Un tournant historique. Les électeurs allemands se sont rendus aux urnes ce dimanche 23 février pour des élections législatives anticipées appelées à redessiner l’équilibre politique du pays. D’après les premiers sondages de sortie des urnes publiés à 18 h, la promesse est tenue.

Les conservateurs démocrates-chrétiens de la CDU arrivent en tête du scrutin avec 29% des voix selon la chaîne publique DW news. Et, coup de tonnerre, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), mouvement d’extrême droite, arrive juste derrière avec 19,5% des suffrages.

Ces élections interviennent deux mois après qu’Olaf Scholz a perdu un vote de confiance au Bundestag. Le chancelier sortant, qui était candidat à sa succession pour le SPD (socio-démocrates) réalise seulement 16% des voix. Deux autres formations entreront au Bundestag : les Verts (13,5 %) et le parti de gauche radicale Die Linke (8,5 %).

Ces résultats annoncent un changement majeur au Parlement allemand, où le système proportionnel garantit une répartition des sièges très proche des résultats obtenus par chaque parti, pour peu qu’il dépasse le seuil de 5 %.

Le score réalisé par l’AfD, mouvement nationaliste et anti-immigration, est un record historique comparé aux dernières élections en 2021, lors desquelles le parti avait rassemblé un peu plus de 10 % des votes. Il s’agit aussi de la meilleure performance du parti depuis sa création en 2013.

Cette montée en puissance survient alors que l’AfD adopte des positions de plus en plus radicales, au point que le Rassemblement national (RN) a pris ses distances avec lui, cessant de siéger à ses côtés au Parlement européen.

Cette progression marque un tournant majeur dans l’histoire politique allemande, annonçant une possible fin de la marginalisation de l’AfD. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les partis traditionnels ont scrupuleusement maintenu un « cordon sanitaire » face à l’extrême droite, excluant toute forme d’alliance ou de compromis. Cependant, l’ascension fulgurante de l’AfD remet en question ce principe, fragilisant un consensus politique établi depuis des décennies.

Malgré tout, il est peu probable à ce jour de voir l’extrême droite accéder au pouvoir en Allemagne. Friedrich Merz, le candidat de la CDU, a réaffirmé à plusieurs reprises lors de sa campagne, et notamment ces dernières semaines, son opposition à toute coalition gouvernementale avec l’AfD.

Cela ne l’a cependant pas empêché d’allier ses voix avec la formation lors de deux votes au parlement, notamment pour des questions migratoires. Une grande première qui a suscité une vague d’inquiétude et d’indignation dans le pays et déclenché de nombreuses manifestations.

Avec Le HuffPost