Des Commissariats de Police
J’ai toujours eu l’appréhension d’avoir à régler le plus petit papier au Ministère de l’Intérieur, parce qu’en général, les agents de service étaient particulièrement désagréables. Aussi, lorsque j’en parla un jour à mon ami polytechnicien, spécialiste multidimensionnel, Abdoul Aziz Gueye, il me dit que c’est certainement dû à l’intonation de ma voix, qui est trop douce. Je me suis tordu de rire, mais curieusement, il avait apparemment raison.
Mon ami Aziz me mit en rapport avec l’Assistant du Ministre de l’Intérieur, feu l’Adjudant Moussa Diop (paix à son âme), un homme formidable, et à chaque fois que je me rendais dans un Service du Ministère de l’Intérieur, je l’informais et il appelait pour annoncer mon arrivée, comme ami du Ministre, que je connaissais à peine et que je n’avais pas vu depuis Mathusalem.
Avant lui, mon frère qui connaissait la terrible appréhension que j’ai toujours eue à faire face aux Services du Ministère de l’Intérieur, faisait en général le nécessaire pour moi, pour m’éviter le minimum de contacts avec lesdits services. Je venais juste pour les formalités qui exigeaient ma présence et il s’occupait du reste.
C’est ainsi que je suis allé un jour au Commissariat du Point E pour des formalités, mais l’Assistant du Commissaire me fit savoir que celui-ci tenait à me voir.
Le Commissaire avait remarqué que j’étais Conseiller Spécial du Premier Ministre et m’exposa un problème particulier auquel il doit faire face : il couvre la Zone de Fann Résidence où sont domiciliés beaucoup de diplomates et il n’était pas bon pour l’image du Sénégal que ceux-ci voient le Commissariat dans un état aussi déplorable lorsqu’ils y passent pour résoudre des problèmes.
Je lui fis comprendre que je n’avais pas le pouvoir de faire inscrire des crédits pour le Commissariat du Point E, mais je pouvais débloquer à titre personnel une enveloppe pour mettre les locaux dans un état relativement correct. Je lui remis une enveloppe consistante à cet effet. Des problèmes du même ordre me furent posés au niveau de la Section Urbaine du Commissariat Central et avec mon ami Ousmane Diop, un Administrateur de Sociétés que j’avais sensibilisé sur la question, nous avions débloqué une enveloppe consistante pour que celle-ci ait un aspect plus présentable.
Ces appuis aux Services de l’État ne me posaient pas de problèmes puisque je venais d’une institution (BCEAO) où certains goulots d’étranglement étaient inimaginables et j’ai dû moi-même faire face dans mes premières années comme Directeur de la Prévision et de la Statistique au début des années 2000, à l’incompréhension notoire des Services du Ministère de l’Économie et des Finances qui m’exigeaient des factures pour l’achat de produits pour le calcul de l’indice des prix, même pour les poissons achetés à Soumbédioune.
Pendant quatre années environ, je ne connaissais pas la couleur des fameux fonds communs, puisque les miens étaient utilisés pour l’achat de produits pour le calcul de l’indice des prix, alors que l’État devait prendre en 2000 le relais de l’UEMOA qui finançait cette activité depuis la dévaluation de 1994.
Mon Assistante, Madame Fatou Camara, une brave femme, avait exigé à mon insu de mes plus proches collaborateurs qu’ils fassent également un effort symbolique et tous l’avaient fait, à commencer par elle.
Il a fallu qu’une mission du FMI conduite par Mme Lucie Laliberté découvre cette situation, proteste auprès du Ministre en charge du Budget de l’époque, qui était dans tous ses états et celui-ci ordonna qu’une solution soit trouvée dans les plus brefs délais. En moins de 24h, une solution fut trouvée. C’est dire la mauvaise volonté qui caractérise parfois les services administratifs.
