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Le pétrole s’envole de plus belle face aux sanctions occidentales contre Moscou

Le prix du baril de pétrole de WTI américain s’est embrasé mardi jusqu’à plus de 11%, et celui de Brent, la référence européenne de l’or noir, à plus de 9%, propulsés par la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales contre Moscou, de plus en plus nombreuses et sévères.

Les deux références de l’or noir ont ainsi atteint mardi de nouveaux sommets plus vu depuis 2014, à 106,78 dollars le baril pour le West Texas Intermediate (WTI), et à 107,57 dollars pour le Brent. Le WTI n’avait plus connu une telle flambée de ses prix en une séance depuis mai 2020.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a cependant annoncé mardi que ses pays membres allaient libérer 60 millions de barils de pétrole tirés de leurs réserves d’urgence pour stabiliser le marché.

Une décision qui doit « envoyer un message uni et fort aux marchés pétroliers mondiaux sur le fait qu’il n’y aura pas de pénurie d’offre résultant de l’invasion russe en Ukraine », écrit l’AIE dans un communiqué, mais qui n’a pas freiné l’envolée des cours.

Vers 17H05 GMT (18H05 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, était en hausse de 9,58% à 107,36 dollars, et le WTI américain pour livraison en avril s’envolait de 11,21% à 106,45 dollars.

Au sixième jour de l’invasion russe de l’Ukraine, les secouristes sur place ont fait état d’au moins dix morts dans le bombardement mardi matin du centre-ville de Kharkiv, la deuxième ville du pays, non loin de la frontière russe.

Une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan a été convoquée en présentiel vendredi au siège de l’Alliance à Bruxelles.

« La guerre en Ukraine s’envenime et les hostilités entre l’Occident et la Russie s’intensifient », souligne Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb, entraînant un « risque élevé » de perturbations de l’approvisionnement en brut et en gaz naturel.

La Russie est le deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde et représente plus de 40% des importations annuelles de gaz naturel de l’Union européenne.

« La question des sanctions directes sur les exportations de pétrole et de gaz de la Russie est une question de temps et non de probabilité », estime Neil Wilson, analyste pour Markets.com.

« Nous allons à coup sûr » prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, avait prévenu mardi le chancelier allemand Olaf Scholz.

Isoler Moscou
Par ailleurs, « le monde des affaires construit une forteresse pour isoler la Russie de la communauté internationale », commente Susannah Streeter, analyste pour Hargreaves Lansdown. Les entreprises du monde entier répondent à la Russie « en gelant les transactions avec Moscou et en abandonnant des investissements financiers valant des milliards », poursuit-elle.

Le géant britannique des hydrocarbures Shell a annoncé lundi se séparer de ses parts dans plusieurs projets communs avec le groupe russe Gazprom en Russie, en raison de l’invasion russe en Ukraine, suivant l’exemple de son compatriote BP qui se désengage du géant russe Rosneft.

Le français TotalEnergies a quant à lui annoncé mardi qu' »il n’apportera plus de capital à de nouveaux projets en Russie ».

L’armateur français CMA CGM a annoncé la suspension des nouvelles commandes en provenance et à destination des ports russes, emboîtant le pas à ses principaux concurrents Maersk et MSC.

De quoi engendrer « une perturbation des expéditions en provenance de Russie avec des annulations de réservations de cargaisons », avec pour conséquence une augmentation des prix de l’énergie « à court terme, sans que la Russie ne ferme les robinets », ajoute Mme Streeter.

Les pays occidentaux ont également décidé d’exclure de grandes banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale, a annoncé samedi le gouvernement allemand.

Moscou tente de son côté d’enrayer les sanctions économiques et prépare un décret pour enrayer l’hémorragie d’investissements étrangers qui a commencé depuis l’annonce des sanctions contre Moscou, selon le Premier ministre Mikhaïl Michoustine.

« Les craintes que la Russie ne riposte en utilisant ses exportations d’énergie comme une arme maintiennent les prix du pétrole et du gaz à un niveau élevé », assure Mme Streeter.

« Des sanctions de représailles de la Russie contre l’Occident semblent probables », affirme également M. Schieldrop, confirmant le sentiment sur le marché.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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