Pour nombre de juristes, la loi se révèle plus draconienne que prévu et pas uniquement pour les hongkongais.
Le barreau de Hong Kong s’est dit «profondément préoccupé» par la loi sur la sécurité imposée par Pékin, avertissant que sa formulation très vague sapait l’indépendance de la justice dans l’ex-colonie britannique.
«Le barreau de Hong Kong est profondément préoccupé par le contenu de la LSN (Loi sur la sécurité nationale) et la façon dont elle a été mise en œuvre», indique l’organisation dans un communiqué diffusé mercredi 1er juillet.
Pékin a promulgué la veille un texte très controversé, que ses détracteurs présentent comme le dernier clou sur le cercueil de la semi-autonomie hongkongaise. La ville jouit sur le papier, depuis sa rétrocession en 1997 par Londres, de libertés inconnues dans le reste de la Chine, comme une justice indépendante et la liberté de la presse et d’opinion.
Cette loi réprimant la sécession, la subversion, le terrorisme et la collusion avec des forces extérieures, considérée comme une réponse aux manifestations monstres de 2019 contre l’influence de Pékin, a été adoptée moins de six semaines après son annonce.
A #Hongkong, malgré les 1ères arrestations bcp de milieux financiers ne commentent pas la nouvelle loi de sécurité nationale, mise en place sous pression de Pékin. Malgré les risques de surenchères de sanctions, beaucoup espèrent plus de stabilité.@DamienCoquet @FRANCE24 #F24 pic.twitter.com/6NIZDHjk41
— Christophe Dansette (@Cdansette) July 2, 2020
Gardé secret jusqu’au bout, son contenu n’a été connu que mardi soir. Et pour nombre de juristes, la loi se révèle plus draconienne que prévu et pas uniquement pour les habitants de la ville.
«Les policiers et les habitants de Hong Kong avec le contenu de la loi»
Le barreau de Hong Kong a publié une analyse légale de cinq pages signalant une dizaine de points problématiques dans la loi sur la sécurité. Il dénonce notamment le secret entretenu par la Chine sur le contenu du texte, alors que Hong Kong dispose d’un Parlement qui a toujours débattu ouvertement les textes de loi.
«En plus de l’absence totale de consultations dignes de ce nom, les avocats, les juges, les policiers et les habitants de Hong Kong n’ont pas eu le temps de se familiariser avec le contenu de la nouvelle loi, et notamment les crimes graves qu’elle crée, avant son entrée en vigueur», peut-on lire dans cette analyse.
Moins de 24 heures après l’entrée en vigueur du texte, la police hongkongaise a procédé mercredi aux premières arrestations en vertu de ce texte qui rend la justice chinoise compétente pour certains crimes.
Des milliers de manifestants ont joué au chat et à la souris avec la police à l’occasion du 23e anniversaire de la rétrocession de #HongKong 🇭🇰 Quelque 370 personnes ont été arrêtées – 10 pour avoir prétendument violé la nouvelle loi sur la sécurité
pic.twitter.com/gb6tPtftQR— AsieNews (@AsiaNews_FR) July 2, 2020
Parmi les 370 personnes arrêtées mercredi, dix l’ont été pour violation présumée de la loi sur la sécurité nationale, tandis que des milliers de Hongkongais se rassemblaient à l’occasion du 23e anniversaire de la rétrocession. Ce rassemblement avait été interdit par les autorités, pour la première fois en 17 ans.
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