A peine avais-je commencé à savourer les délices procurés par ces fameux fonds communs, que je me retrouvais à nouveau avec des problèmes financiers à résoudre dans le cadre de mes activités professionnelles et ce, avec mes propres ressources : je venais d’être nommé cumulativement à mes fonctions de Directeur de la Prévision et des Études Économiques, Directeur Général de l’Agence de Diamniadio (ADPMD).
La situation financière critique de l’Agence avait nécessité un blocage des comptes bancaires, alors que les américains exigeaient dans l’immédiat le recrutement des experts et leur équipement en matériaux de travail.
J’ai dû débloquer dans l’urgence un montant considérable d’un prêt que je venais de faire à la BCEAO et des équipements furent achetés pour les experts que je venais de recruter. Les factures étaient conservées en guise de souvenir peut-être, par mon Assistante Mme Safiétou Ly Ba, qui était révulsée par cette situation.
Je ne devrais donc pas Monsieur le Ministre me présenter à chaque fois avec appréhension devant vos services, pour avoir servi l’État au plus haut niveau, avec loyauté et abnégation, intellectuellement et financièrement.
Pourtant, c’est le cas, puisque mon passeport est arrivé à expiration depuis le mois de mars 2024, mais l’idée même de me rendre sans recommandation à la Direction des Passeports me rend malade, puisque de surcroit, vos services nous ont catégorisés avec l’expression péjorative et xénophobe de « noms douteux».
De la Gendarmerie
J’ai eu peu de contacts auparavant avec les Services de la Gendarmerie en raison de mes lieux de résidence. Dans les rares cas où c’est arrivé, j’ai pris la précaution d’appeler auparavant mon ami d’enfance le Colonel El Hadj Mamadou Dia aujourd’hui à la retraire et tout se passait très bien.
Le samedi 17 aout 2024, j’ai dû me rendre au Camp de Gendarmerie de Ouakam à 23h environ, parce qu’une deuxième fois en moins de deux jours, un même monsieur stationnait devant mon garage et refusait de venir déplacer sa voiture alors qu’on l’appelait à cet effet depuis 19h.
Je suis entré dans le Camp sans que ma voiture fasse l’objet d’une fouille. N’ayant aucune indication sur un lieu de stationnement, je me suis garé dans le premier endroit disponible en priant le ciel, qu’une grande voiture n’ait pas à passer, puisque j’aurais pu lui obstruer le passage.
On m’orienta vers le Commandant de Brigade (CB) qui discutait avec deux gendarmes dans son Bureau. Il me fixa droit dans les yeux, sortit avec ceux-ci et se dirigea vers un rassemblement de gendarmes. J’ai essayé de lui parler rapidement en lui remettant ma carte de visite pour qu’il regarde et sache que je ne suis pas un va-nu-pieds comme j’en donnais peut-être l’air, qui sait. Il avait apparemment d’autres préoccupations.
Un jeune gendarme, particulièrement bienveillant, qui suivait la scène, me recommanda d’aller parler au Permanencier. L’homme était en sandales, avec un air pas trop sympathique et me demandait de poser mon problème pendant que j’étais en train de me présenter.
Il se leva de sa chaise et se dirigea avec ses sandales vers le Bureau du Commandant de Brigade qui était déjà sorti. Le jeune gendarme, qui doit bien connaitre ses collègues, nous rejoignit dans le Bureau du Permanencier qui était déjà passé à autre chose et me fit des recommandations, notamment prendre des photos et repasser déposer une plainte.
C’est ainsi que je quittais les locaux de la Gendarmerie de Ouakam à 23h45 environ avec déception et un cœur meurtri.
Monsieur le Ministre, vos services se sont si concentrés ces trois dernières années dans la répression, qu’ils ont certainement oublié qu’ils étaient au service des citoyens.
Ce serait peut-être trop leur demander d’être bienveillants envers les aînés, mais demandez-leur au moins de s’acquitter avec correction de leurs missions à l’endroit des citoyens, parce qu’en tout état de cause, ce que j’ai vu au Camp de Gendarmerie de Ouakam n’était pas particulièrement exemplaire.
Avec tous mes respects
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