Pakistan

Le Pakistan durcit sa législation sur la désinformation sur les réseaux sociaux, les médias critiques

Le Pakistan a modifié sa législation régulant la désinformation sur les réseaux sociaux, en fixant à cinq ans la peine de prison maximale encourue pour la publication de propos jugés calomnieux à l’égard de l’armée, du système judiciaire ou des pouvoirs publics.

Ces changements ont suscité la réaction indignée du monde des médias qui accuse le gouvernement de chercher ainsi à restreindre un peu plus la liberté d’expression dans le pays, déjà considéré comme l’un des plus répressifs au monde pour les journalistes.

Les amendements ont été adoptés par le gouvernement du premier ministre, Imran Khan, et rapidement promulgués ce week-end par le président Arif Alvi, a-t-on appris lundi auprès de la présidence.

Les autorités pakistanaises sont fréquemment accusées de chercher à museler les médias et de cibler les opposants politiques, notamment ceux qui se hasardent à critiquer la puissante armée, en particulier depuis l’élection en 2018 d’Imran Khan, avec le soutien des militaires selon l’opposition.

Un texte «antidémocratique»
Des centaines de comptes et de sites ont été bloqués ces dernières années. L’autocensure est également considérée comme très répandue dans les médias. La critique de l’establishment sécuritaire est depuis longtemps perçue comme une ligne rouge, mais les défenseurs des droits de la presse estiment que cette loi amendée va mettre un peu plus l’armée, ainsi que d’autres institutions publiques, à l’abri de toute accusation.

«Cela sera inévitablement utilisé pour sévir contre les contestataires et les critiques du gouvernement et des institutions étatiques», a jugé la Commission pakistanaise des droits humains, dénonçant un texte «antidémocratique».

Les amendements modifient une législation existante qui interdisait la publication de fausses informations en ligne visant à «intimider ou nuire à la réputation ou à la vie privée» d’une personne. Ils l’élargissent pour désormais inclure «toute compagnie, association (…) institution, organisation, autorité ou toute autre entité établie par le gouvernement».

Ils portent aussi de trois à cinq ans la peine maximale encourue et stipulent que ce type de délit ne peut pas faire l’objet d’une remise en liberté sous caution.

La loi amendée doit encore être présentée sous 90 jours devant le Parlement, mais le texte devrait être aisément approuvé par la coalition au pouvoir. Dimanche, le ministre de la Justice, Farogh Naseem, a affirmé que «les rumeurs selon lesquelles il s’agit d’une tentative de museler les médias sont infondées».

«Vous êtes libres de critiquer, mais la problématique c’est qu’il ne devrait pas y avoir de fake news», a-t-il dit à la presse. L’Union Fédérale des Journalistes du Pakistan (PFUJ) s’est engagée à contester devant les tribunaux des «amendements draconiens».

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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