Ça se passe ailleurs

Les mots de Franck Elong Abe, l’agresseur d’Yvan Colonna devant les enquêteurs

« Je n’ai agi pour le compte d’aucun groupe. J’ai agi seul…Ce n’était pas réfléchi », a déclaré le codétenu qui a agressé mortellement le militant indépendantiste Yvan Colonna, dont la dépouille est arrivée en Corse mercredi soir, selon plusieurs procès-verbaux d’audition consultés par l’AFP.

Franck Elong Abe, Français né au Cameroun et au parcours chaotique, purgeait une peine pour « association de malfaiteurs terroristes » à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône) quand il a attaqué Yvan Colonna dans la salle de sport le 2 mars.

Rejet de l’idée d’un acte terroriste
« Je n’ai agi pour le compte d’aucun groupe, qu’on soit bien clair. J’ai agi seul », assure-t-il dès le départ.

« Il n’y a rien (en) rapport avec une entreprise terroriste, j’ai vu Yvan Colonna et j’ai agi sans penser au reste ».

Faisant référence aux magistrats devant lesquels il a été présenté, il ajoute se moquer « qu’ils fassent l’amalgame (..) entre un acte de foi ou un acte de terrorisme ».

« Vous êtes convaincu qu’il y a un mentor derrière avec des complices, sauf que moi je vous ai dit la vérité, je n’ai pas de mentor ».

« Dès le départ (…) je vous ai expliqué que ce n’était pas réfléchi et que je n’étais pas dans le jihad ».

Les raisons avancées pour l’agression
« Yvan a tenu des propos blasphématoires envers Dieu », a-t-il dit dès sa première audition par les enquêteurs le 2 mars.

Lorsqu’ils « abordaient le sujet de la religion », Yvan Colonna « se faisait le procureur de Dieu », a affirmé Franck Elong Abe. « Il faisait des reproches à Dieu, il blasphémait », a-t-il ajouté en accusant le condamné pour l’assassinat du préfet Erignac d’avoir tenu des paroles offensantes « cinq ou six fois sur les huit derniers mois ».

« Je considère que Dieu a frappé Yvan Colonna à travers mes mains. Dieu s’est servi de mes mains pour riposter contre celui qui a blasphémé », a-t-il répété.

Il nie la préméditation
« La veille, avant l’attaque, je ne savais même pas que j’allais le faire ».

« Cela m’est venu d’un coup. Moi j’appelle ça le mektoub, le destin », « quelque chose que vous ne maitrisez pas ».

« J’aurais attendu tout ce temps pour commettre un acte terroriste » avec à la clé « au moins 10 ans d’isolement », a-t-il demandé aux enquêteurs avant d’ajouter: « Quelqu’un qui aurait prémédité un tel acte aurait réfléchi à tout ça ».

« J’étais dans un état d’esprit d’agir sur l’instant »
Il précise également que « normalement il n’aurait pas dû y avoir de détenu dans la salle » et qu’à l’heure de l’agression, « Yvan devait être au stade », assurant avoir « été surpris de le voir à la salle de sport », parce que le Corse travaillait à la prison comme « auxiliaire de sport » dédié au terrain de sport extérieur.

« Oui j’ai forcément improvisé et oui j’étais parti pour lui ôter la vie », reconnait-il.

Relation avec Yvan Colonna
« Si un jour on m’avait dit que je devais taper Yvan Colonna, jamais je ne l’aurais cru. S’il y en a bien un que je ne voulais pas agresser (…) c’est bien lui », dit-il, ajoutant: « Avec lui au moins on pouvait partager certaines choses », notamment « courir, jouer aux boules et aux échecs ».

Deux jours avant l’agression, « il a tenu des propos encore offensants envers Dieu. Je n’appréciais pas et je lui ai dit ». « Il s’en est excusé ».

Ils avaient également des échanges sur d’autres sujets: « j’étais contre le vaccin du Covid et lui était pour », dit-il par exemple, ajoutant « il pouvait y avoir des sujets sur lesquels nous étions d’accord, comme Poutine », le président russe.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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