Vénézuela

L’opposition Vénézuélienne remporte une victoire historique sur les terres d’Hugo Chavez

L’opposition vénézuélienne a remporté une victoire historique dimanche lors des élections du gouverneur de l’Etat du Barinas, poste tenu depuis 1998 par la famille de l’ancien président Hugo Chavez, au terme d’un scrutin qui a vu le pouvoir tout faire pour arracher la victoire, après une première élection annulée par la justice en novembre 2021.

Inconnu ou presque il y a quelques semaines, l’opposant Sergio Garrido, élu régional, avait remplacé au pied levé le candidat d’opposition, Freddy Superlano, qui était en tête des suffrages quand la justice avait annulé le vote et l’avait déclaré inéligible.

Selon les résultats annoncés en soirée par le Conseil national électoral (CNE), Garrido a remporté une victoire confortable, en recueillant 55,36% des suffrages, contre 41,27% pour Jorge Arreaza, le candidat du pouvoir.

Des décennies de main mise de la famille Chavez sur le poste de gouverneur de cet Etat stratégique se termine. La dynastie avait commencé avec le père du président, Hugo de los Reyes Chavez (1998-2008) et s’était poursuivie avec ses frères Adan (2008-2016) et Argenis (2017-2021).

« Nous n’avons pas réussi l’objectif » de gagner, a écrit dimanche soir M. Arreaza, ancien gendre de Chavez sur son compte Twitter, avant même l’annonce des résultats.

Ancien vice-président du Venezuela et ex-ministre des Affaires étrangères, Arreaza, poids lourd du chavisme, avait été parachuté dans cet Etat de l’ouest du pays pour remplacer le gouverneur sortant Argenis Chavez, qui avait renoncé à se représenter après le premier scrutin.

Opposition divisée en novembre
« Le noble peuple de Barinas a remporté la victoire », s’est quant à lui réjoui sur Twitter Sergio Garrido, propulsé gouverneur. « Avec l’union et la force de chacun d’entre vous, nous avons réussi… réussi à vaincre les obstacles et les adversités malgré tout ce que nous avons dû affronter ».

Divisée lors des élections du 21 novembre, l’opposition avait subi au niveau national une cinglante défaite face au pouvoir, qui avait remporté 19 des 23 Etats et la mairie de Caracas.

Outre le symbole d’avoir battu les Chavez, l’opposition remporte une région clé pour le président Nicolas Maduro, successeur de Chavez, avec ses plaines agricoles, ses réserves pétrolières et sa situation proche de la frontière colombienne où sévissent guérillas et narcotrafiquants.

Pendant la campagne, Garrido avait critiqué « le détournement » des ressources de l’Etat pour favoriser le candidat du pouvoir. Et dimanche, il a dénoncé l’arrestation « injustifiée » de deux militants à Barrancas. L’AFP n’a pas pu confirmer ces arrestations.

Le scrutin était encadré par un important dispositif sécuritaire avec quelque 25.000 agents des forces de l’ordre dont 15.000 militaires.

« L’opposition a gagné (en novembre) et cela ne leur a pas plu, car ils veulent continuer avec leur hégémonie et leur dynastie », avait déclaré à l’AFP Nelson Leon, professeur de musique, 68 ans, après avoir voté près de la Plaza Bolivar, dans le centre de Barinas.

En novembre, tandis que les résultats étaient publiés pour les autres Etats, ceux du Barinas avaient été retardés pendant des jours, puis finalement suspendus, alors que, après le dépouillement de 90% des bulletins, Freddy Superlano menait avec 37,60% des voix, contre 37,21% pour Argenis Chavez. L’opposition avait dénoncé un « bidouillage ».

Le pouvoir vénézuélien a mobilisé sa machine électorale pour le nouveau scrutin et envoyé ministres et hauts fonctionnaires dans la région pour battre le pavé aux côtés d’Arreaza.

Barinas est, comme le reste du pays, empêtré dans une crise économique qui a fait chuter le PIB par habitant de ce pays producteur de pétrole au niveau de celui d’Haïti.

« J’ai toujours voté et je viens exercer mon vote normalement pour qu’on conserve le gouvernorat », avait affirmé quant à lui Fajardo Romero, 56 ans, pompier et milicien pro-pouvoir, à Ciudad Tavacare, un grand ensemble de logements sociaux où des portraits de Chavez, président du Venezuela de 1999 jusqu’à son décès en 2013, ornent les murs.

Avant le scrutin, le directeur de l’institut Delphos, Felix Seijas, estimait que « le gouvernement fait tout ce qu’il peut pour gagner le Barinas » alors que l’opposition veut organiser un référendum pour tenter de destituer le président Nicolas Maduro.

« Ils ne peuvent pas permettre une victoire de l’opposition, car cela alimenterait le discours selon lequel le chavisme n’est pas tout-puissant », disait-il.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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