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Le Ngalakh, un dessert qui rassemble chrétiens et musulmans pour la fête de Pâques au Sénégal

– « Nous nous réunissons avec les aînés de notre famille, nous préparons le Ngalakh ensemble et nous le distribuons à nos voisins musulmans., a expliqué Hortensia Alaofary Kanfoudy, qui prépare le Ngalakh avec sa famille

Au Sénégal, où environ 4 % de la population est chrétienne, les préparatifs avant la fête de Pâques, qui sera célébrée le 9 avril, se poursuivent sans relâche.

Les familles chrétiennes préparent un dessert spécial pour le « Vendredi saint », qui représente la fin du grand Carême que la communauté chrétienne observe pendant la période de Pâques et qui coïncide avec le vendredi précédant le dimanche de Pâques.

Le Ngalakh, la première saveur qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque Pâques au Sénégal, est préparé avec du « thiakry », un type de semoule couramment utilisé en Afrique de l’Ouest, des fruits du baobab, de la noix de muscade, du lait, du sucre et de la crème d’arachide.

Les familles chrétiennes se réunissent tôt le vendredi dans la maison d’un aîné de la famille et préparent suffisamment de Ngalakh pour presque tout le quartier.

Le Ngalakh a une consistance liquide et est servi avec de la noix de coco râpée, des tranches de banane et des raisins secs.

Les plus jeunes distribuent à tout le voisinage sans distinction la plus grande partie du dessert jusqu’au vendredi après-midi.

Aujourd’hui, le Ngalakh, une tradition de Pâques, est considéré comme l’un des symboles de l’unité et de la solidarité entre musulmans et chrétiens au Sénégal.

Le correspondant d’Anadolu était l’invité d’une famille chrétienne préparant le Ngalakh dans le quartier des Parcelles Assainies à Dakar.

« Chaque célébration religieuse renforce nos liens”
Hortensia Alaofary Kanfoudy, qui prépare le Ngalakh avec sa famille, explique que les chrétiens jeûnent également pendant 40 jours avant Pâques et que le Ngalakh symbolise la fin de ce jeûne.

« Nous nous réunissons avec les aînés de notre famille, nous préparons le Ngalakh ensemble et nous le distribuons à nos voisins musulmans. Nous sommes très heureux de pouvoir perpétuer cette tradition ancestrale », a-t-elle expliqué.

Soulignant que le Ngalakh n’est pas seulement un dessert, Kanfoudy a poursuivi:

« Le Ngalakh n’est pas seulement un dessert traditionnel mais aussi un symbole qui renforce le dialogue entre musulmans et chrétiens. Les musulmans offrent également de la viande et du couscous à leurs voisins chrétiens à l’occasion de l’Aïd al-Adha, du Ramadan et de l’Achoura. Nous leur offrons en retour des gâteaux à l’Ascension et à Noël. Ce partage à l’occasion de chaque fête religieuse renforce le dialogue et l’unité ».

« Cette solidarité est propre au Sénégal
Rokhaya Diagne, tante de Kandoudy, est musulmane. Elle a participé aux préparatifs du Ngalakh, assurant que les musulmans et les chrétiens vivent ensemble non seulement dans la société, mais aussi parfois dans une même famille.

« Chaque année, nous préparons le Ngalakh chez mon neveu. Je suis musulmane, ma sœur est chrétienne. Il n’y a pas de différence. Cette solidarité est unique au Sénégal. Pendant le Ramadan, les chrétiens nous offrent l’iftar et nous leur offrons de la nourriture pendant le Carême. Nous nous occupons les uns des autres à chaque fête religieuse. Je suis fier de ce tableau ».

Adama Manga Coly, un voisin musulman qui s’est vu offrir des Ngalakh par Kandoudy, a assuré qu’au Sénégal personne ne juge la religion de l’autre.

« Au Sénégal, tout le monde respecte la religion des autres, personne n’est dans une compétition de ‘ma croyance est supérieure à la tienne’. C’est un pays laïc. Nous vivons ici en paix avec les chrétiens ainsi qu’avec de nombreuses sectes », a-t-il expliqué.

Au Sénégal, où 96 % de la population est musulmane, plus de 60 % sont affiliés à des confréries, dont les plus importants sont le mouridisme, le tijanisme et le qadirisme, et suivent strictement les enseignements soufis.

Grâce à ces enseignements, le Sénégal est cité en exemple comme pays où musulmans et chrétiens vivent ensemble en paix.

Contrairement à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, il n’y a pas d’éléments extrémistes au Sénégal, et la population chrétienne, qui est minoritaire, respecte ces enseignements soufis et leurs dirigeants.

Dans ce pays, on trouve également des frères et sœurs ou des parents de différentes religions au sein d’une même famille.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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