Tribune

Le rôle des médias dans le destin du Sénégal – Par Marem Kanté*

«C’est à la croisée des regards que se joue le destin des cœurs, à la croisée des chemins, celui des hommes ». Je complète cette citation en disant : «c’est à la croisée de la voix des médias et de celle du peuple que se joue le destin d’une Nation».

En cette année 2021, je vais d’abord souhaiter à tous les médias de mon pays (le Sénégal) de très belles perspectives dans leur statut professionnel et leur rôle citoyen vis à vis du peuple et de leur pays. Le Sénégal est à la croisée des chemins, avec beaucoup de défis à relever dans ce contexte incertain de Covid-19 que vit le monde entier et notre pays. Les enjeux sont énormes et le combat est loin d’être gagné.

Aujourd’hui, il appartient à tous les sénégalais de réinitialiser leur rôle vis-à-vis de la nation. Il est temps à nous tous Sénégalais de prendre en charge notre propre destin. Chaque citoyen, quelle que soit son appartenance sociale, politique, religieuse ou athée, fera un jour face à la sentence divine dans le rôle qu’il a eu à jouer pour son pays, sa communauté et sa famille. Cela dit. L’objet de cette présence note est axée sur l’interprétation de l’interpellation du Président de la République, S.E.M Macky Sall, à l’endroit des médias du Sénégal.

En Conseil des ministres, le Chef de l’Etat a insisté sur, je cite : “la nécessité d’une régulation systématique des sites d’informations qui si on n’y prend garde risquent de porter fortement atteinte à la cohésion nationale, à l’image de l’Etat ainsi qu’à l’ordre public.” Mis à part toutes considérations politiques et partisanes, je pense que cette interpellation du Président de la République doit être analysée dans le meilleur angle et prise au sérieux par tous les citoyens et particulièrement par tous les médias du Sénégal.

Je m’explique – Dans toutes les nations, les médias constituent le 4ème pouvoir. Ils ont une capacité d’influence indiscutable sur l’opinion publique. Tout simplement parce qu’ils ont cette capacité à manipuler l’information et créer l’événement dans l’angle qu’ils souhaitent le positionner. A mon humble avis, dès l’instant qu’il y’a manipulation de l’information, je considère que le jeu est biaisé. Certains organes le font par esprit mercantile et concurrentiel vis-à-vis de leurs confrères. D’autres, par esprit de dramatisation, de divertissement ou de personnification du sujet traité. Ma question en tant que citoyenne de ce pays est la suivante : dès lors qu’il y’a une chasse au sensationnel, à la manipulation, le journalisme n’a t’il pas failli à son devoir d’information ?

En tant que 4ème pouvoir, il est temps pour les médias de revisiter les fondements de leur statut afin que l’information soit traitée en toute objectivité « sans mettre un grain de sel ou du piment dans la sauce ! ». J’interpelle donc tous les médias de mon pays le Sénégal à toujours prendre le temps de se référer à nos valeurs et coutumes, à puiser dans notre patrimoine culturel et social et l’utiliser comme un «GPS» quand il s’agit de diffuser l’information à l’opinion publique. Nous ne sommes ni des Américains, ni des européens, encore moins des asiatiques. Nous sommes des africains et particulièrement des sénégalais. Et chaque pays se doit de traiter la communication et l’information publique en prenant en considération ses valeurs culturelles et sociales.

En tant que 4ème pouvoir, ils doivent jouer ce rôle citoyen responsable pour la cohésion sociale, la stabilité du pays, la protection des droits civiques, et également dans l’interpellation des devoirs citoyens, la culture des valeurs patriotiques, etc. Car comme je l’ai dit plus haut, c’est à la croisée de l’information traitée par les médias et de l’entendement qu’en a l’opinion publique que se joue le destin d’un pays.

Alors, je pense qu’au lieu du sensationnel et du divertissement, nous aurons tous mieux à gagner si nous orientions nos énergies et esprits positifs à tout ce qui est axé au développement du pays et à l’épanouissement du peuple. Car le Sénégal est un petit pays de 16 millions d’habitants, le développer, à mon avis, ne doit pas poser problème à condition tout simplement que chacun y mette du sien en faisant preuve de citoyenneté, de patriotisme, d’engagement et de volontarisme désintéressé dans la cause commune. En tant que 4ème pouvoir, nous citoyens sénégalais, attendons des médias de notre pays, qu’ils nous orientent dans le sens de l’intérêt général.

– Aidez nous à bannir l’intérêt individuel et à embrasser le sens communautaire.

– Mettez en gros titres ce qui fait notre force commune et la fierté de notre pays.

– Valorisez nos réussites, nos réalisations, nos succès et bonnes actions.

– Nous attendons de vous de promouvoir les principes patriotiques.

– Au lieu de nous diviser sur nos querelles, nos différends, nos manquements, réconciliez nous avec nos valeurs, nos acquis.

– Encouragez nous dans nos projets, nos défis et ambitions pour le pays.

Voilà à mon humble avis comment j’interprète les propos du Président de la République.

Allons à l’essentiel et informons le peuple de ce qui peut lui servir et qui le faire sentir fier d’être sénégalais.

C’est aberrant dans un petit pays de juste 16 millions d’habitants qu’il y’ait une telle prolifération de sites d’informations !

Avec Internet, “Bouki amna almett ! Tey rek deuk bi tak!” Chacun y va de son verbe sans déontologie ni éthique ! Le peuple se délecte du sensationnel ! La vertu et la perversion se disputent les gros titres !

Chaque jour que Dieu fait, le peuple est happé dans un tourbillon médiatique sans fond. Jusqu’où tout ce jeu va nous mener ? On ne peut plus suivre la bonne information tellement le sujet est disséqué, décortiqué, fragmenté, analysé par une expertise qui ne dit pas son nom, pour finalement nous sortir comme résultats une montagne qui accouche d’une souris.

Elle est où la conscience et la responsabilité citoyenne dans tout ça???

Chers concitoyens !

Arrêtons-nous un moment. Réfléchissons et demandons-nous sans langue de bois s’il y’a vraiment un code de conduite dans les sites d’informations au Sénégal? Toutes considérations politiques et partisanes mises à part !

Aujourd’hui, il faut le reconnaître, il y’a un désordre inqualifiable dans le paysage médiatique au Sénégal!

De ce fait, il est grand temps de l’assainir et nous avons tous le devoir de l’aider à tracer de belles perspectives pour l’Emergence de notre pays tant souhaitée.

Sinon les bons journalistes vont faillir à leur devoir sacré qui est de traiter l’information de la manière la plus objective et la plus factuelle.

Sincères salutations et respectueuses considérations.

*Marem kanté est spécialiste en communication des organisations, éditrice d’un magazine institutionnel et fin observateur de la dynamique de l’univers des médias au Sénégal.

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