Des scientifiques s’inquiètent des signes avant-coureurs qu’ils ont identifiés et préviennent qu’un effondrement du courant aurait des conséquences dévastatrices sur le monde entier.
Le Gulf Stream est l’un des principaux points de basculement potentiels de la planète. Ce courant océanique qui prend sa source près de la Floride et se dilue dans l’océan Atlantique est un véritable régulateur climatique et s’il devait s’effondrer, cela aurait des impacts mondiaux dévastateurs. Or, annonce «The Guardian» ce jeudi en s’appuyant sur une recherche scientifique récente, des signes avant-coureurs de son effondrement auraient été détectés.
Au point le plus lent depuis 1600 ans
Cela fait plusieurs décennies que les scientifiques examinent l’AMOC (le système de courants océaniques qui comprend le Gulf Stream) et ils avaient déjà pu en déduire que les courants étaient à leur point le plus lent depuis au moins 1600 ans.
L’AMOC transporte l’eau chaude vers le nord, en direction du pôle. Là, elle se refroidit, devient plus dense et s’enfonce, avant de revenir vers le sud. Mais le réchauffement climatique entrave le refroidissement de l’eau, tandis que la fonte des glaces dans l’Arctique, notamment au Groenland, inonde la région d’eau douce moins dense, ce qui affaiblit le courant AMOC.
Cependant, d’après les nouvelles analyses, le Gulf Stream pourrait tout simplement s’arrêter. Les chercheurs ont en effet constaté «une perte presque totale de stabilité au cours du siècle dernier».
Des conséquences catastrophiques dans le monde entier
Si le Gulf Stream devait en effet s’interrompre, il y aurait de lourdes conséquences. Cela perturberait gravement les pluies dont dépendent des milliards de personnes pour se nourrir en Inde, en Amérique du Sud et en Afrique de l’Ouest. Cela augmenterait le nombre de tempêtes et ferait baisser les températures en Europe. Le niveau de la mer au large de l’est de l’Amérique du Nord monterait. Et enfin, cela mettrait également en danger la forêt amazonienne et les calottes glaciaires de l’Antarctique.
«On ne peut tout simplement pas laisser cela se produire»
Il est impossible de prévoir la date d’un tel évènement avec les données actuelles et en raison de la complexité de la circulation océanique. Cela pourrait se produire dans 10 ans ou dans plusieurs siècles. Mais quoi qu’il en soit, étant donné l’impact que cela aurait, «c’est quelque chose que l’on ne peut tout simplement pas laisser se produire», a déclaré Niklas Boers, de l’Institut de recherche sur l’impact du climat de Potsdam (All), et qui a mené les recherches. Ce dernier a ajouté: «Les signes de déstabilisation déjà visibles sont quelque chose à quoi je ne me serais pas attendu et que je trouve effrayant».
Just out: our new paper affirming the unprecedented slowdown of the Gulf Stream System (aka Atlantic meridional overturning circulation, 𝗔𝗠𝗢𝗖) in Nature Geoscience! @NatureGeosci A thread. 1/11 pic.twitter.com/2GovKz5evk
— Stefan Rahmstorf 🌏 (@rahmstorf) February 25, 2021
Selon le scientifique, «La seule chose à faire est donc de maintenir les émissions au niveau le plus bas possible. La probabilité que cet événement aux conséquences extrêmement graves se produise augmente avec chaque gramme de CO₂ que nous rejetons dans l’atmosphère». Luke Caesar, de l’Université Maynooth en Irlande, n’a pas participé à la recherche mais, interrogé par «The Guardian», il a déclaré: «La méthode de l’étude ne peut pas nous donner un timing exact d’un éventuel effondrement, mais l’analyse présente des preuves que l’AMOC a déjà perdu sa stabilité, ce que je considère comme un avertissement que nous pourrions être plus proches d’un basculement de l’AMOC que nous le pensons.»
De nombreuses recherches alertent sur l’état de notre climat
Des recherches récentes , auxquelles avait pris par Niklas Boers, avaient déjà prévenu qu’une partie importante de la calotte glaciaire du Groenland était en train de fondre, ce qui pourrait entraîner une forte hausse du niveau des mers. D’autres études ont récemment démontré que la forêt amazonienne émet désormais plus de CO₂ qu’elle n’en absorbe. Et enfin, une recherche a mis en lumière les rejets inquiétants de méthane en Sibérie durant la canicule de 2020.
Mat
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