’image de Khalifa Ababacar Sall, ancien maire de Dakar, et Ousmane Sonko, président du parti Pastef, ont aussi fait le déplacement.

Retour à la source pour les disciples
« Tivaouane est la source où on s’abreuve. Ces deux années sans ‘’Gamou’’ ont été difficiles. C’est avec un grand plaisir que je revis la ferveur de la célébration », a relevé Cheikh Ciss qui a rallié la ville religieuse depuis Kaolack.

« Le ‘’wazifa’’ (litanie en groupe pour glorifier Dieu et prier sur le Prophète – une obligation biquotidienne pour les disciples) à la Mosquée Serigne Babacar Sy en présence de centaines d’autres condisciples, le ‘’burda’’ (cantique en l’honneur du Prophète) sans compter la célébration proprement dite ce soir … Spirituellement on était en manque de ces moments de dévotion », a-t-il poursuivi.

Le Maouloud n’est pas en effet l’histoire d’une seule journée. Les séances de ‘’burda’’ démarrent au premier jour de rabi’ al-awwal (3ème mois du calendrier musulman) et se poursuivent jusqu’au 10ème jours du même mois.

« Pour les dix premières nuits du mois, c’est la ‘’Qasîda Al-Burda’’ (poème du manteau écrit par Al Busîrî) qui est déclamée à raison d’un chapitre par nuit. A la suite de quoi une discussion sur la religion et sur la confrérie est engagée », a expliqué Daouda Diop, un Dakarois n’ayant manqué aucune des nuits de ‘’burda’’ à la mosquée El Hadj Malick Sy.

« Avec cette reprise, les âmes se sont vivifiées », s’est-il extasié.

Dans les rues de la ville bondées de monde, les sonorités des chants religieux distillés çà et là accompagnent les pèlerins se déplaçant entre les mosquées faisant office pour certains de mausolées pour les figures emblématiques de la ‘’Tarikha’’ (confrérie) et les maisons des notables de la confrérie.

Gamou et Tivaouane, une tradition vieille de 100 ans
Le Maouloud c’est une occasion pour renouveler sa fidélité mais aussi pour se recueillir au mausolée de El Hadj Malick Sy (1853 – 1922) qui a tracé la voie et fait de Tivaouane ce qu’il est aujourd’hui et sur ceux de ses fils qui ont perpétué le legs tels Khalifa Ababacar Sy (1885- 1927) et Abdoul Aziz Sy (1904- 1997).

« C’est mon homonyme et au-delà même du ‘’Gamou’’, je viens assez souvent me recueillir à son mausolée », a noté Aziz Dieng, un quadragénaire venu de Rufisque.

« Pour le ‘’Gamou’’ de cette année je suis venu avec les membres du ‘’dahira ‘’ (regroupement de fidèles). Nous avons pris un bus de 80 places et deux cars de 35 places chacun, pour vivre l’événement », a expliqué Diop, assurant que tous les moyens ont été déployés par le ‘’dahira’’ pour le séjour de deux jours dans la ville religieuse.

A la devanture de la grande mosquée de Tivaouane en cours de réhabilitation pour un montant estimatif de 15 milliards francs CFA (22.2 millions USD) une tente énorme se déployant sur une longueur de plus de 500 mètres occupe tout l’espace.

C’est là que, dans la profondeur de la nuit, l’événement tant attendu va se vivre sous la direction du khalife Ababacar Mansour Sy. Entre panégyriques en l’honneur du Prophète notamment à travers le poème ‘’khilasu zahab’’ écrit par El Hadj Malick Sy et retraçant la vie du Prophète de l’Islam et discussion tournant autour de la religion, de la confrérie mais aussi du comportement pour une vie en société dans la paix et la cohésion, les fidèles nostalgiques de ce moment vont être servis à satiété.

La célébration du ‘’Gamou’’ a été instituée à Tivaouane depuis 1902 par El Hadj Malick Sy. D’autres foyers le célèbrent depuis quelques décennies ; c’est le cas notamment à Kaolack (centre) avec Baye Niasse, à Touba chez les ‘’mourides’’, à Yoff chez les ‘’layènes’’.

Chez la confrérie des ‘’khadres’’, c’est le 7ème jour de la naissance qui est mis à profit pour célébrer le Maouloud, évènement qui voit des milliers de pèlerins affluer vers Ndiassane, la capitale de la confrérie, distante de quelques kilomètres de Tivaouane.

Alioune Ndiaye

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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