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Les États-Unis vont développer une nouvelle bombe atomique, la B61-13

Les États-Unis vont développer une nouvelle bombe atomique, la B61-13

La bombe à gravité B61-13, trente fois plus puissante que celle d’Hiroshima, figurera parmi les armes nucléaires tactiques de l’arsenal américain.

Le département américain de la Défense a annoncé vendredi 27 octobre le développement d’une nouvelle bombe nucléaire à gravité, la B61-13, variante modernisée des traditionnelles B61.

Cette décision est néanmoins tributaire de «l’autorisation et de l’approbation du Congrès», le Parlement américain, précise le communiqué du DoD (Department of Defense) qui ajoute que «la production de la B61-13 n’augmentera pas le nombre total d’armes dans notre stock nucléaire».

Les nouvelles B61-13 remplaceraient officiellement certaines B61-7 qui figurent dans l’arsenal nucléaire tactique américain, lequel comprend à ce jour environ 200 bombes B61, dont une centaine déployée en Europe.

Le développement de cette nouvelle arme nucléaire tactique «reflète un environnement de sécurité changeant et des menaces croissantes émanant d’adversaires potentiels», a affirmé le secrétaire adjoint à la Défense, John Plumb, qui observe que «les États-Unis ont la responsabilité de continuer à déployer les capacités dont nous avons besoin pour dissuader de manière crédible et, si nécessaire, répondre aux attaques stratégiques, et rassurer nos alliés».

«Flexibilité supplémentaire»
Les nouvelles B61-13 auraient un «rendement supérieur» aux précédentes B61-12 et seraient «livrables par des avions modernes, renforçant la dissuasion des adversaires et l’assurance des alliés et partenaires en offrant au président des options supplémentaires contre certaines cibles militaires plus difficiles et de grande envergure», précise le texte du communiqué.

«Le B61-13 représente une étape raisonnable pour gérer les défis d’un environnement de sécurité hautement dynamique», a ainsi expliqué John Plumb, qui évoque la «flexibilité supplémentaire» de cette arme.

Jusqu’à présent, les B61-12 étaient les plus modernes des bombes nucléaires américaines, plus précises en particulier que les précédentes versions de la série B61, mais aussi moins puissantes, avec une charge de «seulement» 50 kilotonnes – ce qui est déjà nettement plus que celle d’Hiroshima et ses 12 kt. Les nouvelles B61-13 associeront la précision des B61-12, mais auront la puissance des B61-7 avec lesquelles elles partageront une même ogive de 360 kt (30 fois celle d’Hiroshima).

Les nouvelles B61-13 pourraient ne pas remplacer uniquement certaines des anciennes B61-7 mentionnées par le «DoD». En effet, «cette décision de construire une nouvelle bombe semble avoir moins à voir avec un besoin militaire qu’avec la conclusion d’un accord politique visant à se débarrasser de la dernière arme à puissance mégatonne de l’arsenal américain : la B83-1.

Cette arme devait initialement être retirée du service sous le président Obama jusqu’à ce qu’elle soit ressuscitée par l’administration Trump ; il est depuis devenu un point central de la bataille entre l’administration Biden, qui veut le retirer, et les partisans de la ligne dure du Congrès, qui veulent le conserver», précisent ce samedi les chercheurs Hans Kristensen et Matt Korda dans une note de la Federation of American Scientists (FAS).

La bombe B83-1, entrée en service en 1983, est depuis 2015 la plus puissante bombe américaine, puisqu’elle dépasse la mégatonne (1,2 mt pour être exact, soit trois fois la future B61-13).

Cette décision de développer la B61-13 intervient «peu de temps après que la B61-12 a commencé sa production à grande échelle l’année dernière et entre actuellement dans le stock nucléaire», précisent les deux chercheurs, qui rappellent que les États-Unis prévoyaient de construire à terme 480 bombes B61-12, qui devaient à l’origine remplacer l’intégralité des bombes à gravité de l’arsenal nucléaire américain.

«Arme politique»
En toute logique, de sorte que le stock total n’augmente pas, la cible du nombre de B61-12 devrait diminuer au profit des B61-13, dont le nombre devrait être «très limité» – «peut-être de l’ordre de 50 armes – à construire à la fin du calendrier B61-12, en 2025», ajoutent Hans Kristensen et Matt Korda.

Selon la FAS, elles ne seront déployées qu’aux États-Unis par des bombardiers stratégiques – B2 et futurs B21 -, et non dans les pays européens membres de l’Alliance atlantique par des chasseurs à double usage (nucléaire et conventionnel).

Les quelque 200 bombes atomiques tactiques américaines actuellement en stock ne représentent qu’une petite partie de l’arsenal nucléaire qui comprend surtout des armes dites stratégiques (comme les missiles intercontinentaux par exemple).

Le nombre total d’ogives des États-Unis est estimé par l’ICAN à 5244 en 2023. Mais, depuis l’administration Trump, les armes nucléaires s’étoffent outre-Atlantique et les Républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, font pression pour que le mouvement continue.

«La bombe B61-13 sera la deuxième arme ’politique’ de mémoire récente. La première était l’ogive à faible rendement W76-2 déployée fin 2019 sur les sous-marins Trident. La prochaine pourrait être un missile de croisière nucléaire à lancement maritime (SLCM-N), si les faucons de la défense parviennent à leurs fins», concluent Hans Kristensen et Matt Korda.

Alexis Feertchak avec Le Figaro

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