Politique

L’impossible unité de l’opposition sénégalaise face au régime de Macky Sall

Devenu un refrain pour la quasi-totalité des leaders de partis de l’opposition, au lendemain de sa défaite face au président Macky Sall, qui avait remporté la présidentielle de 2019 dès le premier de tour, mais surtout après les tumultes de mars dernier liés à l’affaire politico-judiciaire opposant Ousmane Sonko à une jeune fille, l’unité de l’opposition sénégalaise contre le régime en place reste toujours un rêve, voire une chimère.

La scission en de multiples coalitions de l’opposition pour les élections locales prochaines en est une parfaitement illustration puisqu’elle témoigne si besoin en était de l’impossible unité en son sein.

«Je réduirais l’opposition à sa plus simple expression». Cette déclaration du chef de l’Etat, Macky Sall, aussi violente soit-elle, se confirme pourtant de jour en jour. Pis, son opposition ne parvient toujours pas à s’unir pour faire face au régime en place.

En effet, la décision de certains partis de l’opposition, en l’occurrence Pastef d’Ousmane Sonko, Taxawu Sénégal de Khalifa Sall, le PDS avec Karim Wade ou encore le Pur de Serigne Moustapha Sy, de faire bloc aux élections locales du 23 janvier 2022, alors que des discussions étaient en cours pour une large alliance de l’opposition à ces joutes électorales, a remis le couteau dans la plaie déjà béante attestant de son impossible cicatrisation devant déboucher sur l’unité des acteurs de cette opposition pour faire face au régime de Macky Sall.

Des manœuvres et autres alliances éphémères foisonnent pourtant, depuis l’avènement du président Sall à la tête de ce pays. Pas plus tard qu’au mois de mars dernier, après les événements nés de l’affaire politico-judiciaire qui avait mis le pays sens dessus, sens dessous pendant plusieurs semaines et surtout entre les 3 et le 8 mars 2021, avec une quinzaine de morts, plusieurs centaines de blessés, des biens publics et privés pillés et/ou dérobés, entre autres, la quasi-totalité des discours des opposants au régime en place tournait autour de la nécessité de former un bloc de l’opposition pour faire face à ce régime et le battre.

De Khalifa Sall de Taxawu Sénégal à Barthélémy Dias, en passant par Ousmane Sonko de Pastef, ou encore El Hadji Malick Gakou du Grand parti, etc., le leitmotiv tournait autour de ce vœu ardent, qui semble dorénavant avoir pris du plomb dans l’aile, en prélude des locales prochaines. L’erreur commise par l’opposition lors des élections législatives de 2017, ayant favorisé la razzia de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yaakaar (Bby) qui a remporté 125 des 165 sièges que compte la 13ème législature, reste encore fraiche dans les mémoires.

Pourtant, l’opposition sénégalaise avait reconnu son erreur, notamment celle d’aller désunie à ces échéances de 2017. En effet, avant cette élection, celle-ci avait mis en place une coalition dénommée Mankoo Taxawu Senegaal, qui, non seulement avait soutenu, une dynamique de contestation du régime en place, mais surtout cherchait à imposer vaille que vaille une cohabitation parlementaire dans la législature qui devait sortir des joutes du 30 juillet 2017. Malheureusement, des querelles internes «politiciennes» pour la tête de liste de cette coalition avaient fait éclater cette union.

Pour rappel, le Chef de l’Etat avait encore réussi la «prouesse» de dynamiter l’élan unitaire de l’opposition, après la présidentielle de 2019 ? En effet, suite aux consultations et entretiens que Macky Sall, avait accordés à certains leaders de l’opposition, dans le cadre de l’ouverture du gouvernement à d’autres forces politiques, les coalitions de l’opposition avaient fini par voler en éclats. En perspective des locales, elle vient à nouveau de démontrer que les intérêts personnels passent avant tout.

JEAN MICHEL DIATTA

Articles Similaires

1 sur 123

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *