Ce fonds pourrait permettre à plus de 90.000 personnes de toucher jusqu’à 15.600 dollars, et à quelque 200.000 autres de toucher plus de 3000 dollars.
Le Parlement de New York vient d’adopter un texte accordant entre 3000 et 15.000 dollars aux sans-papiers privés d’emploi par la pandémie, une mesure controversée dont le gouverneur a soumis l’application à l’adoption de strictes mesures anti-fraude.
La création d’un «fonds pour les travailleurs exclus» a été votée mercredi par le Parlement à majorité démocrate, dans le cadre du vote du budget de l’Etat de New York pour l’année fiscale 2022, qui s’est étalé sur plusieurs jours. Destiné aux personnes privées d’emploi pendant la pandémie mais n’ayant pu percevoir jusqu’ici ni assurance-chômage ni chèques gouvernementaux, ce fonds doit être doté de 2,1 milliards de dollars, sur un budget total d’un montant record de 212 milliards, très marqué par la pandémie.
Selon le Fiscal Policy Institute, institut économique favorable à la mesure, il pourrait permettre à plus de 90.000 personnes arrivées clandestinement dans le pays de toucher jusqu’à 15.600 dollars, et à quelque 200.000 autres de toucher plus de 3.000 dollars. «C’est ça, l’équité économique», a tweeté jeudi l’élue démocrate Carmen de la Rosa, qui a poussé cette mesure, sans équivalent aux Etats-Unis. Il faut «s’entraider en ces temps difficiles. Puisse le reste du pays suivre notre exemple», a-t-elle ajouté.
Inquiétudes
La mesure a été applaudie par les associations de défense des sans-papiers, qui avaient organisé plusieurs manifestations pour la réclamer. Mais tandis que les arrestations d’un nombre record de personnes arrivées clandestinement à la frontière américano-mexicaine ont relancé le débat polarisé sur l’immigration, de nombreux républicains ont dénoncé la mesure. «Je ne comprendrais jamais comment les démocrates peuvent donner la priorité à des ressortissants d’autres pays sur des citoyens américains qui les ont élus», avait tweeté avant le vote Nicole Malliotakis, élue républicaine new-yorkaise.
Des démocrates représentant des circonscriptions qui pourraient basculer pour les républicains aux prochaines élections, en novembre 2022, s’inquiètent aussi, «en privé», des réactions à cette mesure, selon le New York Times. Bien qu’affaibli par plusieurs scandales, le gouverneur démocrate Andrew Cuomo, tout en ayant donné son accord de principe au budget, s’est dit «inquiet» de possibles fraudes pour obtenir ces aides. Il a demandé au comptable-en-chef et à la procureure de l’Etat de «vérifier le programme et ses règles pour s’assurer de sa protection contre les fraudes». «Tant que la procureure n’aura pas validé le programme, nous ne l’appliquerons pas», a déclaré mercredi le gouverneur, sans donner aucun calendrier.
Taxer les riches
Autre mesure controversée adoptée par la majorité démocrate dans ce budget, poussée par le mouvement croissant pour une plus lourde taxation des riches: une augmentation de l’impôt sur le revenu pour les New-Yorkais gagnant plus d’un million de dollars annuellement, de 8,82% à 9,65%. Ajouté à la taxe municipale en vigueur à New York même, le taux passe à 13,5%, le plus élevé du pays, alimentant les craintes d’un exode des riches.
«New York est très dépendante des caprices des marchés mondiaux et d’une population très mobile», a estimé jeudi «Partnership for New York City», association de dirigeants d’entreprises new-yorkaises. Avec quelque 100 milliards d’aides fédérales déjà prévus pour New York dans le plan de relance adopté début mars, «New York aurait pu respirer et digérer l’impact de la pandémie, avant de s’engager à augmenter fortement ses dépenses et ses impôts».
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