Chronique

Leçons de Guinée

A voir le sémillant Alpha Condé finir de la manière que l’on sait fait assurément de la peine.

Lui, l’intellectuel racé, professeur apprécié à la Sorbonne, combattant acharné pour la démocratie et les libertés, valeurs et idéaux qu’il n’a jamais cessé de professer quand il était dans l’opposition.

Ce qui lui avait valu beaucoup d’amitiés et d’admiration non seulement en Afrique mais aussi dans les milieux de la gauche en France.

Voir Alpha qui a tellement subi et tellement enduré finir entre des soldats qui pourraient être ses enfants, la mise débraillée et le regard hagard, cela fait vraiment de la peine. Les images blessent nos consciences.

Surtout s’agissant d’un vieillard de 83 ans ainsi traité alors que la veille seulement ils jouissait encore de tous les honneurs !

Ainsi va, hélas, l’Afrique avec des dirigeants qui s’élancent à l’assaut du pouvoir drapés du manteau de la démocratie et qui se dévoilent une fois au trône, perdant toute lucidité, s’enrichissant sans retenue, narguant ceux qui les ont élus voire les réprimant.

Des dirigeants, surtout, qui s’incrustent au pouvoir et refusent de le quitter, n’hésitant pas à tripatouiller les lois fondamentales de leurs pays pour s’éterniser.

L’euphorie et les ors du pouvoir ainsi que les courtisans les conduisent à leur perte. Ces derniers leur font croire qu’ils sont indispensables et irremplaçables.

Mieux, que le peuple réclame qu’ils restent afin d’achever leur travaux toujours à l’état de chantiers.

Car, diable, deux mandats, c’est quand même suffisant pour réaliser son programme et entrer dans l’Histoire par la grande porte ! Mais il leur faut toujours forcer.

Surtout qu’ils ont pour éminences grises des hommes serviles qui ont vendu leur âme pour ne s’occuper que de leurs sinécures.

Des hommes et femmes connus par leur capacité de retournement de veste ou de camisole. Ils ont l’art du mensonge et le distillent à tout va, plutôt que de dire la vérité à ceux qu’ils considèrent comme des démiurges.

Nos présidents sont aussi perdus par des intellectuels qui étaient debout, aujourd’hui couchés, se livrant à des arguties juridiques plutôt que de dire le Droit.

Les mêmes qui ont perdu Alpha et qui risquent de perdre d’autres. Malheureusement, nos présidents n’apprennent rien des leçons du passé, se disant que, de toutes façons, des choses comme ce qui s’est produit en Guinée dimanche n’arrivent qu’aux autres. Jusqu’à ce que tout leur tombe sur le crâne.

Bêtement ! Prions pour l’autre qui a forcé, et espérons que celui qui est tout près de nous apprendra des leçons de cette Guinée si proche et si lointaine.

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