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Le « stonewalling », ce comportement toxique à l’origine de la plupart des divorces

Le « stonewalling », ce comportement toxique à l’origine de la plupart des divorces

Le stonewalling ou « mur de pierre » en français, serait responsable d’une grande partie des divorces. Ce réflexe toxique lors d’une dispute peut vite mener à l’escalade de la colère. Et empêcher toute forme de résolution de conflit. On vous explique, avec une thérapeute de couples.

« C’est clair que ce n’est pas la solution, affirme Isabelle Ravaleu, thérapeute de couples à Rennes (Ille-et-Vilaine). Un jour ou l’autre, il faudra bien en parler. » Si lors d’un conflit, votre partenaire vous ignore, se mure dans le silence ou quitte carrément la pièce pour éviter toute discussion, cela a un nom : le stonewalling ou « mur de pierre » en français. Un comportement toxique qui serait responsable de la majorité des divorces, selon le psychologue américain John Gottman, fondateur du Gottman Institute. D’après son enquête, 85 % des personnes adoptant ce mécanisme de défense sont des hommes, plus susceptibles de se sentir dépassés par leurs émotions.

« C’est souvent une source de crise majeure au sein des couples. On se mure dans le silence, parfois même pour une toute petite chose, jusqu’à ce que cela prenne une autre ampleur, explique la thérapeute, qui constate régulièrement ce genre de problèmes chez sa clientèle. Le silence est une forme de violence, et ses répercussions sont très néfastes. »

Escalade du conflit
Ce comportement peut être perçu comme un manque d’empathie et peut vite entraîner une escalade dans le conflit. Comme des violences verbales, selon Isabelle Ravaleu : « La personne qui le subit peut se mettre à dire des choses horribles pour pousser l’autre à bout et le faire réagir. » Des interactions douloureuses qui, répétées, peuvent mener à la rupture.

Pourtant, le stonewalling ne relève pas de la mauvaise foi ou de la méchanceté, en général. « Souvent, comme on a l’impression que l’on ne sait pas dire les choses, on a peur de faire du mal, et on préfère se taire. » Ce qui est vrai également pour une autre forme de stonewalling : outre se fermer comme une huître quand on est blessé, en pleine dispute, certaines personnes préfèrent murer leurs émotions et leurs besoins dans le silence par peur d’en parler. Dans les deux cas, c’est mauvais pour le couple.

L’effet « cocotte-minute »
« On aimerait que l’autre nous devine, nous comprenne sans même lui parler, alors que c’est déjà compliqué pour soi, rappelle Isabelle Ravaleu. Mais quand on ne dit pas les choses, ça va finir par sortir sous forme de reproche. Quand on pousse la poussière sous le tapis, ça ne la fait pas disparaître, et le tas grossit progressivement. C’est comme une cocotte-minute. À force de se taire, ce n’est plus possible, et ça peut mener à la rupture. »

Quand le stonewalling fait partie de ses réflexes personnels, comment faire ? La thérapeute de couples n’a pas de conseils magiques, mais certains outils peuvent être utiles : « Quand on se mure dans le silence pour étouffer sa colère, par peur de dire des horreurs qui vont laisser des traces, on peut l’exprimer à l’autre : Je ne peux pas parler, j’ai besoin de me calmer. Mais après, on peut si tu veux bien. » Et puis même si c’est trop tard, qu’on a préféré bouder ou laisser des mots blessants s’échapper dans le flot de colère, « on peut toujours s’excuser ».

Au contraire, quand son ou sa partenaire fait du stonewalling, comment faire ? Pas toujours facile de ravaler sa fierté, mais pour la spécialiste de 64 ans, ça en vaut la peine, car « quand il y a de l’amour dans un couple, on est des alliés ». Et encore une fois, la communication non violente est la clé : « On va voir son partenaire pour lui dire : J’ai remarqué que tu ne me parles plus, ça m’attriste. J’aimerais qu’on trouve un moment pour en discuter. On fait donc un pas vers l’autre, on laisse la porte ouverte. En règle générale, la personne va accepter et on va entamer une discussion. »

La communication, une règle d’or
Et quand les deux boudent, alors ? Vous l’aurez deviné, il faut communiquer ! La défenseuse de l’échange non violent poursuit : il faut mettre de côté son ego, car on décide de faire le choix de couple faire le choix du couple. Il y en a un pour qui ce sera plus facile pour faire le premier pas. » Bref, rien ne sert de compter les points. Discuter, et de manière qualitative avec l’autre – sans regarder la télévision en même temps, par exemple – voici le maître-mot pour prévenir le stonewalling et une potentielle rupture.

Isabelle Ravaleu le rappelle cependant, elle qui est sortie d’un mariage de près de trente ans : rien ne sert de s’acharner si votre couple ne vous épanouit plus. Et elle prêche aussi pour sa paroisse : « N’attendez pas le dernier moment pour consulter, ou pour demander la rupture. » Stonewalling, ghosting (interrompre une relation du jour au lendemain en ignorant les tentatives de reprise de contact)…

Les concepts se multiplient pour parler dans les relations… Utile, mais il ne faut pas non plus en abuser, selon la thérapeute : « On met une étiquette alors que chaque cas est particulier. »

Mathilde GUILBAUD.

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