Economie

Le boycott du Mali, un désastre économique pour le Sénégal

L’ordre donné par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique occidentale) aux pays concernés de fermer toutes les frontières terrestres avec le Mali, place le Sénégal dans une situation suicidaire sur le plan économique, selon l’économiste Pape Abdoulaye Seck.

Pour cause, indique-t- il, le Mali est le premier partenaire commercial du Sénégal avec un volume d’échanges de l’ordre de 400 milliards de francs plus précisément 474 milliards en 2020. Ce qui représente deux à trois fois plus que les échanges commerciaux avec toute l’UE.

Sans compter le secteur du transport formel qui fait un chiffre d’affaires annuel de 250 milliards de francs CFA et mobilise 245 emplois directs et plus de 675 emplois indirects. Le spécialiste des questions économiques pense qu’en participant au boycott du Mali, le Sénégal signe son arrêt de mort économique en s’amputant des doigts.

Pas besoin de se triturer les méninges pour saisir l’importance du trafic malien assuré par les gros-porteurs. Des centaines de camions qui sillonnent le Sénégal chaque jour avec des cargaisons de toutes natures. « Ces camions Maliens » sont tellement nombreux sur le corridor Dakar-Bamako qu’ils occasionnent des accidents mortels sur les grandes et même petites artères du pays.

Bref, ces gros porteurs, qui poussent comme des champignons, ont souvent du mal à se garer car n’ayant pas d’aires de stationnements pouvant les contenir tous. Dakar, Kaolack, Diourbel, Mbour, Tambacounda pour ne citer que ces régions croulent sous le poids de ces cargaisons qui permettent tout de même à nos économies de respirer. Les échanges commerciaux terrestres entre le Sénégal et le Mali sont si importants que beaucoup d’économistes ont condamné les sanctions infligées par la CEDEAO aux militaires au pouvoir au Mali.

Pour mesurer cette décision « suicidaire » qui porte un coup d’arrêt provisoire aux échanges entre le Sénégal et le Mali, il suffit de jeter un coup d’œil sur les statistiques officielles produites par le Sénégal. En effet, selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ands), les exportations de notre pays vers la CEDEAO constituent plus de 81 % des expéditions totales vers le continent africain.

Et c’est le Mali qui se positionne en tête du classement avec 205 milliards de nos francs par an, suivi de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de la Gambie… Donc, rompre avec le Mali, revient à faire perdre à l’économie nationale plus de 200 milliards de francs.

C’est d’ailleurs ce que précise l’économiste Pape Abdoulaye Seck qui soutient que « sur le plan économique, il faut rappeler que le Mali est le premier partenaire commercial du Sénégal avec un volume d’échanges de l’ordre de 400 milliards de francs CFA, précisément 474 milliards en 2020.

Ce qui représente deux à trois fois plus que les activités commerciales avec toute l’UE ». Ce n’est pas tout puisque le spécialiste des questions économiques explique que, rien que le secteur du transport formel fait un chiffre d’affaires annuel de 250 milliards de francs CFA et mobilise 245 emplois directs et plus de 675 emplois indirects.

Autant de choses qui font que notre interlocuteur est outré par cette décision de la CEDEAO qui aura des répercussions économiques très lourdes sur le Sénégal.

Poursuivant son analyse, l’économiste Pape Abdoulaye Seck soutient que « les activités autour des gares ferroviaires, des sites appelés «garage malien», du Port de Dakar à Kidira en passant par Kaolack, Mbour, Sandiara, Tambacounda etc., qui mobilisent des milliers de sénégalais, seront durement affectées ».

En vérité, selon lui, « le Sénégal a accepté de s’amputer des doigts en participant au boycott du Mali ». Mieux, estime-t-il, les sanctions adoptées par la CEDEAO à l’encontre du Mali sont assez disproportionnées par rapport aux actes visés et à d’autres cas notés ailleurs dans la zone. Irrémédiablement, donc, le Mali sera asphyxié financièrement et économiquement.

Mais d’autres pays voisins comme le Sénégal y laisseront des plumes sur le plan économique et sécuritaire. De toute façon, même le dernier rapport de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), publié en décembre 2019, concernant l’année 2018, atteste que les échanges commerciaux entre le Sénégal et le Mali constituent les plus significatifs par rapport aux autres pays. Donc, les suspendre reviendrait pour notre pays à se pendre…

Alioune Badara Diallo

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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