Des usagers qui bloquent la circulation du Bus Rapid Transit (BRT). Des piétons non respectueux des feux de signalisation qui ralentissent la course des bus, notamment aux heures de pointe.
Les carrefours très saturés des automobilistes qui ignorent ou refusent la priorité aux bus qui roulent sur des voies exclusivement dédiées. Les emprises illégalement occupées.
A peine quelques mois après sa mise en service officielle pour exploitation commerciale, le mercredi 15 mai 2024, le BRT, subit l’incivisme des Sénégalais, usagers de la route. Pourtant, l’État avait promis de prendre toutes les dispositions nécessaires pour sécuriser et empêcher l’occupation illégale de son tracé.
Moyen de transport de masse, le Bus Rapid Transit (BRT), commence à être adopté par les Dakarois. La forte affluence dans les gares, notamment aux heures de pointe, l’atteste. Cependant, le constat qui se dégage, quelques mois après sa mise en service officielle pour exploitation commerciale, le mercredi 15 mai 2024, est que la sécurité promise par les autorités avant sa mise en circulation n’y est pas. Dans les gares, des agents veillent au respect des règles. Une situation qui contraste avec les comportements notés sur le corridor et l’emprise du projet.
Lors d’une réunion présidée par l’ancien gouverneur de la région de Dakar, Al Hassan Sall, le 14 mai 2024, la veille du démarrage de ses activités, de fortes mesures avaient été annoncées pour que les règles définies soient scrupuleusement respectées.
En effet, le BRT devait être sécurisé en permanence par la présence constante de la compagnie de la Police de la circulation aux principaux carrefours du parcours. L’accent devait être mis sur la signalisation pour éviter toute confusion et assurer la sécurité des usagers.
Le préfet de Dakar définit le plan de mobilité en zone d’influence du corridor du BRT
Des mois plus tard, toujours dans un souci de renforcer le confort et la sécurité, un nouveau plan de circulation a été dévoilé. C’est ainsi que, par sur arrêté du préfet de Dakar, qui devait prendre effet à compter du lundi 29 juillet 2024, la mobilité dans la zone d’influence du corridor du BRT est régie par un plan défini, afin d’améliorer la sécurité et le déplacement sur le tracé du projet de transport de masse.
«Un nouveau plan de circulation entre en vigueur à compter du lundi 29 juillet 2024, dans la zone d’influence du corridor, afin d’améliorer la circulation dans la zone d’influence du projet», informait un communiqué rendu public, le samedi 27 juillet 2024, par le préfet du département de Dakar. Ce plan, téléchargeable sur le site du Conseil Exécutif du Transport Urbain Durable (CETUD), www.cetud.sn, devait être de rigueur et s’imposer à tous.
Dès lors, renseigne le document, «les sens de circulation suivants sont modifiés et les rues suivantes deviennent à sens unique : Rue Escarfait ; Rue Diaral Mamadou Assane PAYE (place 65) ; Avenue Petersen ; Rue du Liban ; Rue Félix Eboué ; Rue Place 127 ; Avenue Pr Macky Sall ex Faidherbe (entre Petersen et Poste Médina) ; Rue Abdou Cogna Diop CO-39 ; Limamoulaye (ME-37) ; Rue FA-22 entre le canal IV et la rue FA-07 ; Rue Kaolack (PE-23); l’Avenue Birago Diop (PE-27) ; Rue SC-01 ; Rue SC-105 ; Rue GY-332».
Le but de ce réaménagement étant de «garantir la sécurité des piétons et des usagers de la route», en plus du stationnement interdit, en dehors des lieux indiqués, sur les voies de circulation, sur les trottoirs et sur la piste cyclable, la circulation n’est pas permise pour : «les véhicules ou ensemble de véhicules de plus de 3,5 tonnes de poids total autorisé en charge affectés aux transports routiers de marchandises de 06H00 à 21H00, sur tout le corridor et la zone d’influence du BRT ; les modes à traction animale (charrettes) ou humaine (pousse-pousse) sur tout le corridor et la zone d’influence du BRT», lit-on dans la décision de l’autorité administrative qui appelait ainsi les populations et les usagers de la route à «respecter la signalisation lumineuse, les panneaux d’indications et les marquages au sol».
Un plan de circulation et des mesures mis à rude épreuve
Cependant, à bord de BRT, les usagers constatent un mauvais non-respect de ces mesures. Les conducteurs sont obligés d’être d’une grande vigilance, de ralentir ou parfois même d’arrêter de ralentir leurs véhicules à cause des usagers qui traversent de manière hasardeuse la ligne du bus. Les charrettes ou les pousse-pousse longent ou traversent les voies en toute impunité.
Pis, la signalisation n’est pas respectée ni par les piétons qui traversent les routes et rues en dehors des passages dédiés, ni par les motocyclistes et autres deux-roues qui font fi du Code de la route. Ils traversent les voies dédiées du BRT quelques fois à trois sur une moto, sans casque de sécurité, se disputant avec les chauffeurs des bus, sous l’œil des policiers préposés à la circulation, qui semblent impuissants.
Aux heures de pointe, les carrefours sont pris d’assaut par des automobilistes dans un enchevêtrement de voitures particulières, de taxi, de moto, de camions de marchandises ou de bennes à ordures, qui disputent la voie aux bus. Avec des embouteillages fréquents notés au niveau de certaines intersections, comme sur les deux voies de Sacré-Cœur, sur l’avenue Bouguiba et à hauteur du lycée Blaise Diagne, sur l’avenue Malick Sy où des policiers sont pourtant pré-positionnés.
Rappelons que lors de cette réunion préparatoire, Al Hassane Sall, avait insisté sur le fait que le corridor du BRT devrait être exclusivement réservé au bus et qu’aucun autre véhicule ou piéton ne devrait y circuler. Des véhicules hippomobiles s’offrent pourtant le luxe d’entraver la circulation. Un autre cas d’inconduite notoire : sur le corridor du BRT : des jeunes en ont eu lors du combat opposant Modou Lô, à Siteu. Ils ont complètement occupé la voie, empêchant délibérément la circulation des bus.
Le projet du BRT est accompagné d’aménagements paysagers, dont des pistes cyclables.. Sur certains axes, comme sur les Allées du Centenaire, ces installations sont occupées par des commerçants dont les marchandises livrées, ne peuvent être stockées dans les magasins. Les trottoirs rétrécis pour cause de BRT, deviennent des marchés à la fois sauvages et improvisés, offrant toutes sortes de produits : vêtements, accessoires, gadgets, et créent une tension palpable entre les différents usagers de l’espace public. Cette occupation illégale divise. « C’est devenu invivable », disent les riverains. « Il est impossible de circuler à pied librement sur les trottoirs », disent les piétons. Ce à quoi les commerçants répondent : « Nous, on travaille. On ne vole pas. » Faut t-il réprimer, encadrer ou accompagner ? Une réponse passe par une régulation, un mélange des approches alliant sensibilisation et fermeté.
Fatou NDIAYE
Laisser un commentaire