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L’ex-président péruvien, Pedro Castillo, placé en détention provisoire

L’ex-président péruvien, Pedro Castillo, placé en détention provisoire

La justice péruvienne a ordonné jeudi sept jours de détention provisoire à l’encontre de l’ex-président Pedro Castillo, destitué par le Parlement mercredi puis arrêté après sa tentative de « coup d’Etat ».

Placé la veille « en état d’arrestation », M. Castillo, poursuivi pour « rébellion » et « conspiration », avait été transféré de nuit dans une base de la police à Lima.

La Cour suprême a annoncé jeudi sur son compte Twitter avoir « ordonné sept jours de détention provisoire à l’encontre de l’ancien président Pedro Castillo ».

Les forces de sécurité ont effectué des perquisitions à l’aube à la présidence et dans certains ministères, à la recherche de preuves contre lui, notamment des enregistrements de caméras de surveillance, au lendemain de sa tentative de dissolution du Parlement et de gouvernance par décrets.

Pendant son audition jeudi en visioconférence devant la Cour suprême, l’ancien président de 53 ans est apparu portant la même veste bleue que la veille, ébouriffé. Manifestement nerveux, il a laissé la parole à ses avocats selon lesquels « le crime de rébellion n’a pas été commis » car il ne s’est pas matérialisé.

Réunis devant la base où est détenu M. Castillo, quelques-uns de ses partisans brandissaient des pancartes réclamant de nouvelles élections.

Un millier de manifestants ont défilé dans les rues du centre ville de Lima jeudi après-midi, réclamant la libération de M. Castillo.

« Pedro Castillo, le Pérou est avec toi » et « S’il n’est pas libéré, il y aura une révolution », scandaient les manifestants.

Les protestataires se sont rendus au siège du Parlement où ils ont été dispersés par la police avec des gaz lacrymogènes. Au moins trois manifestants ont été interpellés, a constaté l’AFP.

Quelques centaines de personnes se sont également rassemblées dans deux villes andines du sud, dans des fiefs où celui qui fut instituteur en milieu rural 24 années durant jouit d’un soutien populaire, contrairement à la capitale.

Mais ceux qui l’ont élu au second tour du scrutin de juin 2021 ne se sont pas mobilisés, ce jeudi étant un jour férié au Pérou. En seulement dix-sept mois de présidence qui ont vu la nomination de quatre Premiers ministres, M. Castillo a suscité une réaction de rejet parmi 70% de la population, selon un récent sondage.

« Gouvernement d’union »
Investie après la destitution de M. Castillo, sa vice-présidente Dina Boluarte –élue à ses côtés au sein du parti d’inspiration marxiste Pérou libre–, était pressée d’agir jeudi pour former un gouvernement d’ouverture et confirmer la solidité des institutions.

La toute première femme à la tête de l’Etat de ce pays latino-américain a demandé une trêve à l’opposition pour « installer un gouvernement d’unité nationale » alors que le doute plane sur sa capacité à survivre à la tempête politique.

Si elle a dit sa volonté de gouverner jusqu’en « juillet 2026 », date de la fin du mandat en cours de son prédécesseur, elle n’a pas écarté l’idée d’envisager des élections anticipées.

« Nous examinerons les solutions alternatives sur (la) meilleure façon de réorienter le destin du pays », a répondu l’avocate de 60 ans, interrogée lors de sa première conférence de presse jeudi à Lima.

Dina Boluarte a reçu jeudi le soutien de l’Union européenne dans « tous les efforts visant à rétablir le dialogue et à renforcer l’Etat de droit et les institutions démocratiques au Pérou » mais aussi des Etats-Unis pour le « gouvernement d’union » qu’elle a « promis de former ».

Le ministère français des Affaires étrangères a appelé à « un dialogue qui assure la stabilité du cadre institutionnel ».

Localement, l’ancien président péruvien Ollanta Humala (2011-2016) estime toutefois que Dina Boluarte n’a « pas de membres de son parti au Congrès: elle est seule » et « n’a pas les moyens de gouverner et devrait appeler à une élection anticipée ».

Mais Keiko Fujimori, candidate malheureuse de la droite populiste à la dernière élection présidentielle, l’a exhortée à former « un gouvernement d’ouverture, un très bon gouvernement et nous devons tout faire pour qu’il fonctionne au mieux ».

Asile au Mexique
La troisième procédure de destitution a eu raison mercredi du président de gauche radicale. M. Castillo a joué son va-tout en annonçant la dissolution du Parlement qui tentait de le faire tomber.

Mais aucun des corps de l’Etat ne l’a appuyé dans son entreprise, preuve de l’isolement dans lequel il était retranché.

Le Parlement a ignoré son annonce solennelle à la nation et a voté sa destitution pour « incapacité morale » –le scrutin a été retransmis en direct à la télévision. Une mesure approuvée par 101 des 130 parlementaires, dont 80 sont dans l’opposition.

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a confirmé jeudi des rumeurs selon lesquelles M. Castillo lui avait demandé l’asile politique dans l’ambassade de Lima avant d’être arrêté.

Il a expliqué avoir demandé à son ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard de donner des instructions à la mission diplomatique de Lima pour que, « conformément à la tradition de l’asile », M. Castillo y soit accueilli. Mais, a-t-il ajouté, finalement « il n’a pas pu aller plus loin, il a été immédiatement arrêté ».

M. Ebrard, a ultérieurement indiqué que des consultations étaient en cours entre les gouvernements mexicain et péruvien pour accorder l’asile politique à M. Castillo.

« Nous avons ouvert des consultations avec les autorités péruviennes », a-t-il tweeté, précisant que M. Castillo avait fait sa demande par l’intermédiaire de son avocat. L’ambassadeur du Mexique à Lima, Pablo Monroy, a rencontré M. Castillo jeudi dans la prison où il est détenu, a-t-il fait valoir.

Les poursuites pour rébellion et conspiration viennent s’ajouter aux six autres enquêtes pour corruption ou trafic d’influence visant Pedro Castillo, infractions dont sont également accusés des membres de sa famille et de son entourage politique.

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