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Le prix Nobel de la paix 2021 décerné aux deux journalistes Maria Ressa et Dmitry Muratov

Ils sont récompensés pour «leur combat courageux pour la liberté d’expression», a annoncé le comité Nobel norvégien.

Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi 8 octobre à deux journalistes, la Philippine Maria Ressa et le Russe Dimitri Muratov, pour «leur combat courageux pour la liberté d’expression» dans leurs pays respectifs, a annoncé le comité Nobel norvégien.

Maria Ressa et Dimitri Muratov «sont les représentants de tous les journalistes qui défendent cet idéal dans un monde où la démocratie et la liberté de la presse sont confrontées à des conditions de plus en plus défavorables», a déclaré la présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen, à Oslo.

Âgé de 59 ans, Mouratov, un des fondateurs et rédacteur en chef du journal russe Novaïa Gazeta, «a depuis des décennies défendu la liberté d’expression en Russie dans des conditions de plus en plus difficile», a souligné le jury. Quant à Maria Ressa (58 ans), avec son média d’investigation Rappler cofondé en 2012, «elle utilise la liberté d’expression pour exposer les abus de pouvoir et l’autoritarisme croissant dans son pays natal, les Philippines», dirigé par Rodrigo Duterte, salue-t-il.

La liberté de la presse, jamais sacrée jusqu’à présent, figurait parmi les favoris pour cette année mais les 329 candidatures en lice étaient tenues secrètes. Le prix – une médaille d’or, un diplôme et une somme de 10 millions de couronnes suédoises (près de 980.000 euros) – doit être physiquement remis le 10 décembre à Oslo si les conditions sanitaires le permettent.

L’an dernier, le Nobel de la paix avait récompensé le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies pour ses efforts contre la faim dans le monde. Après la paix, seul Nobel remis à Oslo, la saison des prix décernés depuis 1901 s’achève lundi à Stockholm avec l’économie.

Le triomphe de la liberté d’expression
Dmitri Mouratov a annoncé dédier son prix Nobel de la Paix au journal dont il est le rédacteur en chef, Novaïa Gazeta, et à ses collaborateurs assassinés pour leur travail et leurs enquêtes. «Ce n’est pas mon mérite personnel. C’est celui de Novaïa Gazeta. C’est celui de ceux qui sont morts en défendant le droit des gens à la liberté d’expression», a-t-il dit, cité par l’agence de presse publique TASS, et listant les noms des six journalistes et contributeurs au journal assassinés, dont Anna Politkovskaïa.

De son côté, Maria Ressa estime que l’attribution du Nobel de la paix à des journalistes prouve que «rien n’est possible sans les faits». «Un monde sans faits signifie un monde sans vérité et sans confiance», a-t-elle déclaré lors d’un entretien diffusé en direct par son média d’investigation Rappler.

Le Kremlin félicite Dmitri Mouratov
Contre toute attente, le Kremlin a salué vendredi le «courage» et le «talent» de Dmitri Mouratov, lauréat du prix Nobel de la paix pour son combat en faveur de la liberté d’expression à la tête du principal journal d’opposition russe. «Nous pouvons féliciter Dmitri Mouratov. Il travaille en continu en suivant ses idéaux, en les conservant. Il est talentueux et courageux», a déclaré aux journalistes le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov.

Dmitri Peskov a toutefois dit ne pas savoir si le président russe Vladimir Poutine allait féliciter personnellement Dmitri Mouratov. Ce prix Nobel intervient dans un contexte de répression visant les médias indépendants et les ONG critiques du Kremlin, dont plusieurs ont été désignés du qualificatif infamant d’«agent de l’étranger».

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