Lettre ouverte

Lettre ouverte au président Macky Sall – Par Abdourahmane DIENG

Monsieur le Président de la République.

Vous êtes dans le déni…

Sentez-vous la grogne populaire?

Monsieur le président de la république je suis persuadé qu’un homme qui a atteint la plus haute stature d’une nation doit parfois se sentir seul. Oui, esseulé ! Vous devez parfois, dans votre lit, vous réfugier dans votre solitude afin de passer au peigne fin tous les mouvements compulsifs et violents de notre chère nation en déliquescence.

« Tâtez le poul » de ce pays et vous verrez que le tissu social autrefois hautement sanctifié et qui était le soubassement de notre commun vouloir de vie commune est en train de se déchirer lamentablement.

Vous persistez dans le reniement de la parole depuis 2012 avec votre mandature dont vous avez promis moultes fois de réduire. De plus, votre déclaration à ne jamais signer un décret nommant votre petit frère à un quelconque poste de responsabilité n’a jamais été respectée. Aujourd’hui, la famille, les copains et les coquins sont aux commandes. Ils peuvent se permettre tout et n’importe quoi sans par ailleurs être inquiétés. Plusieurs fois, le peuple sénégalais a été témoin de votre charlatanisme et de votre duplicité.

Réfléchissez froidement à la situation Monsieur le Président de la République. Un peuple qui vous a élu à plus de 60% des suffrages valablement exprimés lors des élections présidentielles de 2012 et avec lequel vous peinez aujourd’hui à obtenir la majorité à l’Assemblée Nationale.

Ce peuple vous a définitivement tourné le dos.

Le délit d’offense au chef de l’état, cette loi d’une autre époque qui dénote d’une survivance de la notion de crime de lèse-majesté, agitée chaque fois qu’un honnête citoyen donne son point de vue sur la marche de la nation, est une véritable aberration.

Aujourd’hui, force est de constater que dans toutes les démocraties modernes, le chef de l’état reçoit parfois les critiques les plus acerbes en toute liberté. Car si vous êtes président, vous l’êtes pour toutes les franges de la population sans distinction aucune et votre responsabilité réside dans le sens de l’écoute active accordée à votre peuple à tout prix.

Toutes les civilisations dites modernes ont dépassé de très loin ces pratiques moyenâgeuses qui dénotent de l’autoritarisme. Monsieur le Président, nous autres citoyens de la diaspora sénégalaise suivons avec de la peine ce qui se passe au Sénégal. Il y’a une psychose évidente au Sénégal. Personne n’a l’audace de dire ce qu’il pense. Les libertés individuelles acquises d’âpres luttes sont aujourd’hui ostensiblement réduites à peau de chagrin.

Que s’est-il passé entre 2012 et aujourd’hui pour que vos collaborateurs s’attaquent à des icônes très respectés de notre lutte démocratique comme Monsieur Alioune Tine. Décidément, vous êtes amnésique !

Tout porte à croire que vous avez un agenda caché que vous déroulez tranquillement sans broncher. Vous pouvez être très intelligent mais sachez que vous ne l’êtes pas plus que 17 millions de sénégalais. Aujourd’hui, la question du dialogue est agité à tout va.

Quel crédit donnerais-je à un semblant de dialogue ou le parti le plus sociologiquement représentatif se voit traquer de toute part ? Des journalistes sont injustement emprisonnés et vous persistez dans le déni qu’il n’y a pas de prisonniers politiques. Plus de 300 personnes croupissent dans les geôles juste pour la simple raison d’avoir exprimé leurs opinions. Ce qui se passe dans ce pays est indigne d’une démocratie fut-elle mineure comme la nôtre.

Toutes ces agressions physiques et verbales à l’encontre de votre principal challenger constituent des balafres hideuses sur le visage de notre démocratie hautement chantée partout en Afrique.

Dans la conscience collective, les sénégalais n’ont cure de ce dialogue. Les priorités sont ailleurs Monsieur le Président de la République.

Faites face aux sénégalais et dites leur la vérité. Celle-là qu’ils veulent entendre. Dites aux sénégalais que vous ne vous présenterez pas à un « second quinquennat » comme le crie de manière éhontée et grossière vos partisans. Le Sénégal s’achemine vers des lendemains très sombres et vous êtes le seul en position d’assurer la paix et la stabilité dans cette situation. Décrispez l’espace politique et commencez par libérer les otages politiques dont vous niez l’existence.

Sentez-vous le vent de changement qui souffle partout en Afrique ?

Aujourd’hui il est manifeste que la jeunesse africaine qui jusque là était orpheline de figure emblématique comme Patrice Lumumba ou Thomas Sankara, s’identifie au discours et parcours d’Ousmane Sonko. Aujourd’hui, avec l’avènement de ce qui communément appelé « réseaux sociaux », l’information circule à une vitesse grand « V », ce qui fait que cette même jeunesse sait ce qui se passe partout dans le monde avec une instantanéité effarante. Par ailleurs elle a les mêmes aspirations et exigences citoyennes que celle européenne ou américaine.

Monsieur le Président, vous et ceux-là qui croient que l’on doit continuer à faire de la politique comme on en faisait durant la période post coloniale êtes en retard sur votre époque. Votre régime finissant a trop fait de mal à ce peuple. Le vol et la gabegie impunis ont fini par être érigés en mode de gouvernance.

Vos collaborateurs continuent à répéter qu’on doit faire confiance au Conseil Constitutionnel. À quel Conseil Constitutionnel faire confiance ?

Celui-là qui a validé la candidature d’Abdoulaye Wade en 2011 et qui nous a valu un lourd bilan de plusieurs morts et blessés graves ? Je suis désolé mais les sénégalais ont perdu toute confiance en celui-ci.

Il suffit d’observer les émissions télévisées et de voir à quel point les vôtres traitent avec une condescendance ahurissante votre principal opposant et ses partisans.

Monsieur le Président, vous êtes face à votre destin. Satisfaire les caprices du prince ne doit nullement servir de prétexte pour mettre le Sénégal à feu et à sang.

Revenez à la raison pendant qu’il est encore tant, le Sénégal dépasse votre personne et vous n’avez pas de droit de faire hériter à vos successeurs d’un pays en lambeaux.

Ressaisissez-vous pour éviter que le Sénégal ne sombre dans un mal qui sera difficile à enrayer.

Soyez lucide et froid ! Ne vous aventurez pas à faire un mauvais choix car comme disait Jean Paul Sartre dans l’Être et le néant : « Choix et conscience sont une seule et même chose ».

Démocratiquement vôtre,

Abdourahmane DIENG.
Citoyen sénégalais vivant en Europe.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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