Brésil

Les partisans de Lula veulent garder confiance

Même étriquée, l’avance de Lula au premier tour de l’élection présidentielle au Brésil a été fêtée dimanche soir à Sao Paulo par ses partisans qui espèrent le voir gagner au ballotage. Mais l’ambiance était plombée.

Un millier de personnes s’étaient rassemblées sur l’avenue Paulista, emblématique de la capitale économique du Brésil, espérant fêter la victoire de Lula dès le premier tour.

Mais Jair Bolsonaro, 67 ans, le président sortant d’extrême droite, a fait mieux que prévu, avec 43% des voix, face aux 48% de Luiz Inácio Lula da Silva, 76 ans, icône de la gauche brésilienne. Un écart d’environ six millions de voix, selon des résultats officiels quasi définitifs.

« Le nombre de voix pour Bolsonaro surprend. Pour eux, c’est bien, pour nous c’est le pire qui pouvait arriver », confie à l’AFP José Antonio Benedetto, un fonctionnaire âgé de 63 ans. « Je ne sais pas ce qui se passe au Brésil, 50% de notre population est malade. Seul Lula peut guérir cela, vacciner notre peuple ».

Portant la chemise rouge du Parti des travailleurs (PT) de Lula qui a gouverné le Brésil pendant 14 ans, il esquisse un sourire en se disant certain que les électeurs des candidats arrivés en 3e et 4e position, Simone Tebet (MDB, centre droit) avec 4% et Ciro Gomes (PDT centre gauche) avec 3%, voteront Lula.

Prières contre « Satan »
« J’espérais que Lula gagnerait avec une forte marge au premier tour, mais je crois que la différence suffit (pour remporter le ballotage) car il y a encore beaucoup de gens qui n’ont pas voté pour lui », renchérit Clarice Navas, une cinéaste de 36 ans, au côté de son mari, avec leur fils de deux ans à bord d’une petite voiture noire.

Malgré les espoirs affichés de voir Lula au pouvoir pour la troisième fois, après ses deux mandats (2003-2010), les résultats pèsent sur l’ambiance. Les participants discutent à voix basse en s’approvisionnant en bière et nourriture sur les étals de rue. L’allégresse à laquelle ils s’attendaient la veille paraît bien loin.

A un angle de l’avenue Paulista, gardée par des policiers, des agents à cheval et des forces anti-émeutes, une femme multiplie les prières pour éloigner « Satan ».

« Fiu, fiu, Bolsonaro n’est pas le bienvenu ici », lance-t-elle.

Dans la fraîcheur nocturne, l’atmosphère change lorsque les hauts-parleurs se mettent à cracher de la musique. Les drapeaux, rouges pour la plupart, commencent à onduler et on danse au son des chants « treize, treize, treize », le code de Lula dans les urnes électroniques.

Un homme chargé de donner les consignes du haut d’un camion demande à ce que personne ne se sente « abattu » et que tous aillent plus tard se coucher en vainqueurs.

Au milieu de la soirée, Lula arrive pour remercier ses partisans. « Je n’ai jamais gagné une élection au premier tour, il semble que le destin me demande de travailler un peu plus », leur déclare-t-il sous les applaudissements.

« Nous devons être optimistes, et beaucoup. Je pensais que nous allions gagner au premier tour, mais allons-y », observe en souriant Lucía Carvalho, employée de maison âgée de 39 ans.

A l’écart de la foule, l’architecte Alex Matos semble absorbé dans ses pensées.

« Ce qui a fait peur, c’est la différence avec les sondages concernant Bolsonaro, comment il a réussi à réduire la marge », explique-t-il. « Nous restons optimistes, résistants, pour gagner au second tour, mais c’est une bataille qui sera difficile et assez épuisante parce que déjà c’était épuisant ».

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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