Deux figures de l’opposition au Rwanda ont dénoncé le silence du président français sur la question des droits humains dans leur pays, dans un communiqué conjoint publié mardi, deux jours avant la visite d’Emmanuel Macron à Kigali.
«Il est clair que le président Emmanuel Macron ne discute plus des sujets qui fâchent le Front patriotique rwandais (FPR), qui dirige le pays d’une main de fer», accusent Victoire Ingabire et Bernard Ntaganda.
Emmanuel Macron «n’hésite pas à fustiger publiquement des régimes dictatoriaux mais demeure silencieux devant le règne autoritaire et les violations des droits humains du régime rwandais», poursuivent-ils.
«Dès lors, pour le président Emmanuel Macron, il y a des bons et des mauvais dictateurs. L’opposition interne rwandaise déplore cette politique macroniste et rappelle que cette visite ne peut être un succès pour les peuples français et rwandais que si elle remplit les conditions suivantes: demander une ouverture démocratique au Rwanda; demander le respect des droits humains au Rwanda.»
Le président français est attendu jeudi dans la capitale rwandaise, une nouvelle étape dans la normalisation des relations entre Paris et Kigali, empoisonnées durant des décennies par l’attitude de la France face au génocide des Tutsis de 1994.
Le président se rendra au mémorial du génocide de Gisozi, à Kigali, où il prononcera une allocution qui devrait, selon la présidence française, être marquée d’une «solennité particulière», avant de se rendre à la présidence pour s’entretenir avec le président rwandais Paul Kagame. La question du rôle de la France avant, pendant et après le génocide des Tutsis du Rwanda, a été un sujet brûlant pendant des années et a même conduit à la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali entre 2006 et 2009.
Homme fort du Rwanda depuis 1994, M. Kagame est crédité du spectaculaire développement d’un pays exsangue après le génocide en 1994. Mais il est aussi accusé de bafouer la liberté d’expression et de réprimer toute opposition.
Victoire Ingabire avait été arrêtée en 2010 peu de temps après son retour d’exil au Rwanda alors qu’elle voulait se présenter à la présidentielle contre Paul Kagame. Elle avait été condamnée en 2013 à 15 ans de prison pour «conspiration contre les autorités» et «minimisation du génocide de 1994». Elle a été libérée en septembre 2018 dans le cadre d’une grâce présidentielle.
Bernard Ntaganda avait lui aussi fait part de son intention de se présenter contre Paul Kagame à la présidentielle de 2010. Il avait ensuite été arrêté et condamné à quatre ans de prison pour «divisionnisme» et «atteinte à la sûreté de l’État».
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