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Le tourisme à Gorée est mort à cause du Covid-19, l’île au bord de l’asphyxie économique

L’île de Gorée, située à quelques kilomètres au large du Sénégal, observe avec inquiétude la reprise de l’épidémie en cet été 2021. Coupée du monde pendant sept mois en 2020 pour se protéger de l’épidémie, elle peine aujourd’hui à faire revenir les touristes.

Au Sénégal, les taux quotidiens de contamination au Covid-19 repartent à la hausse. Ainsi, le 18 juillet, le pays dénombrait 1 366 nouveaux cas, soit près du double en une semaine. La population redoute donc de nouvelles restrictions, notamment les 2 000 habitants de l’île de Gorée, située à trois kilomètres au large de Dakar. C’est un lieu de mémoire de la traite négrière, reconnu au patrimoine mondial de l’Unesco.

L’île de Gorée s’est coupée du monde pendant sept mois en 2020, afin de se protéger de la pandémie. Mais cet isolement a asphyxié l’économie insulaire et aujourd’hui les touristes étrangers sont peu nombreux, malgré la remise en service des chaloupes.

Des touristes peu nombreux, des commerçants aux abois
À l’arrière de la chaloupe à moitié vide qui relie Dakar à Gorée, Lamine Gueye dresse un tableau assez sombre. « Le Covid-19 a tué le tourisme à Gorée et l’économie de l’île. Nul n’est épargné », déplore le chef de cabinet du maire. La dizaine de passagers, principalement des locaux ou des touristes africains, va vite le constater. Ils débarquent sur une plage déserte.

Les commerçants, eux, sont aux abois, observant l’Europe et en particulier la France. « On attend tous que les touristes reviennent. On se dit que les frontières vont rouvrir, que ça va aller », explique Olivier Cogels, un hôtelier belge installé à Gorée. Il a mis la clé sous la porte au début de la pandémie.

« On croyait que les touristes allaient revenir en masse mais ça n’a pas l’air d’être le cas. C’est la douche froide, le coup de massue pour tout le monde. »

L’île semble comme figée dans le temps, avec un décor de carte postale pour des touristes qui peinent à revenir. « Parfois, tu peux rester ici pendant deux jours et tu ne vois personne », se lamente Seina, propriétaire d’une petite boutique de produits artisanaux.

« Ça fait longtemps que je n’ai pas vu d’euros et de dollars. Heureusement qu’ici on s’entraide. » Cette entraide leur permet de survivre sur cette petite île qui dépend essentiellement du tourisme. « Avant, j’avais sept employés. Maintenant, je n’en ai plus que deux », se désole Aissa Touba, restauratrice. « Je n’ai plus les moyens de payer. Si les gens ne viennent pas, on ne peut pas travailler. »

Les guides touristiques de Gorée sont eux aussi frappés de plein fouet par la crise. Ils se disputent aujourd’hui les rares touristes. « Depuis le covid-19, on a moins de monde », confie Babacar, qui se souvient avec nostalgie d’une époque où l’île était visitée par des chefs d’Etat. « Barack Obama, Bill Clinton, Georges Bush, le pape Jean Paul II… », liste-t-il. En pleine troisième vague de Covid-19, les habitants craignent le retour des restrictions, ce qui remettrait l’économie de l’île totalement à l’arrêt.

Clémentine Vergnaud – Omar Ouahmane

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