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Le confinement général prolongé jusqu’au 8 février

Les autorités libanaises ont décidé jeudi de renouveler le bouclage total du pays jusqu’au 8 février en raison de la hausse alarmante de la propagation du coronavirus dans le pays, et demandé aux forces de sécurité de se montrer très fermes dans l’application de cette décision.

Dans un communiqué publié au moment où était réuni à Baabda le Conseil supérieur de défense, le Conseil des ministres précise que le président de la République et le Premier ministre ont approuvé exceptionnellement la prolongation du bouclage jusqu’au 8 février à 5h du matin. Les exceptions seront reconsidérées et certains cas urgents seront exemptés sur la base d’une décision du Premier ministre après consultation des ministres concernés. Le communiqué indique avoir pris cette décision sur la base de la recommandation du comité ministériel sur le coronavirus qui s’était réuni un peu plus tôt dans la matinée.

« Application plus stricte »
« La décision de bouclage total a été respectée dans une grande proportion, en dépit de quelques violations auxquelles il faut remédier », a déclaré le président libanais Michel Aoun au début de la réunion du Conseil de défense. Il a cependant souligné que « le nombre de contaminations augmente, tout comme le nombre de décès dus à ce virus dangereux, ce qui nous oblige à maintenir ces mesures et à veiller plus strictement à leur application ». Le chef de l’Etat a rendu hommage au personnel soignant et salué les médecins et infirmiers morts en accomplissant leur mission.

Le Premier ministre sortant Hassane Diab a de son côté affirmé que « les mesures prises par le gouvernement ont fait du Liban le deuxième pays dans le monde à appliquer des dispositions aussi strictes pour lutter contre le virus ». Il a ensuite précisé que les demandes d’autorisation de sorties devraient continuer à être présentées via la plateforme électronique et qu’elles seraient étudiées de façon « attentive et responsable ». Le ministère de l’Intérieur avait en effet dévoilé une plateforme réalisée en 24h la veille du bouclage total décrété le 14 janvier, afin que les citoyens souhaitant sortir demandent au préalable une autorisation en précisant le motif et la durée de leur déplacement.

Le communiqué précise que les secteurs qui souhaiteraient être exemptés du bouclage total devront présenter une demande sur la plateforme https://covid.pcm.gov.lb/impactmobile/curfew ou en envoyant un SMS au numéro suivant : 1120. La décision sera prise par le Premier ministre après avoir recueilli l’avis des ministres concernés.

Pour sa part, le général Mahmoud Asmar, secrétaire général du Conseil supérieur de la défense, a annoncé à l’issue de la réunion que « le président de la République a également passé en revue les mesures mises en place pour augmenter le nombre de lits réservés aux malades du Covid-19 dans les hôpitaux et indiqué que les autorités cherchaient à les répartir dans les zones à forte densité de population et où le nombre de contaminations est élevé ». Et M. Asmar d’ajouter que : « Le Premier ministre sortant Hassane Diab a de son côté informé les membres du Conseil supérieur de défense de la décision de prolonger la décision de bouclage total et demandé aux forces de l’ordre de veiller à la stricte application de cette décision ».

Mercredi soir, la commission nationale chargée de la lutte contre le coronavirus avait recommandé une prolongation de deux semaines du bouclage strict du pays, censé se terminer le 25 janvier mais qui n’a toujours pas permis de baisser le nombre de contaminations et décès quotidiens, alors que le secteur hospitalier est saturé.

Afin d’enrayer une propagation de la pandémie devenue incontrôlable après les fêtes de fin d’année, les autorités avaient déjà annoncé un bouclage strict du Liban du 14 au 25 janvier. Durant cette dizaine de jours, un couvre-feu est instauré 24h/24 et l’état d’urgence sanitaire décrété. Il faut désormais remplir un formulaire en ligne ou par SMS pour obtenir une attestation de déplacement pour des motifs précis.

Seuls le personnel de santé, les journalistes, les militaires, les employés du secteur alimentaire et d’autres travailleurs jugés essentiels sont exemptés. Des mesures renforcées ont également été mises en place pour tous les passagers arrivant à l’aéroport de Beyrouth, notamment l’obligation de s’isoler pendant 72h dans un hôtel, dans l’attente des résultats des tests PCR effectués à l’arrivée, avec certaines exemptions.

« Effondrement du système de santé »
Du côté des scientifiques, les appels à une prolongation et un durcissement du confinement étaient unanimes. « Le bouclage est la clé, il est nécessaire de la prolonger », a estimé le président de l’Ordre des médecins, Charaf Abou Charaf à la LBCI. « Nous demandons aux forces de sécurité d’être plus strictes et quiconque met en danger la santé des citoyens devrait être jugé et mis en prison », a-t-il ajouté.

Même son de cloche chez le directeur de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth Firas Abiad : « La semaine dernière, le Liban a enregistré son bilan le plus sombre en terme de décès depuis le début de la pandémie. Une levée ou un assouplissement du bouclage dans le contexte actuel aura sûrement pour conséquence un effondrement du système de santé et fera davantage de morts », a-t-il mis en garde sur Twitter. « C’est inacceptable et inconscient, la propagation doit être contenue ».

Les autorités œuvrent à augmenter le nombre de lits disponibles pour les patients atteints du Covid-19, au moment où le secteur hospitalier est sous pression. En soins intensifs, le taux d’occupation est désormais de 91% à travers le pays et de 97.89% à Beyrouth, selon les derniers chiffres publiés mercredi par le bureau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Liban.

« Vacciner 80% des résidents au Liban »
Quant aux vaccins, le président de la commission parlementaire de la Santé, Assem Araji, a annoncé qu’avec l’arrivée prochaine des vaccins contre le Covid-19, le ministère de la Santé allait bientôt mettre en place une plateforme pour que les personnes souhaitant se faire vacciner s’y inscrivent. « Chaque société voulant faire vacciner ses employés devra passer par la plateforme mise en place », a-t-il précisé à la chaîne locale LBCI. L’inscription se fera soit par téléphone soit en appelant un centre Covid-19.

Le député a encouragé « tous les Libanais à se faire vacciner car en l’absence d’immunité de groupe, nous ne parviendrons pas à maîtriser la pandémie », rappelant que l’objectif est de vacciner 80% des résidents au Liban. « Nous sommes les premiers au monde à avoir voté une loi d’urgence comprenant l’ensemble des vaccins », s’est félicité Assem Araji.

De son côté, la Banque du Liban a annoncé qu’elle avait effectué « tous les transferts » liés au paiement des vaccins et aux subventions des hôpitaux. Dix-huit millions de dollars ont notamment été « immédiatement » versés à la plateforme Covax pour l’achat de vaccins, après une demande en ce sens du ministère des Finances, tandis que d’autres sommes ont été virées sur les comptes des hôpitaux publics et privés accueillant des patients contaminés par le coronavirus, à la demande du ministère de la Santé.

Tôt dans la matinée, la Banque mondiale avait pour sa part annoncé qu’elle allait financer la distribution de vaccins au Liban d’ici février, première opération du genre financée par l’institution internationale. Le financement de 34 millions de dollars fournira des vaccins à plus de 2 millions de personnes.

Le pays, qui compte six millions d’habitants, a recensé officiellement 264.467 cas, dont 2.084 décès, depuis le début de l’épidémie.

Avec LOrientleJour

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