La devise nippone était tombée début juillet à un nouveau plus bas face au dollar depuis 38 ans, avant de remonter brusquement quelques jours plus tard, faisant soupçonner aux observateurs la main de l’exécutif nippon.
Le Japon est intervenu sur le marché des changes à hauteur d’environ 37 milliards de dollars au taux actuel depuis fin juin pour soutenir sa monnaie, a annoncé mercredi 31 juillet le ministère des Finances nippon, confirmant les spéculations du marché en ce sens.
La (ou les) intervention(s) nippone(s) au cours du mois passé – les autorités japonaises n’ont pas pour l’heure précisé leur nombre – a représenté au total 5.534,8 milliards de yens entre le 27 juin et le 29 juillet, a indiqué le ministère, qui annonce chaque mois ces statistiques.
Le Japon avait précédemment annoncé avoir puisé 9.788,5 milliards de yens (65 milliards de dollars au taux actuel) dans ses réserves en avril et mai afin de freiner la dégringolade de sa devise . Il s’agissait d’une première en un an et demi.
La monnaie nippone est très fragilisée depuis deux ans par la politique monétaire accommodante de la Banque du Japon (BoJ), mais avait amorcé un rebond depuis quelques semaines dans l’anticipation de la hausse de taux de la BoJ à 0,25%, annoncée mercredi. Le yen est remonté jusqu’à 150,07 yens pour un dollar mercredi, quelques heures après l’annonce de la décision.
Quelques avantages, et beaucoup d’effets néfastes
La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait dans le même temps amorcer une baisse de ses taux en septembre, réduisant l’écart de politiques monétaires avec le Japon et la pression sur le yen.
Mais une appréciation soutenue de la devise japonaise sous les 150 yens pour un dollar reste « peu probable, à moins d’une augmentation significative des risques de récession économique aux États-Unis ou d’un virage radicalement accommodant de la part de la Fed », a commenté Charu Chanana, stratégiste devises chez Saxo Capital Markets.
La faiblesse du yen a ses avantages, en gonflant artificiellement les bénéfices à l’étranger des entreprises japonaises, mais aussi de sérieux inconvénients: elle renchérit les importations et plombe le pouvoir d’achat des ménages, et donc la consommation intérieure, pesant sur la croissance nippone.
Les responsables nippons répètent régulièrement que les mouvements brusques sur le marché des changes ne sont pas souhaitables, qu’ils surveillent attentivement le niveau du yen et n’excluent pas d’intervenir pour le soutenir.
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