Economie

L’Opep+ reste prudente malgré des prix records

Les vingt-trois membres de l’alliance de l’Opep+ ont décidé mercredi de garder le rythme modeste d’augmentation de leur production, en dépit de l’envolée des cours de l’or noir et des tensions géopolitiques qui font planer une menace sur l’approvisionnement.

Les représentants des treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés via l’accord Opep+ ont convenu « d’ajuster leur niveau total de production de 400.000 barils par jour pour le mois de mars », a annoncé l’Opep dans un communiqué à l’issue d’une brève réunion, dont le résultat était largement anticipé.

Cette stratégie graduelle, renouvelée de mois en mois, a été entamée au printemps 2021 à la faveur du redressement de la demande, après des coupes drastiques pour faire face à la pandémie de Covid-19.

« La nouvelle n’est guère surprenante », a commenté dans une note Edward Gardner, de Capital Economics.

L’Opep+ n’a jamais dévié de sa ligne, « même en décembre lorsque les prix du pétrole ont plongé suite à l’émergence d’Omicron », le variant du Covid-19 qui avait momentanément affecté la demande, rappelle l’analyste, ou dans le contexte actuel de flambée des cours.

Au mois de janvier, le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI) comme le Brent ont grimpé de plus de 16%, les deux références du brut atteignant des sommets inédits depuis plus de sept ans.

Après la publication de la décision, le marché accentuait sa hausse, le WTI frôlant la barre symbolique des 90 dollars.

Objectifs non atteints
En réalité, l’Opep+ n’est même « pas en mesure » d’atteindre ses objectifs actuels, analyse Bjornar Tonhaugen, chez Rystad Energy.

Dans ces conditions, « annoncer une hausse plus forte de la production n’aurait pas de sens et ne ferait que nuire à la crédibilité » du groupe, souligne Carsten Fritsch de Commerzbank.

« C’est parce qu’un certain nombre de pays, comme l’Angola et le Nigeria, ne sont tout simplement pas en mesure d’augmenter davantage leur production », faute d’investissements suffisants pendant la pandémie et avant, explique-t-il. Et les autres États ne souhaitent pas combler l’écart.

Selon une enquête de l’agence Bloomberg, le volume total de l’Opep+ n’a augmenté que de 90.000 barils par jour en décembre, bien loin de l’objectif fixé à 400.000 barils.

« La Russie remplit ses engagements », a réagi de son côté le ministre russe de l’Energie Alexandre Novak, à la chaîne de télévision russe Rossiya 24. Il a par ailleurs évoqué « les nombreuses incertitudes » pesant encore sur la demande alors que la pandémie est toujours là.

Pour Louise Dickson, de Rystad Energy, l’alliance des 23 détient la clé pour équilibrer « un marché pétrolier en mal d’offre » et stopper la surchauffe des prix. « La seule solution à court terme devra être pilotée par l’Arabie saoudite, le producteur qui dispose de la plus grande capacité de réserve. »

Crises géopolitiques
Autre pays dont l’apport pourrait être décisif: l’Iran, poids lourd dont les exportations sont actuellement limitées par les sanctions américaines.

Les pourparlers de Vienne pour faire revenir les Etats-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien sont entrées dans la dernière ligne droite. En cas de succès, la République islamique bénéficierait d’une levée des mesures punitives à son encontre.

En attendant, le marché risque de poursuivre son ascension, dopé par de fortes tensions géopolitiques qui impliquent des mastodontes de la production et de l’exportation d’or noir: la Russie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Les Émirats arabes unis ont encore intercepté lundi un missile balistique lancé par les rebelles Houthis du Yémen, dernière attaque en date contre ce pays du Golfe qui fait partie d’une coalition militaire dirigée par Ryad.

Mais c’est une autre escalade qui occupe tous les esprits: les tensions sont au plus haut entre Moscou et les Occidentaux au sujet de l’Ukraine, près de laquelle la Russie a massé des dizaines de milliers de soldats et des armements lourds.

« Tant que la situation s’aggrave, cette crise ne peut que continuer à faire monter » les prix, estime pour l’AFP Neil Wilson, de Markets.com.

La prochaine réunion de l’Opep+ est prévue le 2 mars.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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