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L’Union des magistrats du Sénégal (UMS) dénonce les attaques récurrentes contre la justice et menace

L’Union des magistrats du Sénégal (UMS) a organisé, hier, un point de presse pour fustiger les attaques récurrentes contre l’institution judiciaire. Elle en a profité pour s’expliquer sur les lenteurs judiciaires en attirant l’attention des populations sénégalaises qui sont près de 17 millions d’habitants pour seulement 510 magistrats.

Les magistrats ne sont pas contents de certains propos sortis récemment et de manière récurrente par des acteurs politiques sur la scène publique.

Devant la presse, Ousmane Chimère Diouf, le président de l’UMS a dénoncé les attaques personnelles dont certains magistrats font l’objet. « Ces derniers temps, l’institution judiciaire a été à nouveau la cible de critiques de citoyens intéressés directement ou indirectement dans des procédures en cours. S’adonnant de ce fait à des attaques personnelles contre des magistrats et à des actes de défiance envers l’institution.

L’UMS tient à fustiger et à condamner ce genre d’attitudes en rappelant l’histoire politique du Sénégal, mouvementée qu’elle a été et qui s’est toujours déroulée dans le respect dû aux institutions et aux hommes et femmes qui les animent» a-t-il expliqué. À l’en croire, même si les décisions rendues par l’institution judiciaire peuvent être sources de frustrations, cela doit se faire dans le strict respect des principes républicains.

« Il ne peut être permis à un justiciable, quel que soit son rang, de se hisser au- dessus des lois en s’arrogeant le droit de vouer aux gémonies le respect dû à la justice. Les institutions de la République sont au-dessus de tout intérêt personnel. Elles sont en effet pérennes alors que lesdits intérêts ne sont que provisoires», a soutenu le président de l’UMS.

Les magistrats ne rendent pas leurs décisions pour faire plaisir à qui que ce soit
Pour Ousmane Chimère Diouf, les magistrats ne rendent pas leurs décisions pour faire plaisir à qui que ce soit. «Ils doivent tout juste se soucier du respect de la loi. Notre mission consiste à aller chercher la vérité sur la base des éléments versés dans des dossiers.

À ce titre, il est bon de rappeler que nous sommes disposés à recevoir toute demande tendant à la manifestation de la vérité. En précisant cependant que seule une exigence légale est recevable devant nous et qu’il n’est pas question de donner suite à celles émanant de justiciables quel que soit leur rang et statuts fondés sur leur propre désidérata » a-t-il poursuivi.

Invitant les sénégalais à faire preuve de compréhension à leur égard notamment sur les lenteurs judiciaires. Ousmane Chimère Diouf a expliqué que les magistrats sont 510 pour 17 millions d’habitants et que chaque magistrat détient un minimum de 500 dossiers sur son bureau. Cependant cela ne doit pas les dédouaner pour aller dans le sens des traitements rapides des dossiers entre leurs mains.

«L’UMS tient à rappeler à ses membres ses principes de base ainsi que la solennité qui doit entourer les procédures judiciaires et insiste également sur l’obligation que nous avons à faire face à nos responsabilités en traitant d’une part les procédures dans des délais raisonnables en ne se souciant que de la recherche de la vérité et, d’autre part, tous les justiciables de la même façon et enfin à faire face à toute forme de pression d’où qu’elles viennent » a-t-il indiqué avant de rappeler que la recherche du populisme n‘est pas l’office du juge.

Cependant, le patron de l’UMS a insisté sur le fait que les magistrats ne peuvent pas servir de bras armés utilisés pour la liquidation d’adversaires politiques. Il a invité « tout citoyen poursuivi, de se défendre librement et de ne pas croire que la politique est une cause d’irresponsabilités pénales ».

À preuve, renseigne le président de l’UMS, une présumée victime dénoncera des faits, mais le ministère public requerra à charge ou à décharge, le juge d’instruction également instruira à charge ou décharge, le tribunal prononcera une culpabilité ou une relaxe et la défense usera de tous les moyens à sa disposition à toutes les étapes de la procédure.

Ousmane Chimère Diouf liste les tares du métier de magistrat
Et de conclure « Chaque fois, faisons l’objet d’attaques injustifiées car certaines personnes font l’objet d’attaques injustifiées car certaines personnes ne comprennent pas le fonctionnement de la justice. On a une obligation dite de réserve. On ne peut pas tout le temps répondre, notre statut ne nous le permet pas. Mais, en un moment donné, dans un souci de pédagogie pour faire connaître à la population comment cela fonctionne (…) Nous ne sommes pas là à répondre aux dires de M. Sonko (… ) Sur certains passages, il a parlé de la justice.

Nous ne sommes pas là pour polémiquer avec qui que ce soit mais pour clarifier certains points. Les attaques sont nombreuses et récurrentes, il y a eu certains avant lui. Je tiens à dire qu’avant de critiquer la justice, il faut savoir comment elle fonctionne. C’est un préalable nécessaire. Ne pas trop se focaliser sur ses propres intérêts pour critiquer l’institution sans connaitre son fonctionnement (… ) il faut que les gens apprennent à gagner et à perdre en toute bonne foi et en toute logique.

Chez nous, il n’y a pas de matchs nuls, il faut un gagnant et un perdant… ce qu’on nous reproche, c’est le fait de ne pas parler, les gens en abusent parfois parce que cet excès de communication et notre silence combinés nous sont défavorables. Un magistrat ne peut pas tout le temps faire des sorties dans la presse. Ce n’est pas possible.

Nous gérons des procédures et c’est notre statut qui nous l’impose dans le secret. Nous n’allons pas venir ici discuter de procédures judiciaires en cours. On n’en a pas le droit, mais on peut expliquer aux gens ce qu’est la procédure. C’est la loi ».

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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