Chronique

Le Sénégal au coeur

Pour cette nouvelle année, on aurait préféré vous entretenir de l’ambiance dakaroise avec le phénomène de la « Sonkorisatiion », des cadres du pouvoir ridiculisés sur tous les plateaux de nos télés locales par leurs co-débateurs ou de « l’enjaillement » de la First lady qui s’est bien décompressée lors du concert du King du Mbalax.

Tout cela nous parait beau. L’image de l’épouse du Chef « s’enjaillant » sans protocole, le bonheur de vivre dans…le cœur.

Mais voilà, il faut bien que l’on parle de notre démocratie. Comme elle est belle, celle-ci, si exemplaire, si juste envers les citoyens.

Ceux qui disent qu’elle est chahutée ne peuvent être que des aigris, des mal intentionnés qui n’ont pas au… cœur ce pays. Ils le détestent et veulent y semer le chaos. Eux, les vilains populistes, anarchistes.

Vous doutez toujours de l’exemplarité de cette belle et vivifiante démocratie ? En voici quelques preuves qui montrent que tous les citoyens sont traités avec égalité et mis sur le même pied et sans parti pris de l’administration si équidistante des chapelles politiques.

Une coalition de partis politiques reconnus a voulu tenir une cérémonie d’investiture de son candidat. Refus du préfet très républicain, fondant l’interdiction sur le motif éculé de menace de troubles à l’ordre public, entrave à la libre circulation des personnes et des biens et risque d’infiltration de personnes mal intentionnées…

Il n’était donc pas au centre-ville de Dakar dimanche après minuit lorsque le concert d’un chanteur au Grand Théâtre a entravé la libre circulation des personnes et des véhicules pendant des heures où les malheureux automobilistes n’ont même pas pu bouger d’une centaine de mètres ?

Monsieur le préfet, si ce n’est pas une entrave à la libre circulation des personnes ça… Pourquoi souriez-vous bêtement ?

Un peu de sérieux ! S’agissant donc de l’interdiction du congrès d’investiture du leader de l’opposition, Ok, disent ces messieurs et dames qui se donnent rendez-vous dans un lieu privé pour investir leur candidat.

L’établissement est aussitôt envahi par la gendarmerie.

Vous doutez toujours de l’exemplarité de notre démocratie ? Allons-y ! Le même jour où l’on interdisait à cette coalition d’investir son candidat, d’autres tenaient meeting.

Oh, pas grave, ils roulent pour le candidat du pouvoir. Quatre jours plus tard, un grand combat de lutte était autorisé. Bien entendu, il ne s’est rien passé.

Aucun citoyen n’a été agressé, aucune scène de violence constatée. Tout s’est passé normalement sans entrave à la libre circulation mais avec infiltration de voyous qui ont semé la zizanie malgré une forte présence policière.

En voilà des entorses faites à la démocratie. On ne peut interdire un rassemblement politique de partis reconnus et autoriser un combat de lutte avec tout ce que cela contient comme risques de débordements.

C’est même illogique. Il ne faut pas croire que, parmi les 17 millions de Sénégalais que nous sommes, un seul a le Sénégal chevillé au corps et l’a au cœur.

Tous les autres le détestant et étant susceptibles de le détruire. Ce pays, nous l’aimons tous. Il nous faut arrêter de le diviser entre bons et méchants !

Kaccoor Bi – Le Temoin

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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