Une trentaine d’accusés doivent être jugés dans cette affaire, révélée à l’automne 2022.
La justice irakienne a émis mardi 27 août deux mandats d’arrêt à l’encontre d’un homme d’affaires et un ancien responsable gouvernemental pour leur implication dans le vol de 2,5 milliards de dollars au fisc.
L’affaire, surnommée « le vol du siècle » dans un Irak miné par la corruption, avait fait grand bruit à l’automne 2022.
Interpellé en octobre 2022 alors qu’il tentait de fuir le pays, mais libéré et réfugié à l’étranger, le principal accusé, l’homme d’affaires Nour Zouhair, ne s’est pas présenté aux audiences de son procès qui s’est ouvert à la mi-août.
Mardi, un tribunal pénal, spécialisé dans les dossiers anti-corruption, « a émis des mandats d’arrêt contre Nour Zouhair et Haitham al-Joubouri », un ancien conseiller gouvernemental, selon l’agence de presse étatique INA.
Chèques et espèces
Une trentaine d’accusés doivent être jugés dans cette affaire, selon l’agence. Au moins six d’entre eux sont en détention ou en attente d’extradition vers l’Irak, indiquait début août l’Autorité gouvernementale anti-corruption.
A l’automne 2022, l’Administration générale des impôts avait expliqué que les 2,5 milliards de dollars avaient été volés entre septembre 2021 et août 2022, via 247 chèques encaissés par cinq entreprises. L’argent avait ensuite été retiré en espèces des comptes de ces sociétés.
Nour Zouhair avait été remis en liberté en novembre 2022 après avoir rendu à l’Etat un peu plus de 125 millions de dollars et s’être engagé à rembourser le reste.
Cette affaire « est un scandale (…) qui concerne tout un système politique ayant permis à des gens comme lui de prendre la fuite », a déclaré mardi à l’AFP le commentateur irakien Hamed al-Sayyed. « Sa sortie de prison alors qu’il était l’objet d’une enquête, c’est une évasion dont est complice le système politique au plus haut niveau », a-t-il accusé.
M. Zouhair a accordé la semaine dernière un entretien à une chaîne de télévision irakienne sans dire où il se trouvait. Des médias avaient ensuite fait état d’un accident de la route dont il aurait été victime au Liban.
Les autorités ignorent également où se trouve M. Joubouri qui, lui, avait initialement restitué 2,6 millions de dollars au fisc. « Depuis plusieurs mois », il a cessé les remboursements encore dus à l’Etat, a indiqué à l’AFP une source judiciaire s’exprimant sous anonymat.
Alors que la corruption gangrène toutes les institutions étatiques et administrations publiques en Irak, les condamnations visent souvent des personnes des échelons intermédiaires de l’Etat ou de simples exécutants, rarement des fonctionnaires qui occupent des postes à haute responsabilité.
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