Un collectif réunissant des fils et descendants de tirailleurs sénégalais demande le limogeage du ministre.
Le gouvernement sénégalais a fustigé jeudi un de ses ministres ayant qualifié de « traîtres » les tirailleurs sénégalais, troupes d’infanterie ayant participé aux campagnes coloniales menées par la France, soulevant un tollé dans l’ancienne colonie française.
Ministre en charge de l’Administration et de l’Equipement, Cheikh Oumar Diagne avait affirmé que « ceux qui célèbrent les tirailleurs ne savent pas ce que sont » en réalité ces soldats coloniaux, dans une interview avec une télévision locale, fafa Tv, diffusée le 21 décembre.
« Cette sortie est très malheureuse. Je suis en total déphasage avec ce que Cheikh Oumar Diagne a dit. Je considère que ces tirailleurs sont des héros de la Nation », a critiqué le porte-parole du gouvernement, Moustapha Njekk Sarré, sur la radio privée RFM qui fait partie du groupe Futurs Medias.
Il s’est interrogé sur les raisons du ministre de « ramer à contre-courant » sur les tirailleurs alors qu’ « il n’y a pas plus d’un un mois, le président de la République (Bassirou Diomaye Faye) a organisé une grande cérémonie en leur honneur ».
« Il n’a plus sa place dans la République »
Un porte-parole d’un collectif réunissant des fils et descendants de tirailleurs sénégalais, l’ancien ministre Lamine Bâ, a dénoncé jeudi « les propos insultants et honteux » de Cheikh Oumar Diagne, lors d’une conférence de presse à Dakar.
« Nous exigeons son limogeage parce qu’il n’a plus sa place dans la République », a dit Thierno Birahim Guèye, un autre responsable du collectif selon lequel leur organisation a déposé plainte contre le ministre. Sur internet et dans les médias, les propos de Cheikh Oumar Diagne ont également été critiqués, certains réclamant sa démission.
Le Sénégal a commémoré cette année, avec une envergure inédite, les événements du 1er décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar. Les forces coloniales françaises avaient tiré sur des tirailleurs rapatriés des combats en Europe, pas seulement sénégalais mais provenant aussi d’autres pays africains, qui réclamaient le paiement d’arriérés de solde.
De nombreuses zones d’ombre subsistent sur les circonstances du drame, le nombre de tirailleurs tués, leur identité, le lieu de leur inhumation. Les autorités françaises de l’époque avaient admis la mort de 35 personnes. Fin juillet, six tirailleurs africains exécutés en 1944 ont été reconnus « morts pour la France » à titre posthume. Plusieurs historiens avancent un nombre de victimes bien plus élevé, jusqu’à 400.
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