L’exploitation du zircon à Kayar et Diender n’est pas vue d’un bon œil par les populations locales. Après avoir opposé leur veto sur ce projet, la fédération des agropasteurs, les organisations communautaires et les autorités locales s’organisent pour faire face.
Après avoir tenu un atelier le 30 décembre dernier pour discuter en profondeur sur les enjeux du projet, ils préparent actuellement un rapport solide qui servira de document de plaidoyer, pour anticiper toutes les actions de l’Etat et de la société bénéficiaire du permis d’exploitation. Un comité intercommunal a été également mis en place pour coordonner les efforts et suivre de près le dossier.
Les populations de Kayar et de Diender veulent préserver durablement les terres agricoles de leur localité ainsi que les ressources naturelles et l’assiette foncière des deux communes. Ils se sentent menacés depuis que l’Etat du Sénégal a accordé un permis de recherche du zircon, dans une superficie de 36,9 km², entre les deux communes, à la société African investment Groupe (AiG).
Cette décision est perçue comme une volonté d’anéantir tous les efforts de développement local à travers l’agriculture et le maraîchage. C’est pourquoi ils s’organisent ces derniers temps pour pouvoir faire face à l’Etat et à la société bénéficiaire du permis d’exploitation. A la suite d’un atelier tenu le 30 décembre dernier, il a été discuté des enjeux fonciers et des mécanismes locaux inclusifs de gouvernance foncière et de la mise en place du Comité Intercommunal Cayar-Diender en rapport à la non-exploitation du zircon.
La création de ce comité de veille et chargé de porter le plaidoyer renseigne sur le niveau de préparation de ces deux communes et d’anticipation des actions de l’Etat et de la société qui doit exploiter cette ressource. Selon la fédération des agro-pasteurs de Diender (FAPD), un tel comité est d’une importance capitale pour coordonner leurs actions dans ce dossier.
La réalité, déplore-t-elle, c’est que ces deux localités font face à une accélération du processus de dégradation écologique dont les effets sont aggravés par les activités minières, la pression démographique, le développement des aménagements hydro-agricoles, l’urbanisation accélérée, etc. partout dans la zone des Niayes. Ce qui favorise, regrette-t-elle, de plus en plus la disparition de l’agriculture, l’élevage et la recrudescence des conflits fonciers (entre population et privés, entre agriculteurs et éleveurs) dans cette zone.
Du #zircon découvert dans la zone des Niayes. Depuis un certain temps les habitants de cette localité manifestent leurs inquiétudes mais tout le monde fait la sourde oreille. L’exploitation de cette ressource comblera-t-il le manque à gagner pour les populations?
# kebetu pic.twitter.com/P6nuBtvH0Q— Mamadou Samb🇸🇳 (@ViiHeuu) January 6, 2022
La FAPD dit être engagée dans ce combat pour la sécurisation foncière du patrimoine foncier des populations des communes de Diender et Kayar. Son Président Matar Ndoye estime que les informations recueillies attestent que les exploitants du zircon ont émis l’idée de faire d’abord une exploration durant quatre années, ensuite si les choses s’avèrent bonnes, de procéder à la véritable exploitation.
« Mais les producteurs et acteurs refusent cette exploration. Toutes les organisations paysannes, les populations locales et personnes ressources sont aujourd’hui réunies avec la collaboration des deux maires de Kayar et de Diender, pour définir la stratégie et les actions en synergie à mener dans un cadre concerté et paisible pour des solutions dans l’intérêt des populations de la zone des Niayes », a soutenu Monsieur Ndoye.
«LES VILLAGES DE KEUR MBIR NDAO ET NGADIAGA RISQUENT D’ETRE RAYES DE LA CARTE DES NIAYES»
L’environnementaliste et géographe Mamour Sarr, originaire de la localité, a soutenu par ailleurs que de nombreux villages parmi lesquels Keur MBir Ndao et NGadiaga seront rayés de la carte des Niayes, si toutefois cette exploitation du Zircon est acceptée par les populations. Parce que, précise-t-il, 37 000 hectares seront utilisés pour cette exploitation.
«Le Sénégal est actuellement assis sur une bombe foncière et partout surgissent les mêmes problèmes, et les pouvoirs publics sont interpellés au premier chef, particulièrement le chef de l’Etat, sinon les Niayes, une zone potentiellement agricole, risque de perdre tout son espace foncier », a-t-il averti.
Quant au Secrétaire général de l’association des producteurs maraîchers de Kayar, Mbaye Ndoye, il est hors de question que le zircon soit exploité dans la localité alors que tous les producteurs maraîchers de la zone des Niayes ne sont pas d’accord pour une spoliation de leurs terres au profit de grands industriels miniers.
Parce que tout simplement, dit-il, cela va réduire la production agricole très importante de cette zone, qui dispose d’un potentiel énorme de production de fruits et légumes pour tout le Sénégal.
A en croire Mbaye Ndoye, le zircon ne peut pas cohabiter avec l’agriculture. Et que pour arriver à leur fin, déplore-t-il en définitive, les industriels essaieront de diviser les populations en usant de leur puissance financière.
Seydina Bilal DIALLO
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