L’ex-Premier ministre malaisien Najib Razak, a été reconnu coupable mardi dans son premier procès pour corruption, et condamné à douze ans de prison, deux ans après la chute de son gouvernement dans le retentissant scandale 1MDB.
La Haute Cour de Kuala Lumpur a également condamné l’ancien dirigeant de 67 ans à une amende de 210 millions de ringgits (42 millions d’euros) après l’avoir reconnu coupable de sept chefs d’accusation dans cette fraude de plusieurs milliards de dollars aux ramifications planétaires.
Mais Najib Razak a fait appel de sa condamnation et sera autorisé à rester libre sous caution jusqu’à ce que la procédure d’appel soit terminée.
Najib Razak est accusé d’avoir avec ses proches pillé le fonds souverain 1Malaysia Development Berhad (1MDB), censé contribuer au développement économique de la Malaisie.
Une partie des fonds détournés aurait servi à financer le film « Le Loup de Wall Street » avec Leonardo DiCaprio, tandis que la banque Goldman Sachs a été éclaboussée par l’affaire.
La colère des Malaisiens contre ce pillage a joué un grand rôle dans la défaite électorale surprise en 2018 de la coalition menée par Najib Razak, qui dirigeait le gouvernement depuis 2009.
Disgraced former Malaysian Prime Minister Najib Razak has been found guilty on seven charges related to the 1MDB scandal, which saw billions of dollars of taxpayers money funneled and embezzled out of Malaysia. https://t.co/IdVnNCqsv7
— CNN (@CNN) July 28, 2020
Le jugement a été accueilli comme une bonne nouvelle pour l’état de droit en Malaisie, alors que le parti de Najib Razak a regagné le pouvoir en mars après la chute d’une coalition réformiste.
Certains redoutaient que l’alternance n’affecte l’issue de ce procès, comme a semblé le présager l’abandon des poursuites contre Riza Aziz, le beau-fils de l’ex-Premier ministre et l’un des producteurs du « Loup de Wall Street », dans le cadre d’un accord avec le ministère public.
L’alliance « Le pacte de l’espoir », conduite par Anwar Ibrahim, qui avait contribué à évincer Najib Razak, a salué le verdict, y voyant « une immense victoire pour les Malaisiens. »
La condamnation de Najib Razak pourrait cependant fragiliser la nouvelle coalition au pouvoir, si les partisans de ce dernier lui retirent son soutien, ce qui conduirait à de nouvelles élections.
« Cleptocratie »
Ce premier procès devant la Haute cour de Kuala Lumpur, qui a duré seize mois, portait sur le transfert de 42 millions de ringgits (9,9 millions de dollars) de SRC International, une entité du fonds, vers les comptes bancaires de Najib Razak.
Ce dernier a systématiquement rejeté toutes les accusations.
Mais le juge Mohamad Nazlan Mohamad Ghazali a méthodiquement balayé mardi matin tous ses arguments pour le déclarer coupable des sept chefs d’accusation d’abus de pouvoir, abus de confiance et blanchiment d’argent.
Le procureur avait appelé à une lourde peine. « Cette affaire a donné de pays l’image d’une cleptocratie, et les Malaisiens ne méritent pas cela », a-t-il dit.
Najib Razak est demeuré calme, inclinant la tête après la lecture du verdict. A l’extérieur, des centaines de ses partisans qui l’avaient accueilli à son arrivée au tribunal, scandaient des slogans de soutien.
Les avocats de Najib Razak ont présenté l’ex-Premier ministre en victime, désignant le financier malaisien, Low Taek Jho, comme principal responsable et « cerveau » du pillage.
Aussi surnommé Jho Low, l’homme poursuivi en Malaisie et aux Etats-Unis, reste introuvable mais a protesté de son innocence par l’intermédiaire de ses avocats.
Le tribunal a cependant jugé « tirée par les cheveux » la thèse selon laquelle Najib Razak aurait été piégé par Low Taek Jho, de même que l’argument selon lequel l’ex-dirigeant pensait que les sommes sur son compte correspondaient à un don de la monarchie saoudienne.
Les détournements jugés dans le premier procès de Najib Razak sont modestes au regard de ceux visés par son deuxième procès, le plus important, qui porte sur plus de 500 millions de dollars.
Le ministère américain de la Justice, qui mène sa propre enquête sur des allégations de blanchiment d’argent par le biais du système financier américain, estime que 4,5 milliards de dollars ont été détournés du fonds souverain par l’ex-Premier ministre malaisien et ses proches.
La Malaisie avait accusé Goldman Sachs et plusieurs de ses responsables d’avoir permis les détournements en organisant une émission obligataire de 6,5 milliards de dollars pour 1MDB.
Mais vendredi, la Malaisie a conclu un accord de 3,9 milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites contre le géant de Wall Street.
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