Deux ennemis de la France au Mali, l’un face à l’autre. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance djihadiste au Sahel et liée à Al-Qaïda, annonce ce lundi détenir un Russe membre de la milice Wagner.
L’armée privée, financée par l’oligarque russe Evgueni Prigojine et acquise à la cause de Vladimir Poutine, est notamment soupçonnée d’avoir participé au massacre de Boutcha, en Ukraine, fin mars ou début avril.
Le GSIM a fait circuler un communiqué au cours de la nuit de dimanche à lundi. « Durant la première semaine d’avril, (nous avons) capturé un soldat des forces russes Wagner dans la région de Ségou », dans le centre du Mali, indique le texte en arabe. C’est la première fois que le GSIM annonce la capture d’un Russe engagé sur le front de la lutte antidjihadiste dans le pays.
« Des centaines de civils innocents » tués
Selon lui, les « forces meurtrières » de Wagner « ont participé avec l’armée malienne à une opération de parachutage sur un marché dans le village de Moura, où ils ont affronté plusieurs moudjahidines avant d’encercler cette localité pendant cinq jours et tuer des centaines de civils innocents ».
Selon le même communiqué, « les moudjahidines ont par ailleurs fait face à deux opérations de parachutage menées par les mercenaires au-dessus des falaises de Bandiagara, à 70 km de Sévaré (au centre du Mali). Les moudjahidines ont réussi à confisquer des armes des mercenaires qui ont pris la fuite ».
Le Mali est plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire profonde que le déploiement de forces étrangères n’a pas permis de régler. Dirigé par des militaires depuis août 2020, le pays a fait appel massivement à ce qu’il présente comme des « instructeurs » venus de Russie alors que les Occidentaux – Paris et Washington notamment – dénoncent la présence dans le pays de « mercenaires » du groupe privé russe Wagner. Les colonels maliens au pouvoir, eux, démentent.
Moura a été le théâtre fin mars d’une opération controversée de l’armée malienne. Selon les autorités de Bamako, les soldats maliens y ont « neutralisé » 203 djihadistes, mais l’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse des membres des Forces armées maliennes (FAMa) d’y avoir exécuté sommairement 300 civils, avec l’aide de combattants étrangers.
La mission de l’ONU au Mali (Minusma) demande depuis lors aux autorités maliennes de l’autoriser à se rendre sur place pour enquêter afin de faire la lumière sur ces événements. Sa requête est, jusque-là, restée lettre morte.
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