L’activité économique française a nettement rebondi en 2021, avec une croissance de 7%, après la récession historique subie en 2020 à cause de la crise sanitaire, une performance que l’exécutif ne manque pas de mettre à l’actif de sa gestion de l’épidémie et de ses réformes.
Avec une telle croissance, la France devrait connaître une des meilleures performances de la zone euro, à la mesure toutefois de l’ampleur du choc subi l’année précédente.
« C’est un rebond spectaculaire », qui « efface la crise économique » après la chute du PIB de 8% en 2020, s’est empressé de réagir le ministre de l’Economie Bruno Le Maire sur France 2.
La dernière fois que l’économie française avait fait mieux, c’était en 1969 juste après la crise provoquée par le mouvement de mai 1968.
Sur le quatrième trimestre, l’activité « dépasse désormais nettement » son niveau d’avant-crise sanitaire, souligne ainsi l’Insee.
« Ca prouve aussi que la politique économique du gouvernement est efficace », a défendu M. Le Maire, quand de nombreux ministres ont vanté sur les réseaux sociaux la performance de l’économie française.
Au total, l’État aura encore dépensé l’an dernier un peu plus de 60 milliards d’euros, faisant grimper la facture globale du Covid-19 à 140 milliards d’euros, au prix d’un déficit public qui devrait encore avoisiner les 7% du PIB et d’une dette publique autour de 113% fin 2021.
La crise « pas encore absorbée »
Sur le front de l’emploi, la France a vu le nombre de chômeurs descendre à son plus bas niveau depuis près de dix ans au dernier trimestre, selon des chiffres publiés cette semaine.
Du côté de l’Elysée, on vante l’aide « massive » débloquée depuis le début de la crise, et « les réformes structurelles, les choix parfois décriés mais qui se révèlent désormais efficaces, notamment les conditions favorables à l’investissement (…), les dispositifs en faveur de l’emploi ».
« C’est clairement un rebond très dynamique, on aurait difficilement pu l’espérer au début de l’année 2021 », analyse Charlotte de Montpellier, économiste chez ING.
De là à dire que la crise est effacée, comme le ministre de l’Economie? « On ne peut pas aller jusque-là », dit-elle. Certes, le PIB français était au quatrième trimestre 0,9% au-dessus du même trimestre de 2019. « Mais on n’a pas effacé le choc, on a appris à rebondir, et on voit que l’économie doit apprendre à vivre avec les déséquilibres globaux que le choc a engendrés, l’inflation et les perturbations des chaînes de production », ajoute-t-elle.
Sur la totalité de 2021, le PIB reste ainsi 1,6 % en deçà de son niveau de 2019, précise l’Insee. Certains secteurs, comme le tourisme, les transports ou l’hôtellerie-restauration restent pénalisés par les restrictions.
« La crise n’est pas encore absorbée », résume donc Philippe Waechter chef économiste chez Ostrum Asset management.
A moins de trois mois de l’élection présidentielle, les oppositions ont d’ailleurs manifesté leur agacement devant la satisfaction affichée du gouvernement.
Le député insoumis du Nord Adrien Quatennens a ainsi considéré que « la croissance pour la croissance mérite d’être interrogée », à l’heure où « la France est en situation d’urgence sociale ».
Croissance « inégalement répartie
Le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot a lui pointé une croissance « inégalement répartie » qui « ne profite pas à tout le monde ».
De son côté, la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen a rejeté l’interprétation des chiffres du chômage, estimant que « les chômeurs de catégorie B et C on en fait augmenté depuis juin 2017 ».
« On nous ment, la croissance est de 7%, mais elle était de -8% l’année dernière, on n’a même pas rattrapé … donc ça aussi ça insupporte les gens », a-t-elle souligné.
Le porte-parole d’Eric Zemmour, Jean-Frédéric Poisson, a lui fustigé sur Twitter un « effet d’annonce ». « Après une récession à -8% en 2020, la France reste fragilisée ».
Pour 2022, le gouvernement table sur une croissance de 4%, quand la Banque de France prévoit 3,6%.
Mais un des risques principaux pour l’économie française sera l’inflation, à 2,8% sur un an en décembre, poussée par l’énergie. Elle pourrait peser sur le pouvoir d’achat des ménages, freiner leur consommation, sans parler du risque social.
Ces dernières semaines l’exécutif a déployé plus de 15 milliards d’euros pour en limiter ses effets et le sujet s’impose comme la première préoccupation des Français à quelques semaines de l’élection présidentielle.
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