Au Honduras, la première plantation de coca a été découverte en 2017. Ce n’était qu’un début: cinq ans après, les découvertes de cultures et de laboratoires clandestins dans la jungle montagneuse du pays se multiplient, à tel point qu’il est en passe d’en devenir l’un des principaux producteurs.
Depuis des décennies, les régions reculées du Honduras comme le département de Gracias a Dios, habité par les autochtones misquitos, servent de zone de transit vers le nord pour les avions et bateaux chargés de cocaïne.
En 2017, la tendance a commencé à évoluer avec les premières découvertes de champs de coca dans le pays: « 10.000 plants, qui ont été coupés et brûlés », explique à l’AFP le porte-parole de l’armée du Honduras, José Coello. Cette année, en huit mois, plus de 2,6 millions de plants ont déjà été détruits.
De point de passage « à consommateur, puis producteur, cela va causer beaucoup de problèmes au Honduras », avertit Mike Vigil, un ancien agent de la DEA, l’agence américaine anti-drogue.
« C’est très alarmant », renchérit le directeur de la police du pays Gustavo Sanchez. « Mais ce n’est pas encore significatif. Heureusement, (la production de coca) est très réduite », relativise-t-il.
Pour lui, la responsabilité de cette évolution pèse sur le gouvernement de l’ancien président Juan Orlando Hernandez (2014-2022), extradé vers les Etats-Unis où il est accusé d’avoir contribué à l’exportation vers le marché nord-américain de 500 tonnes de cocaïne entre 2004 et 2022.
Le frère de l’ancien chef de l’Etat, l’ex-député Juan Antonio « Tony » Hernandez purge déjà une peine de détention à perpétuité pour trafic de drogue dans une prison américaine.
« Narco-Etat »
Le Honduras, patrie d’un « narco-président, de narco-députés, narco-maires, narco-hommes d’affaires », en prison aux Etats-Unis, égrène le général à la retraite Luis Maldonado.
La justice américaine a même qualifié le Honduras de « narco-Etat ».
« Les gens qui cultivent ces plantes illégales sont des paysans, des gens pauvres, ce ne sont pas de grands mafiosos. Ceux-là leur achètent la cocaïne-base pour la raffiner ensuite », souligne Mike Vigil.
Pour les 70% des 9,6 millions d’habitants qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, la tentation est grande, d’autant que les gangs leur mettent souvent le couteau sous la gorge: le pays enregistre 37 meurtres pour 100.000 habitants, soit quatre fois plus que la moyenne mondiale.
Pour le général Maldonado, il est probable que les cartels de la drogue incitent les paysans à cultiver de la coca au Honduras afin de « disposer d’une plateforme de distribution plus proche des marchés de consommation, les Etats-Unis, et peut-être l’Europe ».
Les forces de sécurité du pays « font tout ce qu’elles peuvent », sous l’impulsion du nouveau gouvernement de la présidente Xiomara Castro (gauche), assure le porte-parole de l’armée José Coello.
Au cours des huit premiers mois de l’année, « un total de 4.681 kg de cocaïne ont été saisis, ainsi que 222.317 livres (environ 111 tonnes) de marijuana (tandis que) 22 laboratoires ont été démantelés et 13 pistes clandestines d’atterrissage ont été détruites », fait-il valoir.
Dans le même temps, « 302.600 plants de marijuana ont été coupés et brûlés (…) (et) 2.647.015 plants de coca détruits », ajoute-t-il.
Les cartels de la drogue choisissent pour les plantations les régions les plus reculées, accessibles uniquement en hélicoptère ou via des barques, par voie fluviale, relève encore José Coello.
Pour l’ancien agent de la DEA Mike Vigil, avant de détruire les champs de coca, il faut proposer aux paysans des ressources alternatives, sous peine de les enfoncer encore plus dans la misère.
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