Dakar-Echo

Le Sénégal dans la tourmente après sa dégradation par Moody’s

Le Sénégal dans la tourmente après sa dégradation par Moody’s

L’agence de notation a baissé la note du pays qui a fortement revu à la hausse son déficit et sa dette publique.

La note souveraine du Sénégal continue de dégringoler. Après avoir rétrogradé le pays une première fois en octobre dernier, l’agence Moody’s persiste et signe et fait cette fois reculer le Sénégal de deux crans: de Bl à B3, avec un risque – hautement spéculatif ». Un nouveau coup dur pour le président Bassirou Diomaye Faye ainsi que son Premier ministre Ousmane Sonko, arrivés il y a à peine un an à la tête du pays.

Le déclencheur : un rapport de la Cour des comptes, commandé par le nouveau pouvoir et dévoilé il y a
quelques jours, qui revoit à la baisse tous les indicateurs économiques du pays publiés sous le mandat du
président précédent, Macky Sall. Le déficit budgétaire, notamment, a été recalculé de 4,9 % à 12,3 % du PIB. Du côté de la dette publique, les chiffres sont encore plus alarmants: d’après ce nouvel audit, elle représenterait plus de 99 % du PIB et aurait ainsi pratiquement doublé depuis 2018.

Un niveau hautement inquiétant pour un pays en développement.
« En conséquence, le Sénégal est plus exposé aux chocs défavorables que nous ne l’avions estimé précédemment », estime l’agence de notation Moody’s.

« Pour sortir le pays de cette situation, les autorités vont devoir prendre des mesures drastiques », juge Meissa Babou, économiste et enseignant à l’université de Dakar. – Les autorités refusent de renégocier la dette, il va donc falloir trouver de l’argent ailleurs, en baissant les salaires des fonctionnaires, en augmentant l’assiette fiscale et pourquoi pas même en nationalisant », ajoute-t-il.

Le ministre des Finances, Cheikh Diba, a appelé à « réformer ou sombrer financièrement » et s’est engagé à mettre en œuvre des réformes structurelles ambitieuses.

Chiffres maquillés ?
Fidèle à son habitude, le Premier ministre Ousmane Sonko n’a, quant à lui, pas mâché ses mots face aux
députés réunis en fin de semaine dernière pour les questions au gouvernement. Le chef du gouvernement a décrit la situation financière du pays comme – catastrophique et inquiétante » et a accusé l’opposition d’avoir commis un « crime » en mentant sur l’état des finances publiques du pays.

En effet, selon la Cour des comptes, plusieurs indices laissent penser que la précédente équipe aurait pu maquiller les chiffres. Des faits qui pourraient être constitutifs de « faute de gestion » ou encore  » d’infraction à caractère pénal », d’après l’institution. Lors de la présentation du rapport à la presse, le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, avait déjà indiqué que certains responsables de l’ancienne équipe au pouvoir pourraient être poursuivis pour « faux en écriture, détournements de deniers publics, blanchiment
d’argent et enrichissement illicite ».

« Vous rendrez des comptes », a lâché Ousmane Sonko face aux députés de l’opposition dans l’hémicycle. Une manière, pour le Premier ministre, de conserver la main malgré les nuages qui s’amoncellent au-dessus des finances publiques du pays.

Pierre Favennec

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