Politique

Macky Sall, une gestion en question

A plus de huit ans d’exercice de pouvoir, le président de la République, Macky Sall, est loin d’être convaincant en matière de réforme. Alors qu’il est présenté par certains de ses proches comme un « grand » réformateur des institutions de la République », ces réformes ou mesures sont souvent une source de division de l’opinion en raison parfois du contexte de leur adoption ou mise en œuvre.

L’adoption par l’Assemblée nationale du projet de Loi n°46/2020 modifiant la loi n°69-29 du 29 avril 1969 relative à l’état d’urgence et à l’état de siège, le lundi 11 janvier dernier, remet au gout du jour le débat sur la portée des mesures ou réformes du régime en place.

En effet, alors que cette modification permet l’adaptation de la législation nationale au défi actuel lié notamment aux catastrophes naturelles ou sanitaires, ce texte, comme la plupart de certaines mesures phares déjà initiées par le régime en place, a été plutôt à l’origine d’une vive controverse au sein de l’opinion nationale.

La nouvelle écriture des articles 24 nouveau et 25 nouveau qui écartent l’Assemblée nationale au profit du président de la République qui peut déléguer ses pouvoirs au « Ministre de l’Intérieur, tout ministre dont l’intervention est nécessaire, les gouverneurs et les préfets » dans le processus devant conduire à la mise en branle d’un régime d’exception en cas de catastrophes naturelles et sanitaires, à son exécution et son renouvellement dans un délai d’un mois, a plus provoqué des suspicions chez bon nombre d’acteurs de la scène politique mais aussi de la société civile. Ces derniers, loin de rejeter cette réforme, dénoncent plutôt une « marginalisation de l’Assemblée nationale sur des questions aussi importantes que l’exercice des droits des citoyens dans un contexte de gestion des situations d’urgence sécuritaire et sanitaire ».

Toutefois, il faut préciser que cette situation n’est pas une nouveauté sous le régime en place. Depuis son arrivée au pouvoir, l’actuel chef de l’état a déjà fait face à plusieurs agitations contre ses mesures et/ou ré formes de la part non pas uniquement de ses adversaires politiques mais aussi d’une bonne frange de la société civile. C’est le cas notamment lors du référendum du 20 mars 2016.

Très attendu par bon nombre de Sénégalais en ce sens qu’il devait permettre l’adoption des réformes préconisées par cette commission, ce rendez-vous a finalement viré à un théâtre de confrontation entre opposants et partisans du oui après la décision du président Sall de choisir à lui seul ce qui est bon pour le peuple sénégalais, suite à la réception du rapport de la Commission nationale de réformes des institutions (Cnri).

A côté des réformes, il y a également les manquements au principe de la bonne gouvernance notés dans la mise en œuvre de certaines mesures phares. Il en est ainsi de la mesure de distribution des denrées alimentaires au profit des couches vulnérables lors de la première vague de propagation de la pandémie du nouveau coronavirus au Sénégal en mars de l’année dernière.

Décrétée par le chef de l’Etat, Macky Sall lui-même dans le cadre de la stratégie gouvernementale de riposte contre la première vague de la Covid-19, cette mesure de distribution des denrées alimentaires a été très vite fourvoyée dans sa phase de mise en œuvre par de scandales présumes dans la gestion de l’enveloppe de 69 milliards affectés par l’Etat à l’ancien ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, non moins beau-frère du président Macky Sall. Une situation qui avait fini par impacter négativement sur la portée de la mesure sociale du président de la République.

Nando Cabral Gomis

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