Le Sénégal possède 700 kilomètres de littoral qui vont de la banlieue de Dakar à Saint-Louis, au nord du pays. Mais faute de plages en raison de la pollution ou de la privatisation de la côte, notamment à proximité de Dakar, les Sénégalais migrent vers la Grande Côte pour trouver un peu de fraîcheur en ces jours de chaleur intense. Mais loin de la ville, le danger guette, car la mer est dangereuse.
Des noyades par centaines
Située sur une presqu’île à la pointe occidentale de l’Afrique, Dakar ne devrait pas manquer de lieux de baignade sûrs. Pour autant, sur les six premiers mois de l’année 2021, et plus encore en juin, 48 personnes âgées en majorité de 17 à 25 ans, sont mortes noyées, explique à l’AFP Abdoulaye Ndiaye, à la tête d’une équipe de sapeurs-pompiers de la capitale.
Un bilan qui pourrait s’alourdir en juillet et août, période de canicule et de traditionnelle migration des jeunes vers la mer. A la même époque de 2020, le bilan était de 44 morts. Au niveau national, les décès par noyade se comptent par centaines au fil des ans : 279 en 2018, 250 en 2019 et 224 en 2020.
Selon le président de l’Association nationale des maîtres-nageurs et surveillants de baignade Ibrahima Fall, certaines plages urbaines atteignent des niveaux de pollution dissuasifs et beaucoup d’autres ont été « privatisées » par des propriétaires de bars, d’hôtels, de restaurants ou de résidences privées. Ce qui explique le repli des baigneurs sur des plages dangereuses, interdites et non surveillées.
« ‘La majeure partie ‘des 16 millions de Sénégalais ‘ne savent pas nager' » Ibrahima Fall, président de l’Association nationale des maîtres-nageurs et surveillants de baignade à l’AFP
Par ailleurs, malgré l’ouverture du pays sur la mer, apprendre à nager n’est pas simple au Sénégal en raison, selon Ibrahima Fall, d’un manque de moyens. En effet, les écoles ne dispensent généralement pas de cours de natation et Dakar, agglomération de plus de trois millions d’habitants, ne compte qu’une seule piscine municipale.
De violents courants
Pour l’essentiel, les décès surviennent sur les premiers kilomètres de la Grande Côte. L’océan Atlantique y est souvent agité et les vagues violentes, contrairement aux eaux de la Petite Côte, calmes et prisées des touristes. Comme sur le littoral atlantique français, les baïnes – genre de piscines d’eau de mer qui se vident à marée basse avec de forts courants – sont le principal danger pour les baigneurs, précise Abdoulaye Ndiaye.
Pour tenter d’endiguer les accidents de baignade, les autorités ont renforcé la surveillance et la prévention sur la Grande Côte, déployant depuis la mi-juin plus de policiers, des panneaux signalant les zones interdites et ont mis en place des campagnes de sensibilisation. Un premier pas en attendant plus de moyens.
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